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Des squiggles
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Squiggle groupal
Monstres et compagnie
(Suite de l'article)
Les associations collectives
C'est bizarre ce truc. C'est un extra-terrestre, pas une fourmi du tout !
Moi je voyais un insecte plutôt, mais de la terre. Je ne sais pas trop le nom.
Il a des gros yeux globuleux.
On dirait qu'il a pris des électrochocs. Là, les trucs bleus au-dessus.
Entre les 2 antennes? Les zig zag?
Les dents, ça fait peur. Ça peut dévorer ce truc. C'est une bouche de femme.
Ben dis donc, bonjour la femme !
Angoisse et dévoration
Dans la zone centrale du dessin et dans la catégorie des monstres, une autre drôle de bestiole s'invite dans l’un des dessins collectifs. Le titre est
« La fourmi extra-terrestre »
et elle a un furieux air de fourmi cannibale. L'unanimité se fait autour de son étrangeté. Les vécus négatifs d’eux-mêmes cacheraient-t’ils d’autres vécus bien plus archaïques que le sentiment de valeur du narcissisme secondaire ?
Je demande à E. si c'est lui qui a dessiné la bouche en achevant le dessin et en lui mettant un titre, ou si cela est issu du temps de création de groupe. Cet élément vient de lui. Il dit avoir voulu mettre une bouche à un visage qu'il voyait dans le dessin. La bouche est énorme et dépasse largement du petit visage triangulaire et pointu. Elle est garnie de minuscules dents et ne présente pas de lèvres, juste un simple trait. Cette projection semble donc plutôt personnelle. Toutefois, la présence de ces bouches dentées, ouvertes et de ces projections de
peur d'être mangé et dévoré
, est fréquente dans les dessins collectifs. Cette thématique revient en boucle, attribuée souvent à des animaux, à des insectes. Lorsque j’écris ce texte, le matin même, une araignée est apparue, bouche noire et béante, avec toute une série de dents débordant même sur le corps.
Le premier mode de communication d'un bébé lors de la phase orale est basé sur la bouche et la succion du sein. On y croise le couple d'opposés avaler et être avalé, dévorer et être dévoré. Les thématiques mises en lumière par le groupe semblent faire écho à des fantasmes de dévoration, des idées de cannibalisme, liées à une figure féminine. R. Kaës a mis en évidence que parmi les
« fantasmes communs… il s’agit des fantasmes archaïques inconscients »
et il relève ainsi
« les fantasmes d’incorporation, de dévoration, du corps morcelé ou unifié »
. Mais c'est encore du côté de M. Klein (citée par M. Monjauze, 2011) et de
la position schizo-paranoïde
, qui met en jeu plus particulièrement la dimension de la projection, que nous apprenons que les pulsions destructrices projetées se retournent ensuite en une angoisse paranoïde de persécution. La projection personnelle et groupale de l'angoisse de dévoration, vient donc, peut-être, comme un mécanisme de défense qui va permettre au groupe de se confronter à cette angoisse archaïque, de la tolérer, voire de la transformer en représentations.
Danger et réparation
Les psychosociologues indiquent que
la naissance d'un groupe
se fait
« dans un mouvement de tension entre un danger commun et un objectif commun »
. En ce qui concerne les patients, il est probable que l'objectif commun du sevrage et la lutte contre l'ennemi alcool va permettre la constitution d'un groupe homogène. Ils ont un intérêt commun, puissant, un combat à mener contre un ennemi et le mener en groupe permet de se sentir plus fort. L'
« union fait la force »
est une phrase qui revient fréquemment, ainsi que des images de lutte projetées dans les dessins et les histoires personnelles ou groupales.
J'ai le souvenir d'une séance où une ½uvre collective avait été réalisée à partir des dessins de chacun. L'½uvre constituée donnait alors naissance à une forme de dragon. L'histoire projetée mettait en scène les différentes manières de lutter contre ce dragon, rapidement identifié par les participants comme leur démon intérieur, l'alcool. R. Kaës évoque cette
« capacité du groupe de gérer l’angoisse des membres du groupe, de proposer des issues à la réalisation de leurs désirs et de leurs défenses »
. Le simple fait de s'imaginer ensemble luttant contre le dragon peut avoir le même effet cathartique que le plaisir de voir Frodon triompher du mal dans le Seigneur des anneaux. Ce qui ne peut sembler qu'un simple jeu va permettre aux personnes d’
intérioriser cette capacité de lutte
. La surprise venue de cette capacité imaginaire collective offre une prime de plaisir, ressentie par tous les participants, ce dont témoignent les sourires et les plaisanteries qui surgissent après cette étape de triomphe de la bestiole. Et justement, il me semble bien que cette première approche groupale va permettre à E. de faire quelque chose de cette rencontre.
E, en effet, va ensuite, lors de la seconde partie de la séance consacrée aux projets personnels, entrer dans la réalisation d'un c½ur en mosaïque. Lorsqu'il brise les morceaux de carrelage, il y met tant de force, d'énergie et de dents serrés avec rage que des morceaux giclent partout. Les voisins plaisantent, mais protestent de
recevoir ces projections
très concrètes et potentiellement coupantes. Je propose une solution et je lui donne un tissu qui enveloppe sa main et la pince, permettant aux petits morceaux de rester contenus. Le c½ur avance vite et bien. E. joue avec les couleurs, les mélangeant sans intention organisatrice.
Lorsque le c½ur est achevé, il prépare du plâtre et demande de l’aide. Avant même que j'ai eu le temps de réfléchir, me voilà en train de masser doucement ce c½ur, pour lui faire une enveloppe contenante, embarquée moi aussi dans une réparation qui semble bien faire écho au postulat de M. Klein. Lors de la phase dépressive, qui suit la phase schizo-paranoïde, elle développe le concept de la capacité à réparer ce qui a été fantasmatiquement détruit. E. montrera, ravi et satisfait,
son objet c½ur
dans tout le service. Ce n’est qu’ensuite que j’apprendrais que ce c½ur était destiné… à sa mère.
La notion de réparation
est aussi l’un des éléments incontournable des séances, tant dans les projections du groupal que les tentatives de réparation personnelle dans les objets concrets. Car il y a bien des choses à réparer dans toutes ces histoires, même si ces tentatives demeurent souvent de bien maigres illusions face au quotidien de ces patients et à son poids de souffrance.
Les écrits de cet article sont la propriété intellectuelle Muriel Launois
et n'engagent qu'elle.
Il est paru dans :
Clinique et médiation (Regards croisés sur les médiations thérapeutiques)
Ouvrage de groupe, sous la direction de Florence Klein, préface de Pierre Delion, L'Harmattan, Paris, Août 2016
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