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Des ancrages


Cet article vous propose de découvrir la notion d'ancrage, terme issu de l’hypnose, de plusieurs façons:  des ancrages concrets dans des gestes, des ancrages imaginaires et visuels, des ancrages verbaux, un ancrage sonore. En effet, selon le canal sensoriel favori de la personne, il lui faudra utiliser des ancrages différents. Cet article reprend des expériences proposées dans d'autres articles, mais réunies de façon différente, par ce concept particulier d'ancrage.

Cette notion d'ancrage est proposée comme une expérience possible, décidée par le cerveau (nommé aussi, esprit, conscience) et qui peut s'inscrire dans la mémoire du corps, dont les mots clefs sont l'inconscient, les souvenirs et les inscriptions dans le corps.

L'idée d'une répétition pour permettre l'entrée dans un cercle vertueux est explicitée: la personne est invitée à expérimenter que son cerveau propose des gestes/images/mots, que son corps ancre le sentiment de détente possible et que son cerveau le réclame de plus en plus, comme si la détente devenait de plus en plus l'état naturel de la personne, en lieu et place des tensions générées par le stress. les ruminations, la douleur, l'anxiété.

Tous ces différents types d'ancrages parsèment la séance peu à peu et se tissent dans d'autres intentions hypnotiques ou post-hypnotiques. Ils sont clairement explicités comme la possibilité d'exploration de l'auto-hypnose la plus simple, car ancrée sur la sensation présente et ressentie. Ces ancrages ouvrent peu à peu vers des expériences sensorielles de plus en plus riches et profondes, et vers des expériences d'auto-hypnose qui vont peu à peu se libérer des ancrages proposés par la thérapeute pour aller vers des découvertes de plus en plus personnelles. Ce sont des invitations à des voyages dans le paysage corporel et psychique. Ils sont proposés dans une dissociation car l'esprit explore le corps, mais avec une intention immédiate de relier les deux, donc de ré-associer.


Ancrage concret dans un geste
L'un des premiers ancrages proposé, est celui du fait de se frotter les mains avant chaque massage. Ce geste simple est déjà inscrit dans la préparation des mains, l'un des étapes clefs de la partie des auto-massages. Cette préparation des mains est importante pour aider les personnes à distinguer s'ils sont plus réceptifs à la partie active de la séance (auto-massages, mouvements, tension-détente) ou à la partie plus impressive, réceptive, de la séance, conduisant à un état modifié de conscience.

Après cette expérience de préparation des mains, ces dernières sont nommées comme étant nos "principaux outils de massage". Avant chaque massage des différentes zones du corps, elles sont donc frottées l'une contre l'autre, réchauffées, éveillées en pleine conscience. L'explication chinoise se situe du côté d'une main Yin et d'une main Yang, et d'une harmonisation des deux éléments opposés. Mais cette "explication" métaphorique ne présente guère d’intérêt pour des occidentaux en souffrance psychique, à qui il ne serait guère judicieux de proposer des croyances issues d'une autre culture, ou même d'ailleurs une croyance tout court...

Les personnes sont alors invitées à chauffer leurs mains, pour augmenter la sensation de chaleur, et à ancrer en même temps, un bâillement. Il suffit d'inspirer largement et amplement par la bouche pour susciter ce dernier. L'ancrage du bâillement dans un geste concret, visible, audible et partagé par tout le groupe (vive les neurones miroirs!) est facile, efficace. L'idée est de proposer un ancrage le plus facile possible à réaliser, tout simplement pour que "ça marche" comme le constatent les personnes elles-mêmes. Le cerveau est alors à même de constater un effet possible et la mémoire du corps inscrit rapidement cette possibilité, qu'elle qu'en soit la raison.

Au fil de la séance, l’intérêt du bâillement est expliqué: oxygénation, ouverture de la respiration au niveau du diaphragme, détente de la mâchoire, de la nuque, de la gorge...Progressivement, il est indiqué que le bâillement peut continuer à se faire, plus ou moins longtemps selon les besoins de la personne. Cette notion permet de rappeler que chaque personne a un vécu différent, personnel et à découvrir. Chacun peut ainsi trouver un geste d'ancrage qui lui soit propre.


Ancrages de sécurité

Respiration
Lors des découvertes autour de la respiration au niveau thoracique, une expérience est proposée: ouvrir grand les bras en pratiquant 3 inspirations (en mode "soupir intense pour gonfler les poumons au maximum")  et 3 expirations (en mode ralenties en soufflant comme dans une paille) tout en ramenant les bras doucement, au rythme de l'expiration ainsi ralentie.

Les personnes sont invitées ensuite à demeurer les bras grands ouverts pour écouter leur respiration naturelle après cette intensification respiratoire. Mais aussi pour expérimenter leur sentiment de sécurité intérieure. En effet, ouvrir ainsi grand les bras, alors que nous sommes habitués à protéger notre c½ur et nos poumons (déjà protégés par la cage thoracique), peut engendrer un sentiment d'insécurité, variable selon les personnes.

C'est une occasion, après l'ancrage du dos sur le sol, source aussi d'un sentiment de sécurité potentiel et de réassurance, d'éprouver son sentiment de sécurité intérieure personnel. Une anecdote est racontée, expliquant que les personnes qui font des "sauts de carpe avant de s'endormir", à cause de leur cerveau qui croit à une chute lors de la détente musculaire, peuvent, potentiellement, avoir un sentiment de sécurité intérieure fragile. Une hypothèse que les personnes valident souvent, pour ceux et celles que cela concerne. Il ne s'agit pas de savoir si c'est une vérité neurologique, mais de retrouver la capacité à écouter les messages du corps et à s'interroger sur leur sens.

La bulle de sécurité
le travail autour du sentiment de sécurité est donc installé par le temps des automassages (voir fonction contenante). La notion de l'enveloppe corporelle issue de la peau est nommée clairement, et la référence du Moi-peau de D.Anzieu peut même être abordée. (voir métaphore de la peau). Cette enveloppe de sécurité peut également être soutenue par l'utilisation de couvertures, par l'invitation à trouver sa place dans la salle. Ces divers éléments sont donc nommés, soulignés pour permettre à la personne d'entrer en conscience de cette bulle concrète de sécurité.Le travail d'auto-massage du dos en pleine conscience contribue aussi à cet ancrage de sécurité, avec la notion d'ancrage au sol en particulier.

La bulle sonore est proposée durant cette exploration intérieure, vient renforcer la contenance de la dimension spatiale de la pièce (voir habiter l'espace). La musique est toujours la même, pour ancrer la bulle plus facilement et permettre à la personne d'entrer dans un rituel susceptible de déclencher de plus en plus facilement l'état de détente.

Il est également possible d'utiliser la notion de lieu sûr, tel que le propose l'hypnose Ericksonienne. Il est possible de parler de lieu de détente, de lieu sacré, du fait d'être chez soi, de lieu sûr, de lieu sécure. Cette constitution d'un lieu de sécurité imaginaire est présentée comme la prolongation dans l'esprit, du travail concret dans les sensations corporelles. Cet ancrage est facile à réaliser pour les personnes dites visuelles et dont l'imaginaire est bien en éveil. Cet ancrage se situe plutôt dans cette dimension imaginaire et le souvenir de cette image peut aider la personne à retrouver plus facilement le sentiment de détente ressenti.


Ancrages de chaleur

Ancrage sensoriel
Une invitation proche de l'auto-hypnose, proposée comme une potentialité qui sera de plus en plus possible au fur et à mesure d'une pratique régulière. La phrase d'ancrage utilisée est : "ça chauffe, ça diffuse", mais à condition que la personne ressente effectivement cette sensation, entrant ainsi dans une amorce d'auto-hypnose, sur une base ressentie. Cet ancrage est indiqué comme une expérience à répéter suffisamment pour qu'elle puisse se tisser intimement dans la mémoire du corps. Les phrases peuvent être "j'écoute la chaleur", "je ressens la chaleur", " ça chauffe, çà diffuse" ou toute autre phrase issue de la personne elle-même au fil de la pratique. La notion de répétition nécessaire, de décision et d'intention est expliquée, validée, soutenue.

  • Le plus souvent cette pratique est proposée déjà durant le temps actif, après massage, pour écouter si la sensation de chaleur ainsi activée semble plus ou moins perceptible en profondeur. Ainsi dans la zone du c½ur, là où il y a le plus d'énergie vitale, une fois la zone avant et la zone arrière du corps réchauffées au niveau de la cage thoracique, l'invitation est faite de se demander si "ça chauffe, ça diffuse à partir des mains, de la surface vers la profondeur" ou si "ça chauffe ça diffuse depuis la profondeur."
  • Lors du temps d'hypno-relaxation une invitation est faite à laisser l'esprit chercher la zone du corps qui semble la plus chaude. Il est rappelé que cette zone peut être l'un des trois réchauffeurs chinois (voir métaphores chinoises) ou toute autre zone du corps. Les participants sont invités à remarquer s'ils ont une conscience de surface ou de profondeur, associée ou non à une image ou une pensée, ou juste à un ressenti. Il est  indiqué que plus la personne pratique, plus pourra tenter d'installer une sensation de chaleur dans une zone du corps qui peut en avoir besoin.

Ancrage visuel
Des images liées à des couleurs chaudes
peuvent être proposées: ainsi, après le massage des oreilles, il est demandé aux participants de se demander, si la chaleur pouvait être représentée par une couleur, si leurs oreilles serait plutôt jaunes pâles, oranges, dorées ou rouges, voir rouge intense. Encore une fois, il est rappelé que les personnes visuelles et imaginaires auront plus facilement accès à ce type de travail et qu'il ne s'agit en aucun cas d'imaginer quelque chose qui ne soit pas ancré dans une sensation.
L’image d'un lieu de chaleur peut venir s'inscrire à partir de la trace mémorielle perceptive éveillée dans le corps. Le lieu sécure peut devenir également source de chaleur, de température idéale pour soi...



Ancrage du côté du lâcher prise
La conscience de la respiration est importante car elle fait du lien entre dedans et dehors.
La phrase d'ancrage qui peut accompagner le sentiment de lâcher prise est : "ça expire, ça relâche". Une explication est donnée concernant le fait que "tous les muscles sauf le c½ur sont potentiellement relâchés en fin d'expiration". Le temps de l'expiration est donc le plus approprié physiologiquement et psychiquement pour pouvoir éprouver ce sentiment de lâcher prise possible. Il a déjà été expérimenté concrètement dans des exercices de contraction-lâcher (type Jacobson ou Martenot), en indiquant que le "cerveau décide de relâcher et le mémoire du corps ancre ce sentiment de lâcher prise, qui est éprouvé peu à peu, de manière sécure.

Le temps de l'expiration est décrit comme étant le temps le plus passif. L'expiration est décrite sur un plan anatomique, en indiquant les différentes zones où elle peut être ressentie et le fait qu'il s'agit de mettre hors du corps "ce qui n'est plus bon pour soi". Il est important de ne pas prononcer le mots de tensions ou d'imaginer des éléments négatifs sortant du corps, comme proposé dans certaines méthodes, car l'esprit reste alors centré sur le mot de tensions ou donne corps à ce qui n'est pas bon pour la personne. Dans les termes même utilisés, il y a surtout (pas) bon pour soi...La pensée dite positive ou la méthode Coué ne sont pas efficaces, si la personne n'est pas en état de conscience modifié. Et même alors, l'intention d'une phrase répétée prend du temps avant de s'ancrer dans la mémoire du corps, l'inconscient corporel ou tout autre nom que l'on voudra bien lui donner. 

Le temps de l'expiration est proposé comme permettant d'expérimenter des sensations très diverses suivant les personnes: la lourdeur, le corps qui s'étale, les points de contacts qui augmentent, le corps qui semble s'élargir ou se dilater, le sentiment que quelque chose descend ou balaye le corps comme une vague ou un souffle ou encore autre chose...Là encore, il est possible d'inviter les participants à éprouver leurs ressentis singuliers ou à expirer plus intentionnellement dans une zone du corps qui pourrait en avoir besoin. Les participants sont tout à fait libres d'apprécier simplement l'expiration en se laissant aller  ou d’utiliser leur esprit, leur intention,  leur imaginaire pour expirer dans ou à travers une zone, imaginer qu'un fluide s'écoule du corps ou toute autre chose...



Quelque chose de bon pour soi
Le temps de l'inspiration est un temps un peu plus actif. Néanmoins, il est tout à fait différent de "prendre l'air extérieur" ou de "laisser le souffle entrer à l'intérieur de soi".
"J'inspire quelque chose de bon pour moi" vient s’inscrire comme une expérience d'auto-suggestion certes, mais basée sur une réalité. Il est en effet important de ne pas amener les personnes dans une croyance magique d'une phrase qui va tout résoudre, style Méthode Coué. Il est indispensable de rappeler que cela se fait en été de conscience modifié pour avoir une intention d'ancrer cette phrase dans le psychisme et surtout le vécu dans l'inconscient corporel. 

  • il est possible d'entrer en conscience de l'inspiration sur un plan corporel en proposant de suivre le passage de l'air, de ressentir la dilatation que permet le passage dans l'air dans les différentes zones du corps: nez, bouche, gorge, poumons, diaphragme et ventre. Les participants sont invités à écouter leur inspiration, la manière dont ils la perçoivent (globale ou dans une zone particulière, en surface ou en profondeur). Lors du travail actif, les 3 zones de respiration (thoracique, diaphragmatique, abdominale) sont explorées de façon très active, comme des exercices de respiration. Dans la seconde partie de la séance la pleine conscience de l'inspiration peut se faire dans l'une ou l'autre de ces 3 zones, en percevant les poumons qui se gonflent, la taille qui s'élargit ou le diaphragme qui descend, le ventre qui se gonfle. Il est également possible, pour les personnes qui perçoivent la profondeur, d'évoquer la notion de la colonne de souffle dans la gorge-poumons, qui peut être ressentie comme une colonne de souffle, entourant la colonne vertébrale, comme une colonne qui se dilate à l'intérieur, au c½ur du corps.
  • La conscience du souffle qui entre dans le corps devient l'occasion d'éprouver que l'on inspire quelque chose de bon pour soi sur un plan plus imaginaire:  lumière, bulles de couleurs fraiches ou d'oxygène, énergie, souvenir agréable, mots ou toute autre chose que la personne pourra ressentir, imaginer, penser. L'inspiration peut être utilisée comme source de métaphores de changement, d'évolution. (voir métaphore de l'énergie, de transformation de soi)  Ainsi les personnes peuvent-elles faire l'expérience d'avoir une image ou un souvenir agréable qui vient surgir, une éventuelle image personnelle de l'air, du souffle ou de l'énergie, ou simplement une sensation plus intense de cette inspiration.
  • Il est alors très facile de glisser, en mode hypnotique à une suggestion: "et cette phrase vécue lors de l'inspiration pourra peut-être revenir dans votre vie quotidienne, et vous pourrez vous demander est-ce que c'est bon pour moi? face à une situation, une relation, une action...et tant que la réponse n'est pas oui...vous pourriez, peut-être, vous demander pourquoi vous le faites...." L'interrogation et surtout l'expérience concrète du changement possible n'est plus très loin...


Les écrits de cet article sont la propriété intellectuelle

de sa créatrice Muriel Launois, et n'engagent qu'elle.

Cette utilisation des ancrages est personnelle,
issue de mes pratiques personnelles en relaxation, auto-massages et hypnose Ericksonienne

Il est possible d'utiliser tout ou partie des élaborations proposées, en citant vos sources.
Merci d'avance d'en respecter l'esprit.(article datant de 2019)




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