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Une petite histoire de porte
...
Une feuille A4, un fusain noir, une règle...
Un dessin nait, quadrillage très structuré à la règle, rectangles emboités les uns dans les autres et rétrécissant de plus en plus l'espace de la feuille.
Un dessin en noir et blanc, du fusain partout sur la table.
Une porte dans le fond du quadrillage, fermée.
A.
nous annonce qu'il fait ce dessin depuis tout petit, tout le temps, depuis qu'il lui a été proposé en cours d'art plastique par un professeur qu
'il
appréciait beaucoup. Cette annonce éveille en moi l’intérêt, ce qui était d'ailleurs surement le but de cette phrase. Être thérapeute nécessite parfois, d'accepter d'être où l'autre nous attend. Et
A.
justement, attend une réponse, une phrase, un intérêt, si ce n'est de l'ergothérapeute, au moins de l'une des personnes du groupe. Les autres personnes sont plus rapides que moi et manifestent un intérêt somme toute modéré, oscillant entre un: "c'est chouette ton truc" , ou un: "oui, moi aussi j'aimais bien les arts plastiques", en passant par un "tu as vu tout le cirque que tu as mis sur la table avec ton fusain?", nettement moins admiratif.
Pendant ce temps là, j'hésite entre: "qu'y a t-il derrière cette porte?" un peu intrusif tout de même, ou bien, "la porte semble fermée" constat de ce qui est bien visible, mais peut-être pas encore pour lui et "quel sens pourrait avoir ce dessin pour vous?", option que je finis par adopter.
A.
se montre satisfait de mon intérêt, qu'il tente d'ailleurs de solliciter depuis le début de la séance de diverses façons. Il a enfin réussit à m'impliquer
dans une interaction.
Petit retour en arrière...
Lorsque j'arrive devant la porte de l'atelier, il est déjà là, le premier et me demande si nous avons bien une séance à 10h, c'est à dire dans 10 minutes. Je lui ré-affirme cette règle horaire et j'ouvre la porte de l'atelier. A 10h précise, deux personnes entrent et je les accueille. J'entends, un peu plus loin, que
A.
est discute avec d'autres participants, sur les fauteuils situés près de l'atelier. 10 minutes plus tard, les entendant toujours discuter, je sors moi-même de l'atelier, à l'occasion d'une photocopie à réaliser. Pas dupe de mon innocent passage devant le mini groupe qui papote dehors au lieu d'être dedans,
A.
qui est le meneur et maintient les gens à l'extérieur, me dit qu'ils attendent ma permission pour venir en séance. Une sacrée façon de me dire que c'est moi qui suis responsable du cadre et des règles, que je n'ai pas fait mon job en ne leur disant rien
. M
ais aussi
,
une façon de me dire qu'il m'attend dans cette position de surmoi, relayant le surmoi institutionnel , même si c'est sans doute pour mieux pouvoir souligner qu'il le transgresse d'ores et déjà en restant en dehors de l'atelier. Ce mode relationnel s'approche de celui du double lien: si je ne dis rien j'ai tort et si je dis quelque chose, il y a jouissance pour lui, d'avo
ir transgressé...Dans les deux cas,
A.
tente de contr
ôler la situation, comme un
enfant
qui cherche
à provoquer l'adulte
pour chercher les limites et la règle.
A
ussi lorsque je déclare que
la porte est ouverte
depuis 10 h
eures et que ce n'est pas à moi de les autoriser ou non à
entrer,
je l'entend s'exclamer: "
Comment çà?"
, étonné que je refuse d'assumer ce rô
le de surmoi
autoritaire. Il entre alors dans l'atelier
, suivi des autres personnes.
L'histoire de la porte commence don
c déjà là...
Lorsque
je reviens, il
s sont tous assis passivement
et je leur reformule
qu’aujourd’hui
, il s'agit de la séance de
réalisation
des projets personnels et que je ne vais pas leur proposer
de consigne créative ou
d’animation
groupale.
A.
réclame aussit
ôt des perles noires, pour faire un chapelet d
e son nombre d'années d'abstinence, pour bien s'en souvenir dit-il dans un sourire un peu
ironique
. Il est b
ien conscient que c'est ce que
nous attendons tous, au moins dans son esprit.
Décidément
peu coopé
rante, je lui déclare que je n'ai pas ce m
atériel. Il me demande alors un fusain et une r
ègle...
Nou
s
voici donc face à cette fameuse règle. Lorsqu
'il découvre que la règle de l'atelier est vielle
, moche et que la b
ande qui porte les chi
ffres part en la
mbeaux, il est scandalisé. Il clame que ce n'est pas comme cela qu'on va l'aider ici, entre le manque de bonne nourriture matérielle et
l
a règle en vrac,
j’entends
bien que je ne suis pas à la hauteur de ses attentes. Vais-je assumer cela? En tout cas, je sais que si moi je ne peux pas assumer le fait d'être imp
arfaite, décevante ou non
efficace, je n'ai aucune
chance d'aider
A.
à intégrer ses
propres parties négatives, ses fa
iblesses et ses manques.
"Quels sens pourrais avoir ce dessin pour vous?"
Je propose donc cette phrase, en m'approchant de lui afin de lui signifier ma présence et
d’enclencher
une interaction réelle. Tout d'abord, il nie que cela ait quoique ce soit comme sens, indiquant qu'il s'agit juste d'une répétition de quelque chose qu'il apprécie mais aussi qui le rassure. "C'est facile à faire car je connais bien et quand je en sais pas quoi faire, je fais cela".
Puis i
l regarde
son dessin et découvre que la porte est fermée. "Ah zut
, ce n'est pas bien, on ne sait pas ce qu'il y a derri
ère,
c'est comme si on restait bloqué dedans,
ça
ne
va p
as du
tout,
ce n'est pas ce que je voulais faire
". Je le sens si dérangé par cet état de fait, qu'il me parait à deux doigts de déchirer la feuille pour recommencer ou faire autre cho
se. Comme je suis très sensible a
u
repérage
des pulsions de
destruction et
à
la nécessité de leur élaboration au lieu d'un passage à l'acte, je me dis que c'est le moment de mettre des mots. un simple "la porter fermée vous dérange"
lui suffit pour rebondir et chercher une autre stratégie que l
a
destruction
pure et sim
ple du dessin.
Il confirme que cela le dérange et qu'il voudrait bi
en l'ouvrir pour voir ce qu'il y a derrière. Une perche tendue, peut-être pour savoir si moi aussi, j'aimerais bien le savoir. Je reste
en retrait
et je lui demande comment il pourrait ouvrir cette porte, concrètement dans le dessin.
Il réfléchit et je m'éloigne, en interaction avec d'autres personnes, ce
qui lui permet de développer sa p
ropre stratégie. Au bout d'un moment,
j’entends
la voix de
A.
me
demand
er
si, dans cette s
a
lle se trouvent des cutte
rs et si j'aut
orise leur utilisation. Mes neurones se mettent en route autour du sens de cette demande.
Le simple fait qu
'il me demande si j'autorise leur utilisation souligne bien qu'il a tout à fait conscience du critère de dangerosité lié à des pulsions
violentes
potentielles, au
to ou hétéro
-agressives. Il ne me demande pas juste où se trouvent les cutters et je dois donc répond
re
aux deux niveaux: prat
ique et signifiant. Je lui ind
ique donc leur place et j
e souligne que si
j’étais
dans mon autre secteur d'intervention, en
psychiatrie
, les risques suicidaires ne me permettraient pas de trav
ailler avec des cutters, mais qu'ici, c'est différe
nt. Je signifie donc que les
pulsions d'agressivité et de destruction peuvent ici trouver une voie de transformation symbolique à travers une coupure
. La notion de castration n'est pas loin de cette dimension de la coupure de quelque chose, mais cette pro
fondeur psycho-dynam
ique n'est pas
à interroger
lors d'un petit moment d'interaction rapide
tels que ceux proposés dans cette
se
conde
.
C
e
tte notio
n s'approche plus d'une analyse de type intra-psychique, nécessitant
temps, formation su
pervision.
Cette dem
ande d'autorisation me place à nouveau, en position de resp
onsable de ce qui se joue dans l'atelier, une posture dans laquelle
A.
s'échi
ne à me situer comme pour mieux se situer lui-même ensuite. Lorsque j'ai la
mauvaise
grâce de le surprendre
en n'é
tant pas là où il m'
attend,
il n'apprécie guère
. C
ela m'é
vo
que la première séance de créativité groupale.
Ange et
démon
est le titre de la consigne groupale qui a été choisie par le groupe, vendredi dernier. Pour cette consigne, il est proposé de découper trois images angéliques et trois images démoniaques.
L'intitulé de ce
tte consigne donne généralement, déjà lieu à une discussion sur le E
T, les patients se demandant pour
quoi ET
à la place de OU
.
Ce
titre
nécessite
aussi
un échange sur ce qui est angélique et démonia
queCertains font rapidement le lien avec le groupe sur l'ambivalence e
t nous pouv
ons commencer à
mettre des mots sur la notion de parties positives
et
négatives de soi-même
,
notion sous tendue
par la consigne.
Il
me faut souvent préciser que nous n'allons pas trouver des images représentants des anges ou des démons, et que les images d'homme
s polit
iques sont à proscrire
, évitant ainsi les
banalités
des discussions sur l'actualité.
Il est aussi nécessaire d
'indiquer que l
es images
de
bouteilles
ou de verres d'alcool, si nombreux dans les revues, ne sont pas à utiliser, puisque nous cherchons à entrer dans le monde des métaphores et pas de la représentation
formelle. Et puis, un léger interdit sur le pr
oduit ne peut pas f
aire de mal...
J'indique, dès le départ, que ces images formeront une banque d'images
pour réaliser des c
ollages colle
ctifs eux-au
ssi
, sur des feuilles passant d'un
participant à l'autre. L
es collages ainsi achevés mélangent les images angéliques et démoniaques,
l
eur permettant de co-exister et d'entrer en dial
og
ue au lieu de rester en dichotomie. Pourtant, malgré cette indication donnée dès le d
épar
t, certains patients n'entendent pas cette notion de partage des images et
A
.
fait partie de ces patients, frustrés de ne pas pouvoir exp
liquer leur
s
c
hoix dans un discours rationnel et conscient , bien connu
et souvent répétitif, discours qu'ils sont tous
prêts
à nous donner à entendre, comme pour masquer une autre parole
plus inconsciente et
donc moins contrôlée.
A.
proteste vigoureusement de ne pas pouvoir parler
de son dada favori, à savoir la pollution de la terre par les humains qui
"bou
sillent la na
ture", lui év
i
tant ainsi, de se demander co
mment lui
bousille
sa nature
, son corps et son esprit. Il est à noter qu'il est important , avec une telle consigne, de prévenir les personnes à l'avance, qu'
elle
s vont
"perdre" leurs im
ages, et il est également important de ne pas pratiquer ce genre de technique avec des personnes psychotiques.
A.
est également très dérangé par le fait que nous n'allons pas essayer de
distinguer le positif du négatif, du moins c'est ainsi que lui a traduit ange et démon, réclamant qu
'on les s
épare clairement sur les deux c
ôté
s de la
feuille. Une inquiétude que partagent bon nom
bre de personnes état-limites
dont l
'idéal du moi très fort, ne
l
eur permet
pas d'accepter que co-existent en eux, des parties
vécues comme
bonnes et des
parties
vécues comme mauvaises, ces dernières étant de préférence projetées
à l'extérieur d'eux-même
s et bien souvent, sur des personnes
, comme les humains pollueurs par exemple. Il faut donc un long m
om
ent à
A
.
pour sor
tir de son d
isc
our
s écologique
revendiquant
afin d'
entrer dans le jeu de l'
imaginaire collectif
où des histoires vont pouvoir naitre,
faisant jouer le blanc et le noir ensemble
.
Durant toute cette séance, ce qui sera le plus diffic
ile pour
A.
c'est aussi d'accepter d'entrer dans cette expérience collective
dont il ne peut contrôler ce qui va en émerger
.
C
o
mme il projette sur l'erg
othérapeute cette ill
usion
d'un c
ontrôle possible sur le discours, les images, les sit
uations, il ressent tou
te cette séance comme un
e tentative de l'influencer
, ce qui est tout à fait le cas d'ailleurs.
Reconnaitre notre désir d'influencer et de modifier l'autre est important, car
c'est une tentation inconsciente fréquente chez les thérapeutes
mais
aussi un moteur puissant,même s'il est à utiliser avec parcimonie.
A.
n'est pas dupe, et si je puis dire, il me voit venir
. I
l rés
is
te, s'opp
ose, se re
b
elle
, retrouvant là une façon d'être qui lui est famili
ère et qu'il recherche. Finalement, cette
position
protesta
ire est l'exacte position qu
i lui offre la jo
u
issance, à ne pas confondre avec le
pla
isir.
Lui affiche certes, du déplaisir, mais jouit de l'ex
primer. Finalement, il peut ainsi retrouver l'un de ses mécanismes de défense. Mais revenons au présent de la séance
.
Cu
tter et ouverture.
Une fois qu'il sait qu'il peut utiliser cet outil,
A
.
découpe la porte du dessin au cutter, pour qu'elle puisse s'ouvrir et colle derrière un ravissant soleil jaune et sour
iant. "Voilà c'est bien, c'est ce qui va se passer ensuite pour moi, tout ira bien alors". Une pensée magique qu'il c
lame haut et fort dans la séance
, en attendant les réactions d'autrui. Les félicitations pleu
vent
, venues
des autres pat
ients, ma
is
rien
ne venant de mon côté, il tente une autre approche. "En tout cas, moi
ça
me plait mais
ça
ne me servira à rien, je le laisserai dans l'atelier. Finalement, c'est ma mère qui devrait être là, car elle fait le même m
étier que vous
et les petits brico
lages manuel
s , elle sait faire elle
." Ayant réussi à attirer mon attention, s'ensui
t une discussion sur les
ve
rtus du bricolage
, s
ur les capacités à aider les autres ou
pas et surtout sur l
e sens p
otentiel des objets comme moyen d'
expression et no
n pas objectif
. J'entend
s
, à la fois
un questionnement sur mes capa
cités à être une bonne mère ou pas, qui
fait assez écho
en moi pour me pousser à revenir dans l'interaction avec lui
. Il me semble y entendre
aussi une
légère
tentative d
'annuler le sens potentiel contenu dans l'objet.
L'objet, le dessin, dev
ient un enjeu,
oscillant entre exhibition narcissique
,
dé
fense pour main
tenir un
déni de sens
, mauvais objet
à
laiss
er
et à découper, bon objet
qui vient réparer de façon illusoire. L'objet s'est
révélé porteur de tout un
faisceau
de significations possibles dont l'une n'éclipse pas l'autre
.
Pour qu'un seul sens puisse se faire jour, il faudrait un tr
avail bien plus lon
g et plus approfondi, tel que proposé en psychothérapie, avec ou sans médiation. Souvent,
dans cet a
telier qui ne dure que le temps de deux courtes séances
, nous ne faisons qu'effleurer tout ce qui se joue et se dé-joue en prof
ondeur
, tant dans
l'objet que dans l
'acte de création de cet objet devenant t
race visible
de cette action sur la ma
tièr
e, mais aussi dans les inter-actions relationnelles.
A
.
s
ort pour faire une pause avec
d'autres personnes,
non sans m'avoir demand
é
la
pe
rmission de faire
cette pause
et s
urt
out s'il faut laisser la porte ouverte ou fermée.
D
écidément
, la porte est à l'honneur aujourd'hui.
J'avais déjà remarqué que
la
porte est
souvent l'occasion
de tout un jeu aut
our de cet
élément
, tour à tour vécue comme fracture dans la
continuité
, lieu de passage entre deux
,
ouverture
permettant la pénétration ou l'échappée belle. Qui va l'ouvrir et de q
uelle manière, peut devenir une source inépuisable d'informations subliminales ou plus évidentes
, sur les personnes qui s'aventurent à traverser.
..
Karma:
A.
revient ensuite
pour part
iciper à un dernier jeu collectif.
Tous les patients, sauf un seul ont achevé leurs productions et ils commencent à me demander, puisqu'il reste une heure de séance, s'ils peuvent sortir
de la salle. Quan
d
je leur indique que le but de la séance n'est pas
uniquement d'aboutir à un objet, mais de leur proposer un temps défini, justement pour apprivoiser leur façon de
gérer ensuite le
s temps de vide
, une discussion s'amorce. Rapidement, cette conversation glisse
, malgré mes tentatives, dans d
es
discours défensifs
ou descriptifs d'éléments non reliés à leur
problématique
,
du moins en apparence.
Je me
souvi
e
ns alors, leur avoir expliqué qu'ici nous essayons de
transformer
les choses d'une autre façon que les groupes de parole qu'ils pratiquent par ailleurs. Forte de cette justification et poussée par leur angoisse du vide, je leur propose un jeu
, qu'ils acceptent avec enthousi
asme, ravis d'avoir
éveillés
mes instincts de mère nourricière
et d'ergothé
rapeute activiste.
K
arma est un jeu où il s'agit de passer par diverses étapes, minérale,
végétale
, animale, humaine et "grand sage". Les items de ces 5 catégories ont été écrits
progressivement
par d'autres g
roupes au fil de séances
, ce qui permet aux patients d'entendre qu'ils ont la capacité d'agir sur le réel, de participer à la création d'un cadre de jeu, bref d'inscrire des actes qui ensuite
permettent d
'
avoir un but, un sens.
A
.
commence par devenir de l'argile , ce qu'il apprécie pour sa souplesse et sa capacité à être modelé pour devenir une statue. Il ne
rechigne
pas à être un cerisier car cela porte de
s fruits délici
eux selon l
ui, m
ais les choses se corsent lorsqu'il tire la c
arte du blaireau
qui déclenche une hilarité gén
érale. Il prend cela avec be
aucoup d'
humour, un excellent mécanisme de défense de haut niveau
, et indique que
, parfois, il peut effectiv
ement rentrer dans son terrier, mais surtout être un vrai blaireau,
au sens d'un casse-pied. L'étape humaine l'amène à devenir Agatha Christie et le fait d'être une femme est
contre-balancé
, selon lui, par le fait d'être
célèbre
.
M
ais lorsqu'il tire la carte des "gran
d sages" et qu'il tombe sur celle qui porte le mot "moi", alors
le plaisir est au rendez-vous
!
Un patient a
, en effet, inscrit ce mot dans la catégorie des "grands sages" et comme le message symbolique porté par cela m'a semblé lourd de sens, je l'ai laiss
é
tel
quel
.
A.
est
absolument
ravi d'entendre qu'il peut
être sage et il nous dit que "passer du blaireau à la sagesse de lui-même est une grande étape". Fina
lement, le blaireau n'avait peut-être pas été si bien digéré que cela...
Mais
l
'illusion d'omnipotence dont nous parle Winnicott,
passant par là
,
lui offre un
sentiment de réparation
qui lui donne le sourire...Le hasard fait
décidément
bien
les
choses.
Le destin de l'objet:
En fin de séance
A.
me salue, m'indique qu'il laisse son dessin
, en me demandant ce que je compte en faire...Je lui souris,
sans rien répondre car je ne sais pas encore ce que je vais en faire. Le jeter? S
ûrement pas, dans un souci de garder une trace et de respecter cette partie projetée d
'u
ne personne. Le ranger dans un coin
? A
vec d'autres dessins dont la quantité n'a pas encore dépassé mes possibilités de stockage mais
qui le s
era un jour, me renvoyant à la question du destin de
l’œuvre
et d
e la respon
sabilité d
u traitement de
ce qui a été
ainsi déposé. L'aff
icher? Peut-être, en espérant qu'il pourra être source d'assoc
iations d'idées pour d'autres personnes.
Pourquoi n'ai je pas eu
, comme je peux l'avoir pour d'
autres, le
réflexe
de lui rappeler que l'objet lui appart
ient et que
son destin est entre ses mains
? Des questions
qui seraient à explorer en supervision
pour en éclairer le sens si la thérapie avaient du se poursuivre, mais qui vont rester en suspens après ces
quelques heures de thérapie.
Être
l
a
dépositaire de quelque chose...
En
attendant
,
A.
tel
un "bon petit démon" comme il se dénomme lui-même, laisse aussi des taches de fusain sur la table
...et qui donc va les nettoyer
?
Je me demande parfois, quel lien il pe
ut y avoir parfois entre thérapie et nettoyage..
Les écrits de ce
tte section s'apparentent à ce qui peut se dérouler lo
rs d'une analyse
de
type supervision, qui perm
et de tenter de comprendre ce qui se passe
lors d'une thérapie.
Il ne s'agit en aucun cas, de trucs thér
apeutiques repr
oductibles,
mais de la néce
ssité
d’une
réflexion
permanente sur l'effet de
notre attitude envers l
e patient.
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