M'identifier
Accueil
Plan du site
Contactez-nous
Le coin patients
Questionnaire recherche
Questionnaires étudiants
Découvertes
A lire, à découvrir
Des sites à visiter
Enseignement
Enseigner l'ergo en psy
Structure des cours
Métaphores scolaires
Mémoires
Se définir
Etre ergo
Article collectif 2015
Livre blanc du GRESM
Modèles conceptuels
Du soin psychique
Côté psycho-dynamique
Modèles en ergothérapie
Penser sa pratique
Créer un dispositif
Pourquoi et comment?
Relation thérapeutique
Cadre thérapeutique
Activités et médiations
Analyses réflexives
Analyses de pratiques
Analyse d'activités
Analyse d'atelier
Structurer la thérapie
Dispositif institutionnel
Processus d'intervention
Donner du sens
Objectifs ou processus?
Co-construire des objectifs
Processus thérapeutiques
Clinique
Histoires ou cas cliniques?
Structures et personnalités
Pathologies
Jouer
Cadre et analyses
Cognition et compétition
Expression et coopération
Des squgiggles
Vivre ses émotions
Emotions and CO
Des pratiques en Psy
En chirurgie bariatrique
Réhabilitation
Groupe Autonomie-Projets
Jeu de la maison
Des histoires
En addictologie
Lettre oubliée
Addictologie et ETP
Atelier d'écriture
En milieu fermé
Un espace thérapeutique
Histoire d'espaces
Le coin du corporel
Les concepts
Techniques et modalités
Relier corps et esprit
La pleine conscience
Formations
Formations ANFE
Formation IFE Nancy
Autres professionnels
Information
Ce site est en constante évolution et lorsque des articles sont en travail, ils sont signalés en début de page....
Accueil
» Autobiographie
Autobiographie
Nazim Hikmet poème autobiographie
Je suis né en 1902
Je ne suis jamais revenu dans ma ville natale
Je n'aime pas les retours.
A l'âge de trois ans à Alep, je fis ma profession de petit-fils de pacha
à dix-neuf ans, d'étudiant à l'université communiste à Moscou
à quarante-neuf ans à Moscou, d'invité du Comité Central,
et depuis ma quatorzième année, j'exerce le métier de poète
Il y a des gens qui connaissent les diverses variétés de poissons
moi celles des séparations.
Il y a des gens qui peuvent citer par c½ur le nom des étoiles,
moi ceux des nostalgies.
J'ai été locataire et des prisons et grands hôtels,
J'ai connu la faim et aussi la grève de la faim et il n'est pas de mets dont j'ignore le goût.
Quand j'ai atteint trente ans on a voulu me pendre,
à ma quarante huitième année on a voulu me donner le Prix mondial de la Paix
et on me l'a donné.
Au cours de ma trente-sixième année, j'ai parcouru en six mois quatre mètres carrés de béton.
Dans ma cinquante-neuvième année j'ai volé de Prague à La Havane en dix-huit heures.
Je n'ai pas vu Lénine, mais j'ai monté la garde près de son catafalque en 1924.
En 1961 le mausolée que je visite, ce sont ses livres.
On s'est efforcé de me détacher de mon Parti
ça n'a pas marché
Je n'ai pas été écrasé sous les idoles qui tombent.
En 1951 sur une mer, en compagnie d'un camarade, j'ai marché
vers la mort.
En 1952, le c½ur fêlé, j'ai attendu la mort quatre mois allongé
sur le dos.
J'ai été fou de jalousie des femmes que j'ai aimées.
Je n'ai même pas envié Charlot pour un iota.
J'ai trompé mes femmes
Mais je n'ai jamais médit derrière le dos de mes amis.
J'ai bu sans devenir ivrogne,
Par bonheur, j'ai toujours gagné mon pain à la sueur de mon front.
Si j'ai menti c'est qu'il m'est arrivé d'avoir honte pour autrui,
J'ai menti pour ne pas peiner un autre,
Mais j'ai aussi menti sans raison.
J'ai pris le train, l'avion, l'automobile,
La plupart des gens ne peuvent les prendre.
Je suis allé à l'opéra
la plupart des gens ne peuvent y aller et en ignorent même le nom,
Mais là où vont la plupart des gens, je n'y suis pas allé depuis 1921 :
à la Mosquée, à l'église, à la synagogue, au temple,
chez le sorcier,
mais j'ai lu quelquefois dans le marc de café.
On m'imprime dans trente ou quarante langues
Mais en Turquie je suis interdit dans ma propre langue.
Je n'ai pas eu de cancer jusqu'à présent, p 20
On n'est pas obligé de l'avoir
je ne serai pas Premier ministre, etc.
et je n'ai aucun penchant pour ce genre d'occupation.
Je n'ai pas fait la guerre,
Je ne suis pas descendu la nuit dans les abris,
Je n'étais pas sur les routes d'exode,
sous les avions volant en rase-mottes,
mais à l'approche de la soixantaine je suis tombé amoureux.
En bref, camarade,
aujourd'hui à Berlin, crevant de nostalgie
comme un chien,
Je ne puis dire que j'ai vécu comme un homme
mais le temps qu'il me reste à vivre,
et ce qui pourra m'arriver
qui le sait ?
Berlin-Est, le 11 septembre 1961 - Nazim Hikmet
Ergopsy - 2015
Infos légales