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Concepts


Les concepts sur lesquels nous allons nous appuyer sont essentiellement centrés sur le sens de l’utilisation de la nourriture, comme plaisir, compensation ou envie irrépressible.


Les troubles du comportement alimentaire ou TCA

Les TCA sont fréquents et polymorphes, chez l’enfant, l’adolescent ou l’adulte. Ils présentant tous un point commun : la perte de repères physiologiques en ce qui concerne la faim et la satiété. Les différents types de TCA sont l’hyperphagie prandiale (augmentation des apports caloriques au moment des repas), l’hyperphagie extra-prandiale (Grignotage, compulsion alimentaire, binge eating deasorder, Night eating deasorder) et l’hypophagie (anorexie, comportements restrictifs cognitifs). (Witkowski)

Le Dr Witkowski, psychiatre dans le parcours du CHU de Nancy, note que la vulnérabilité psychique des personnes obèses est plus importante : troubles de l’humeur, troubles anxieux, troubles de la personnalité et troubles addictifs à des substances ou comportementales (alimentation, achats). Une évaluation psychiatrique est donc nécessaire pour tous les candidats à l’opération. « Les patients vivent assez mal cette évaluation et ils considèrent souvent leur vulnérabilité psychique comme la conséquence de leur obésité » (Witkowski, 2019).

La souffrance psychologique peut effectivement être une conséquence de l’obésité, mais si c’est la souffrance psychique qui entraine un trouble du comportement alimentaire ou TCA pour gérer stress, angoisse et émotions, dans ce cas c’est elle qui devient la source du TCA et de l’obésité. « L’évaluation doit permettre d’identifier le type de TCA. L’existence de TCA ancien ou non, augmente le risque de reprise de ces troubles en post-opératoire ». (Witkowski, 2019). Lorsqu’un TCA est identifié, les patients sont fortement incités à faire une psychothérapie et un TCA peut donc être une contre-indication à la chirurgie.

Comme dans d’autres addictions, la nourriture peut être utilisée pour son effet anxiolytique voir anti-dépresseur. Ce n’est pas une question de volonté mais une véritable souffrance. La personne ne peut pas faire autrement que de réagir par de véritables passages à l’acte. Pour le patient un TCA permet l’équilibre entre plaisir et déplaisir. Le plaisir apporté est donc un bénéfice qu’il ne faut pas oublier, car il est souvent plus puissant que l’objectif santé.


De quel plaisir parle-t-on ?

Sur un plan neurologique, des recherches ont été menées sur le circuit neuronal de la récompense. Il semble que les réponses anticipatoires des personnes obèses, même à la simple vue d’une image, soient plus importantes, en termes de désir. Ces personnes ressentent également moins de plaisir, à un niveau cérébral, lors de la consommation d’aliments. « Les études par IRM permettent de mettre en évidence que l’obésité est accompagnée d’une augmentation du wanting et d’une diminution du liking alimentaire, en d’autres termes, désir et plaisir à manger ». (Revue médicale suisse, 2018).

Sur un plan psycho-dynamique, « l’obésité est la conséquence d’un signal non interprété psychiquement et d’une pulsion, d’une envie irrépressible, répétée. » Certains patients, lorsqu’on les interroge sur les émotions ressenties avant le repas, indiquent qu’il s’agit de faim, confondant sensations corporelles et émotions. La lourdeur après le repas (le ventre bien tendu...) est attendue et ressentie comme un apaisement et du bien-être. La psychanalyse met en évidence que « L’articulation principe de plaisir et principe de réalité conditionne tout effort, puisqu’il faut en faire pour résister au désir de satisfaction immédiate.». (Grandgeard, 2010).

Sur un plan comportemental : Dans les deux modèles précédents, l’un neurologique et l’autre psychologique, ce qui est mis en évidence, c’est la notion de plaisir immédiat. Le plaisir est au c½ur du travail à proposer à des personnes obèses pour qui la nourriture est décrite comme un plaisir immédiat, facile à se procurer et évoquée comme « addictive, même si c’est moins grave qu’une drogue. » dira une patiente en parlant du sucré. Sur un plan comportemental, un changement de comportements sera proposé et d’autres plaisirs seront donc à identifier, à vivre et à ressentir en pleine conscience pour que l’alimentation ne soit pas la seule source de plaisir. En effet, après l’opération le goût peut non seulement changer, mais la quantité de nourriture ne pourra plus être la même et la qualité devra donc primer. La nourriture-plaisir devra être bien comprise et intégrée. Le site du GROS (groupe de réflexion sur l’obésité et le surpoids) propose ainsi dans l’un de ses articles : « déguster, voilà le secret...»(Site du GROS).


Nourriture et émotions

Pour les personnes en situation d’obésité, La nourriture vient comme une réponse alimentaire à un problème qui lui n’est pas alimentaire. Les personnes peuvent utiliser la nourriture comme une façon de ne pas affronter, vivre et ressentir les émotions ressenties comme désagréables.

Bertoz (2015) avance « le concept d’alimentation émotionnelle, se nourrir devenant une réponse à une émotion plutôt qu’à la sensation de faim ». Les patients évoquent souvent le fait que certaines émotions les conduisent directement à une prise alimentaire, sans pouvoir ressentir la faim ou identifier les déclencheurs qui les poussent à « manger leurs émotions ».

Pour l’école psychosomatique française (Marty, M’uzan, David, 1963), le comportement alimentaire du patient obèse serait une conséquence de sa difficulté à identifier les émotions. L’alexithymie (Pedinielli, 1992) confronte les personnes souffrant d’obésité à des difficultés avec leurs émotions. En effet, avant de pouvoir canaliser, exprimer, ressentir, vivre, transformer, bref de « gérer » ses émotions, il est en effet, nécessaire de pouvoir les identifier pour soi-même et pour les autres.

Le travail proposé dans les groupes d’ETP va donc prendre en compte cette dimension venant aider la personne à ressentir et vivre leurs émotions. Il sera alors fondamental d’aider les personnes à pouvoir supporter les émotions vécues comme désagréables afin qu’elles ne soient pas conduites à utiliser l’alimentation comme évitement ou compensation, mais aussi les aider à développer d’autres plaisirs en pleine conscience.



Cet article a été écrit en collaboration par
Mmes Shambert Sylvie et Mme Launois Muriel, ergothérapeutes.
Il est donc leur propriété intellectuelle


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