L'utilisation d'une matière, d'une technique, et la production d'un objet concret ou non, sont nos moyens thérapeutiques principaux.
Le savoir faire et le savoir être de l'ergothérapeute, l’utilisation de thérapie individuelle ou groupale, inscrivent aussi des processus de thérapie particuliers. Nous proposons une thérapie pratique et active, au plus proche des occupations de la personne.
Il est toutefois important de bien distinguer les occupations humaines au sens des activités pratiquées par toute personne et les outils thérapeutiques que nous allons proposer.
Mais comment une activité/médiation peut-elle être ou devenir thérapeutique? Qu'est-ce qui fait que l'activité possède des fonctions thérapeutiques? Quelle sont les expériences signifiantes proposées par l'activité? Il est important aussi, de se poser quelques questions et de tenter de définir si nous proposons une activité ou une médiation, si nous souhaitons utiliser l'activité comme objectif ou comme moyen, si nous souhaitons proposer une amélioration de la qualité de vie ou proposer du soin psychique.
Occupations humaines et outils thérapeutiques
Au niveau du soin, en psychiatrie ou en psychologie médicale, nous ne sommes pas uniquement, dans une dimension de guérison d'un symptôme comme dans la médecine somatique, et ceci d'autant plus que nous sommes de plus en plus dans le modèle bio-psycho-sociale, tenant compte des différents aspects de la personne.
En tant qu'ergothérapeutes, des co-thérapeutes qui utilisent des activités à visée thérapeutiques. Mais pourquoi donc faut-il passer par la matière pour mieux se connaitre et se découvrir? Quel est l’intérêt d'utiliser des matières, matériaux, techniques? Quelles sont les fonctions thérapeutiques des médiations? Quelles sont les expériences signifiantes que la personne peut vivre et ressentir en se frottant à la matière? Faut-il parler d'activités ou de médiations? Sont-elles des objectifs ou des moyens?
Les termes de médiation et d'activités ne recouvrent pas tout à fait les mêmes réalités selon les lieux, les pratiques, les modèles conceptuels auxquels nous nous référons. Personnellement, je me sens plus proche du terme de médiation. J'ai donc tenté d'utiliser dans ce site le terme d'activités/médiations mais il est important de préciser quelques sens et fantasmes qui peuvent être sous-jacents à ces termes et d'en expliquer les nuances.
La principale distinction qui est importante à mettre en évidence et à bien comprendre est l'orientation que nous pouvons donner à l'utilisation d'une activité/médiation. Sera-t-elle un objectif en soi, un objectif à atteindre? Ou sera-t-elle un moyen d'expression de soi-même? Faut-il remettre la personne en activité, en action pour lui donner le sentiment de pouvoir agir sur la réalité qui l'entoure ou l'aider à donner du sens à ce qu'elle vit, ressent, projette, expérimente? Les réponses à ces questions ne peuvent être univoques et vont dépendre de la personne, de la pathologie, de l'ergothérapeute, de l'institution, etc...
Et surtout, il est important de bien comprendre qu'au-delà de cette tentative de mieux définir nos intentions lorsque nous proposons à une personne d'agir, ce sont les patients eux-mêmes qui vont utiliser l’activité comme but ou une médiation comme moyen d'expression, en fonction de leurs choix, besoins, demandes, désirs. Et surtout, c'est en fonction de leurs capacités personnelles à utiliser la "boite à outils" thérapeutique que nous leur proposons que les personnes vont entrer dans le faire et l'action, ou interroger leur espace psychique intérieur, dans l'expression, l'introspection, l'élaboration psychique. Bien sûr, la distinction entre ces deux niveaux de thérapie sera aussi tributaire de nos capacités à accompagner le patient dans une action, une valorisation ou une expression médiatisée.