Après les moments de débriefing de la semaine de chacun des participants et l'éventuelle préparation d'une sortie, il reste souvent du temps. Pour permettre de créer du lien entre les participants, de petits jeux brefs sont possibles. Dans ce cas, c'est le jeu des naufragés qui a été intégré dans la séance, jeu où il s'agit d'imaginer avec de petits objets tirés d'une boite, ce que nous pourrions bien en faire pour survivre sur une île imaginaire. Depuis que les émissions de TV existent autour de ce sujet, les patients ont tendance à accrocher leur imaginaire sur cela, mais cela n’empêche pas de pouvoir jouer, projeter et imaginer des solutions de façon collective, fussent-elles improbables...
Séance 5
Cette séance a donc été préparée par un stagiaire de 3ème année, Adrien Canon, pour être proposée aux patients. Un travail de recherche d'informations a donc été fait par cet étudiant, en amont de la séance. Il a permis de recueillir des informations sur ce trouble, sa définition, ses limites et les traitements possibles. Il ne s'agissait en aucun cas de faire un cours aux patients sur ce trouble, mais d'être au clair de notre côté.
Durant la séance, l'animation proposée a été de type ETP, c'est à dire partant des savoirs des patients, de leurs ressentis, de leurs histoires, de leur interrogations. Globalement, la séance a permis aux deux personnes qui pensaient être atteintes de ce trouble, de constater pour l'un qu'il s'agissait d'un réel diagnostic ancien et que son trouble s'était amendé progressivement grâce a des sorties accompagnées et, pour l'autre, qu'il s'agissait d'un mot prononcé par un proche. Cette dernière, la jeune femme qui avait fait une crise d'angoisse après la sortie bowling, a donc été invitée a en parler avec son médecin pour préciser avec lui s'il était réellement question d'un tel trouble ou pas.
Une fois la distinction entre un trouble phobique et un sentiment d'insécurité réalisée, l'échange a pu se prolonger, en dérivant lentement vers un travail autour du regard de l'autre, autour des stratégies proposées par chacun et chacune. Il a été fructueux et intéressant. Des pistes proposées par des thérapeutes ont été évoquées par l'étudiant et soumises à l'analyse des patients. Il reste important que ces pistes thérapeutiques viennent s'inscrire comme des possibilités et pas des injonctions, qui ne sont, de toute façon, pas toujours suivies...
La conclusion de cette séance a été qu'une excellente stratégie était la confrontation à ses propres peurs (stratégie du groupe) faisant écho aux stratégies d'immersion proposées par des thérapeutes en cas de phobie (avec échelle d'angoisse et techniques de respiration). Et plutôt qu'une tentative "sérieuse" et de type thérapeutique, qui de toute façon n'avait pas sa place puisque nous n'étions pas dans un cadre de soin psychique, le groupe a décidé d'aller "s'immerger"...à la foire attractive!
Séance 6
La semaine suivante, une sortie foire a donc eu lieu, au grand plaisir de tous les participants et participantes. "L'immersion" aura été un succès et le constat de toutes les personnes mettra en évidence que le plaisir a permis de passer outre la peur du regard de l'autre. La jeune femme dont la crise d'angoisse avait été à l’origine de ce travail a fort bien supporté cette sortie, plus sécurisée dans un groupe qu'elle connaissait un peu mieux et préparée par la séance de mise en mots préalable. L'agoraphobie a quitté le champ de ses mots, dans la parole du psychiatre qui a confirmé qu'il ne s'agissait pas de cela et surtout, dans son vécu de la sortie foire, entre un bracelet gagné à un jeu et un délicieux nougat, comme consolation orale...