L’une des premières questions posées dans la séance proposée, est de savoir si les personnes se considèrent comme "douloureuses chroniques" ou si elles ont le sentiment « d’avoir une douleur ». Souvent les personnes entendent cette question en termes de temporalité, c’est-à-dire de savoir si elles ont mal tout le temps ou non. Cette première information est déjà importante en soi, mais la réponse nous importe moins que le travail psychique ainsi proposé aux patients, par une interrogation qui peut donner du sens à ce qui est vécu…Il s’agit d’une externalisation, proposant au patient de ne pas être totalement identifié à sa pathologie. Ce terme nous est proposé par les thérapies brèves. (P. Aim, 2015).
Dans toute la demi-journée d’HDJ, l’idée qui se tisse dans les interventions, reste celle du fait que la douleur est quelque chose de complexe, de multifactoriel et qu’il est donc nécessaire de se connaitre et d’écouter son corps et pas uniquement de lutter contre la douleur. La notion de complexité doit donc apparaitre, pour aider les personnes à intégrer le fait qu’il n’y ait pas qu’une seule cause et pour laquelle donner un traitement simple et ciblé. Le schéma suivant montre aux personnes cette notion de complexité et initie un dialogue possible sur les causes supposées de leurs douleurs, causes attribuées par les patients eux-mêmes.
Pour cela, il aura fallu, au préalable, décentrer les personnes de la douleur, expliquer, nommer et déconstruire peu à peu l’idée que c’est la médecine qui va tout régler… Les personnes ont souvent l’habitude, en effet, d’apporter un symptôme à leur médecin et d’attendre la résolution de ce problème par le praticien. Or, la philosophie, ancrée dans toute la séance, est celle de prendre soin de soi et d’augmenter le plaisir. L’explication métaphorique donnée, est que notre cerveau, pour cesser d’envoyer des informations de douleur, de stress, d’anxiété, doit cesser de croire qu’il y a danger. Ce message métaphorique est très bien reçu par les patients et les hormones du plaisir n’ont plus à démontrer leur efficacité... Ancrer le sentiment de détente et de plaisir dans la mémoire du corps permet aux personnes de ne pas rester uniquement centrées sur la lutte contre la douleur.
En ce qui concerne le processus de changement, Nous commençons par la notion d’un changement de comportement. Il s’agit, en effet « juste » de modifier des habitudes, des routines, des façons de faire dans la vie quotidienne...Et ce mot « juste » n’est pas anodin, car les réactions des patients et patientes sont parfois vigoureuses ! « Mais vous ne vous rendez pas compte de tout ce qu’il faudrait faire ou ne pas faire TOUS LES JOURS... ».
Nous soutenons alors l’idée qu’il s’agit, avant tout, de prendre soin de soi et que seule la personne elle-même pourra le faire. Cette bascule d’une attente de la disparition de la douleur (faite par un médecin efficace, expert et pour le moins attendu comme tout-puissant), à une vision d’un nécessaire changement de façon de vivre, ne va pas sans protestations, résistances voire même oppositions, qu’il faut pouvoir contourner progressivement pour aider la personne à entrer dans une résilience possible.
Des métaphores visuelles et verbales viennent étayer les échanges. Ainsi, l’image de l’arbre, retrouvée à plusieurs reprises vient donner une représentation à la notion d’ancrage des changements dans la mémoire inconsciente du corps. Toute la séance est donc une exploration, pas à pas, vers l’idée d’un pouvoir d’agir sur soi-même pour aller vers le changement. Notre dernière diapositive reprend l’essentiel de nos intentions globales liées à l’éducation à la santé, qui est de proposer aux personnes de se prendre en main, de s’écouter et de se faire plaisir.
Un article écrit en janvier 2023 par Muriel Launois
A visée d'une éventuelle publication, un jour peut-être
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