Phase Origami
Une découverte collective du pliage de l’origami de la cigale, le seul origami qui permet à chacun d'aboutir à une cigale unique et toujours différente de celle des autres. La fiche technique est personnelle et permet de se référer aux étapes proposées. Elle peut ensuite être conservée par la personne, qui pet souhaiter refaire ensuite seul(e) ce pliage. L’enseignement du pliage se fait en groupe, par une démonstration réelle, permettant le lien entre fiche technique et réalité. Ce passage du 2D au 3D est parfois complexe pour certains patients et s'inscrit comme un moment faisant appel à des capacités cognitives. Une discussion est ensuite proposée autour de la cigale réalisée, qui peut être libre lorsque les personnes présentes peuvent verbaliser et associer facilement, ou centrée autour d’une phrase simple : « Êtes-vous plutôt cigale ou fourmi ? ». La fable de La Fontaine est d'ailleurs souvent citée, nous ramenant un peu à notre propre culture.
Phase Haïku
De nombreuses phrases sont préparées, découpées et étalées sur la table. Chaque personne en choisit 3, ce qui nécessite un temps de lecture. Une autre possibilité est de proposer de tirer des phrases au sort, pour s'en remettre au hasard et constater combien il est possible de trouver, parfois, du sens malgré tout. Il est ensuite proposé de coller la cigale sur une feuille de couleur et de ré-écrire les 3 phrases aux côtés de la cigale. Une atmosphère est ainsi créée. Les feuilles sont affichées et ce sont les autres personnes qui en parlent. Le créateur ou la créatrice de cette poésie parle en dernier et réagit à ces propositions offrant différentes visions de la même chose.
Introjection
Ce jeu va permettre un premier temps de distinction de soi au sens d'une identité personnelle. En effet, la cigale n’est jamais identique et permet une première projection de soi. Si la cigale est plus maigre, ou si elle a les ailes plus déployées, si elle est en posture ressentie comme un envol, une descente vers le sol voir une chute, ou si elle semble plutôt statique, chacune et chacune est à même de le voir. Par contre il est souvent plus difficile de faire du lien entre une petite cigale de papier et la personne elle-même. C'est la la dimension métaphorique ludique qui peut déclencher une parole créant du lien entre la personne et sa cigale, même lorsque nous demeurons dans un simple constat. Lorsqu'une jeune fille anorexique s'exclame: "Ma cigale est bien dodue" et que le groupe entier rit de cette remarque, il n'y a nul besoin de grandes explications ou interprétations, pour qu'elle entende que cela a du sens dans son histoire...Ce lien se fait le plus souvent de façon spontanée. Cette première étape, qui pourrait presque ressembler à un exercice cognitif, gagne à ne pas demeurer dans un aspect d'apprentissage et de réussite. Les notions d'aide entre les personnes, de fiches extérieures référentes ou d'aide par la thérapeute qui réalise elle-même une cigale, sont autant de pistes possibles, enrichissant la palette de source d'identification possible. L’utilisation de modèles propose donc une expérience dans le registre d'une identification à une norme sociale, mais comme la cigale est toujours unique et que les phrases composent un texte lui aussi unique, cette identification n’est pas dans une intention normative et permet d’affirmer une identité personnalisée. Il est donc très intéressant, lors de l'expression, d'écouter ce que les personnes ont à dire sur ce qui leur permet de se différencier. Est-ce vécu comme un danger? Une inquiétude? Un plaisir? Une revendication? Un désir? Cette cigale, unique par sa forme, sa taille, sa couleur, permet de se différencier d’autrui, de s’affirmer. Il devient possible de commencer à oser une parole sur son « côté cigale » personnel, même si pour certains et certaines, c’est la fourmi qui n’est pas très loin… Le choix des phrases va proposer lui aussi, une possibilité d'intégration en soi, d'appropriation personnelle de quelque chose venu de l'extérieur, d'introjection. En effet, même une personne qui ne peut pas choisir en raison d'un doute, d'une lenteur ou d'un apragmatisme, peut piocher des phrases au hasard. Une fois la cigale collée sur la feuille, les phrases sont alors ré-écrites à ses côtés, personnalisées là aussi, non seulement par le choix, mais par l'écriture de la personne. (voir identification projective chez Mélanie Klein).
Projection
Les feuilles une fois affichées, une distance devient possible. Ce temps est garant du fait que, symboliquement la personne entende qu'il ne s'agit pas e faire pour faire, ou de faire pour réussir ou être reconnu, mais de faire pour donner du sens et créer du lien. Un temps de lecture groupale peut alors avoir lieu, soit proposé par la personne qui a créé l'association cigale et mots ou par l’ergothérapeute si la personne ne souhaite pas le lire. Ensuite, ce sont les autres personnes qui sont invitées à interpréter, à analyser, à imaginer, à mettre des mots sur ce qu’ils ressentent du message, de l'ambiance ainsi crée par l’association cigale-phrases. Il est remarquable alors, de constater à quel point ce que nous disons de l'autre parle en fait de nous...Les mots posés pour permettre ce temps de rêveries sont important à bien choisir: "Imaginez qu'il s'agit d'un message qui vous est adressé ou d'une création dans un musée que vous admirez, laissez vous porter par votre ressenti, vos intuitions, le sens que vous pouvez vous, lui donnez, comme si vous vouliez deviner l'intention du créateur, de la créatrice". Il est possible de parler d'une ambiance, d'une atmosphère, pour permettre aux personnes d'entrer dans un temps de contemplation, d'intégration, d'écoute sensible et sensorielle. Cela qui est dedans peut advenir au dehors, puis revenir au dedans. La mode est à la méditation en pleine conscience...Profitons en.
Ce choix de laisser parler l'autre a été fait principalement pour permettre d'aller dans l'association d'idée et pas dans l'explication. En effet, lorsque la personne parle de son propre texte, nous sommes bien souvent dans le domaine du conscient, de la rationalisation, du cognitif et de la compréhension apparente. Et ce n’est absolument pas là que les choses se jouent…La projection la plus personnelle et la plus inconsciente, se fait dans ce qui est dit sur ce que l’autre a fait. En effet, comme apparemment il n’est pas question de soi-même, la projection est plus aisée et vécue comme ludique. C’est la théorie de l’ellipse : tout semble se jouer dans l’un des foyers de l’ellipse (conscience) et tout se joue en fait dans l’autre foyer (inconscient) à notre insu. Il reste au thérapeute à sentir ce qu’il faut parfois souligner ou ne surtout pas dire pour laisser la personne découvrir cette dimension de la projection de soi, mais en douceur. De plus, le fait que les phrases soient choisies et non pas écrites par la personne elle-même, va encore plus facilement favoriser une projection vécue comme moins dangereuse. En effet, il est toujours possible de dire et de se dire, que les mots viennent d'un autre et de les re-situer, à tout moment, dans un extérieur à soi. Il devient donc possible de "tout" dire et de "tout" imaginer, avec moins de sentiments d’intrusion ou de peur d'un dévoilement de soi trop intime.
Ce temps de jeu graphique a été imaginé en 2010 par Muriel Launois. Vous pouvez vous en inspirer, en trouvant votre propre style