Une alliance thérapeutique
L’alliance thérapeutique est un concept qui nous vient de Freud, défini en 1913. Pour lui ce terme soulignait la nécessitait d'une relation forte entre patient et thérapeute, avec l'importance d'une compréhension bienveillante et surtout d'un véritable intérêt porté au patient par le ou la thérapeute.Il soulignait alors les notions de collaboration et d'obligation réciproque. Mais c'est bien sûr Carl. Rogers qui o donné ses lettre de noblesse à cette idée d'une alliance bienveillante. C'est lui qui a donné naissance à la relation d’aide dans laquelle les notions de présence, d'écoute, de non-jugement, de considération positive inconditionnelle et surtout l’empathie, sont devenus des jalons essentiels pour les soignants qui se réclament de ce modèle. Issu du courant humaniste, il a développé ces concepts bien connus à présent. L'utilisation de la reformulation (redonner à la personne une reformulation de ce qu'elle a dit pour qu'elle puisse poursuivre sa propre parole et ne pas juste répondre à nos questions) est l'une des façons de considérer que la personne a des capacités d'évolution et qu'elle va pouvoir les développer. "Tout individu possède le potentiel pour trouver sa propre réponse à ses difficultés".
Le terme d'alliance contient aussi en lui-même la notion qu'il faudrait faire alliance contre quelque chose ou quelqu'un, et en l’occurrence, sur un plan symbolique le ou la patiente peut alors l'entendre comme une lutte ensemble contre sa souffrance. Se mettre ainsi du côté de la personne va permettre d'engager cette alliance qui est nécessaire à obtenir de la part du patient pour pouvoir travailler avec lui ou elle. Lui donner le choix et se centrer sur son projet de vie, sont donc des éléments déterminants pour favoriser cette alliance. Elle va dépendre de plusieurs choses, la degré d'engagement du patient, sa motivation et aussi de notre capacité à créer du lien de confiance. L'alliance thérapeutique s'appuie sur la notion de coopération mutuelle, de partenariat entre le patient/client et le ou la thérapeute, dans le but d'atteindre des objectifs fixés ensemble après une négociation avec la personne. La notion d'alliance repose sur le fait que deux personnes contractent un engagement réciproque, un contrat moral, qui demande que chacun de deux protagonistes s'engagent de façon active, consciente, délibérée, libre, positive, etc...L'alliance thérapeutique est tripartie, entre patient, thérapeute mais aussi institution.
Nous voyons donc d'emblée, les limites que la "psy" va imposer à cette alliance, oscillant entre le déni des troubles, les bénéfices secondaires à certaines situations, les résistances inconscientes au changement, les oppositions conscientes ou inconscientes, les transgressions, etc...Parfois, lors d'une hospitalisation, le simple fait d'obtenir une alliance thérapeutique peut devenir le seul et unique objectif, avant de pouvoir proposer d'autres objectifs de soin. Et il faut parfois plusieurs hospitalisations, notamment dans le cas de la psychose ou des addictions , avant de pouvoir entrer dans une véritable alliance, toujours susceptible de se délier à tout moment. C'est donc de notre côté qu'il sera important de veiller à construire et surtout maintenir cette alliance, sans jamais considérer que si le patient rompt cette coopération, c'est une faute à sanctionner ou une décision volontaire. Les conflits intra-psychiques inconscients de la personne, ses symptômes délirants ou ses appétences pour des addictions et des toxiques sont autant de motifs d'une telle rupture. Il convient donc de ne pas se lasser et de continuer à proposer cette alliance, cette coopération, témoignage de notre désir d'aider l'autre et de nos bonnes intentions thérapeutiques.