Avant   même d'être dans le peau à peau maternel,   l'enfant est dans un bain   sonore intra-utérin: bruits du corps, paroles   de la mère et de   l'entourage, musiques extérieures, etc...Certains   auteurs comme   Tomatis pensent que c'est la première enveloppe   corporelle, avant même   la constitution du moi peau de D.Anzieu. Le moi   sonore serait donc   le moi le plus archaïque.  "L'enveloppe sonore du soi" , décrite par D.Anzieu, nous   explique comment le bain sonore proposé en relaxation, aussi bien par la   voix que par la musique, va rejoindre des expériences très anciennes et   s'adresser à l'enfant intérieur de la personne. Pour D.Anzieu cette   enveloppe sonore est un organisateur du Moi, encore plus précoce que celui de l'image de soi.
                                        La voix
                      
                                                       La voix qui enveloppe
                                            La voix a une fonction archaïque d'apaisement. Souvent les relaxants y sont très sensibles indiquant   que la voix apaise, enveloppe, contient, rassure. Certes le ou la   relaxologue utilise des mots pour proposer un fil conducteur   organisateur et qui a du sens, mais avant tout c'est la sonorité qui est   au premier plan. Le premier « bain sonore » proposé est celui de la voix de la     thérapeute. La voix vient proposer une première enveloppe extérieure. La     tonalité de la voix en relaxation est particulière, relativement     monocorde, douce et ne doit pas entrer, imposer, faire intrusion. 
                      
                      La     voix est elle-même enveloppante et respectueuse de la personne, de ses     limites, de son sentiment de sécurité et de sa capacité à faire     confiance à autrui. La voix de la thérapeute est souvent perçue, au     départ, comme l’un des éléments fondamentaux de la détente. Cette     dimension sonore semble parfois plus importante que le contenu des mots     et des invitations guidées. Certains n’entendent plus qu’une sorte de     ronronnement agréable, au-delà de la signification des mots, qui leur     impose une concentration parfois trop importante pour eux. Ce   sentiment   peut être relié, sans peine, à ce fantasme de bonne mère qui   les berce…. 
              
                                      
                             La voix qui nomme 
                                      La sonorité de la voix a son importance, mais ce qui est dit aussi. La voix qui donne corps va nommer chaque partie du corps pour les relier. C'est     une première mise en lien pour donner corps, rassembler, mettre     ensemble des parties qui ne tiennent pas toujours entre elles. Il s'agit     là d'une consolidation du schéma corporel. Cette connaissance     intellectuelle des parties du corps ne fait pas défaut, le plus souvent,     mais ce qui relie, ce qui donne corps n'est pas toujours perçu. Ce     travail vient contribuer à étayer la fonction d'inter-sensorialité du     moi-peau déjà décrite. 
                      
                      La thérapeute propose donc     une guidance, une mise en lien entre les différentes zones du corps,   en   s’appuyant sur un rituel, retrouvé à chaque séance. L'un des rôles   de la   mère consiste à mettre en mots ce qui est sensation, pulsions,     émotions, et à les lier avec des réponses justes. Cette capacité est     retrouvée, en écho, dans la parole des thérapeutes corporels. En effet,     la mise en mots est déjà assurée par le ou la thérapeute, avant de     pouvoir être faite par le ou la patiente. 
                              
                              Ce     constat confirme la nécessité de ne pas imposer les" bonnes" sensations   à   ressentir, prévues à l'avance, au lieu d'être à l'écoute de ce qui     émerge vraiment, même si c'est de la douleur ou de la tristesse. Il   est   toutefois nécessaire, surtout pour les personnes psychotiques de   donner   des exemples de ce qui peut être ressenti après un massage:   sensation de   chaleur, de souplesse, de lourdeur, en précisant que cela   peut être   l'inverse et très différent selon chacun. C'est une   invitation à   intérioriser et nommer les sensations, nécessaire à   étayer , en   particulier, dans le cadre de la psychose. C’est de ses propres capacités à contenir, à     faire   tenir ensemble sensations et mots, que vont surgir des occasions       d’expérience à intégrer pour les relaxants. 
                
                  
              
                         La voix qui révèle
                                                                  La     qualité de la voix et sa façon d’être utilisée dépend de la qualité     d’être de la thérapeute. La voix vient exprimer     quelque chose de l’être profond, avec laquelle il est bien difficile de     tricher Savoir poser sa voix n’est pas un simple exercice sonore mais     donne à l’autre une image très claire, même si elle est inconsciente,   de   notre être, de notre état du moment, de notre savoir être. C’est   avant   tout sur cette qualité que vont pouvoir s’appuyer voir   s’identifier, les   relaxants. La voix     participe à une  alternance entre   dedans et dehors, guidance par     autrui et découvertes personnelles.   Elle peut être vécue comme support,     référence, soutien, provoquer   des sentiments de soumission, de     résistance, d'opposition ou   d'invitation à découvrir son libre arbitre. 
                                  
              
                       La voix qui entre
            Il faut aussi se souvenir que cette   voix lente, si   particulière aux thérapies corporelles, est un élément   extérieur à la   personne. Et si la voix de la thérapeute "entre" de   manière réelle dans   les oreilles du sujet, qu'en est-il dans son   imaginaire? Cette dimension   "pénétrante" , en dehors de toute   préoccupation du sens des mots   prononcés, n'est pas sans soulever   maints fantasmes qu'il convient   d'interroger et de repérer   soigneusement.                                      
                                                                            - 	Pour les personnes névrotiques, dépressives, anorexiques ou états-limites, la dimension d'enveloppe maternante     ou maternelle peut être retrouvée et participer à l'aspect régressif     positif de la relaxation , mais d'autres dimensions entrent en œuvre,     parfois articulées autour de la sensualité ou de la sexualité. Ces     dimensions sont toutefois, rarement abordées et conscientes. Des demandes d'enregistrement de la voix de la thérapeute viennent parfois témoigner d'une attente
 
                                                                            -       
	Pour les personnes psychotiques cette     dimension de la voix peut offrir de multiples occasions de ressentis   et   d'interprétations délirantes. En effet, pour ces personnes   l'existence   même d'un dedans différencié d'un dehors est remise en   cause. La voix de   la thérapeute peut être ressentie comme ayant une   action quasiment   magique à l’intérieur d’eux-mêmes, comme possédant   une sorte de pouvoir,   type gourou, une toute-puissance, une autorité,   une sagesse, une personne capable de les hypnotiser ou d'avoir de l'emprise sur eux, etc..... La   voix peut sembler   désincarnée, exister en soi comme une entité   persécutrice (en version   négative) ou agréable (en version positive),   être l'émanation d'une   mère toute-puissante qui pourrait   fantasmatiquement, prendre le   pouvoir au dedans, hypnotiser et se   rapprocher des voix persécutrices   projetées au dehors des patients, dans   une confusion dedans dehors.   Des réactions de rejet, d'opposition, de   violence, de peur d'être   manipulé, téléguidé, peuvent alors surgir. Si   un   tel vécu délirant existe, il semble difficile de pouvoir effectuer   un   travail cohérent avec le patient. En effet, nous ne pouvons pas nous     appuyer sur le sens des mots qui, pour les personnes psychotiques, ne     rejoint pas toujours le nôtre. pour eux, l'origine de la voix est plus     cruciale que le sens des mots.
 
              
              
              
              La musique
              
                 L'enveloppe sécurisante
                    Un autre « bain sonore », une autre enveloppe, est proposé par la musique. Elle est, le plus souvent ressentie comme une aide. Elle permet aux sujets renvoyés à une angoisse de vide, à un sentiment de solitude trop intense, de ne pas se sentir seul. Il est parfois insupportable pour des personnes de ne pas pouvoir déverser leur espace psychique dans l’autre ou de ne pas être défini par le regard d’autrui, ou de ne pas être rempli par les besoins des autres, etc…Cette enveloppe sonore peut recevoir les projections du vécu de la relation maternelle précoce, liée au sentiment d’être enveloppé ou non, de se sentir exister avec sécurité, de pouvoir être porté en toute confiance. La musique peut être utilisée comme un contenant sonore, étayage de la dimension de contenance de la peau et offrant une métaphore de l'enveloppe psychique. 
            
            La musique vient donc contribuer à la dimension de sécurité et de contenance, en offrant une enveloppe sonore qui devrait, idéalement, ne pas être intrusive. C'est à dire que les musiques sont douces, tant dans leur style que dans la sonorité. Elles viennent s'inscrire comme un fond sonore et non comme la médiation principale. Ces musiques ne visent pas à mobiliser des sentiments ou des émotions de façon active. Elles ne doivent donc pas être trop chargées, particulières, étranges ou dérangeantes. Mais la musique est loin de se limiter à cet aspect d'enveloppe sonore.
          
          
               L'influence de la musique
La musique vient soutenir le temps d’expérimentation personnelle, lorsque la thérapeute se tait. Elle est une enveloppe sonore rassurante, mais aussi un élément extérieur et bien perçue comme telle par les patients. Il est à remarquer que, souvent, l’écoute de la musique, l’intérêt exclusivement centré sur elle, au sens d'un décryptage des instruments ou d'une recherche de nom, de style, etc....peut souligner une difficulté à être en soi, à l’écoute de soi, en solitude face à soi-même. Toutefois, cette écoute d’un élément extérieur, si elle n’est pas trop intellectualisée peut permettre le réveil d’émotions, de sentiments, de souvenirs, d’images, et renvoyer alors, la personne à son espace intérieur. Cet élément extérieur va aussi "entrer" dans la personne. En témoignent des réactions diverses et variées face à des musiques ressenties comme agressives, violentes, agaçantes voir insupportables.
Le choix d'une musique témoigne, généralement, d'un état intérieur en adéquation avec la musique. Dans un dispositif de relaxation, c'est l'inverse qui est proposé: utiliser l'influence de la musique pour agir sur l'état de la personne. La musique est un objet sonore impalpable, que la personne ne peut pas manipuler par elle-même, ni choisir dans un tel dispositif. La musique est donc proposée comme un élément extérieur qui vient modifier l'intérieur. Si elle est trop forte, intrusive, les personnes ne peuvent la vivre comme une enveloppe rassurante. Une tonalité douce est nécessaire. Le choix des musiques n'est pas anodin. Elles sont généralement assez "horizontales", sans trop de temps forts ou scandés. Elles sont le plus souvent, émaillées de sons aquatiques, de chants d'oiseaux, de bruitages naturels.
          
Les questions qui se posent tournent autour de la façon de recevoir la musique. Certaines personnes se protègent en écoutant la musique avec leur connaissance intellectuelle, d'autres se laissent bercer, envelopper, porter, d'autres la laissent surgir en eux des images, souvenirs, idées. Selon les personnes c'est un peu comme si la musique allait les toucher plus ou moins en profondeur, dans leur espace intérieur, leur proposant encore une expérimentation du lien dedans et dehors.
          
          
               Les images induites
Des images peuvent alors émerger sur telle ou telle note, tel ou tel rythme. Les éléments sonores autres, tels que bruits de la nature, souvent aquatiques à type de torrent, cascade, mer, ou pluie douce, viennent stimuler encore plus cette imagerie qui peut s'inscrire sur cet apport extérieur. Il est parfois aisé de reconnaître quel élément sonore a induit une image. En témoignent ces patients: 
    "Le bruit de l'eau m'a fait penser à mon jardin où j'entends le bruit de la rivière et où je me sens bien". 
    "Le bruit de la mer m'a évoqué les vacances et j'étais bercé par les vagues, les pieds dans l'eau, à moitié allongé dedans". 
    "Les petits oiseaux m'ont rappelé mes vacances à la montagne, un moment où je pouvais prendre le temps" 
La musique peut aussi demeurer une sorte d'influence vague et globale pour les personnes, ce qui peut parfois brouiller les limites entre soi et cet élément extérieur. L'élément sonore vient favoriser des passages dedans dehors au sens où la musique influe sur la personne, mais si la personne n’a pas clairement conscience de la distinction entre moi et non moi, cet élément peut devenir source de confusion. Les musiques de relaxation, répétitives et flottantes, peuvent ainsi conduire à un sentiment de dé-corporation, de dissociation au sens de l'hypnose. C'est pourquoi, en présence de personnes très angoissées, psychotiques, des musiques plus mélodiques, avec un rythme donnant une référence peuvent être utilisées.
          
    "Ce genre de musique, ca détend, ca ramollit". 
    "C'est tout de même assez vide, il n'y a pas de mélodie à quoi s'accrocher."
    "Ca fait partir".
    "A la fois je l'entend et je ne l'entend plus". 
    "Cela me semble très, très loin, ailleurs, je ne sais pas où et je ne sais pas où je suis non plus." 
    « Les oiseaux, ils étaient dans la musique ou dehors ? »
        
        
        
        
          
  
    
                                                                                                          Les écrits de cet article sont la propriété intellectuelle 
  de sa créatrice, Muriel Launois et n'engagent qu'elle. (article datant de 2016)
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