L'éducation thérapeutique a le souci de remettre le patient au centre de la thérapie et, surtout, de lui proposer d'être acteur de sa thérapie. A priori, permettre à une personne de se responsabiliser, pour prendre en main sa thérapie, ressemble bien à nos intentions d'ergothérapeutes, d'orientation psycho-dynamiques ou pas. Toutefois, la dimension d'enseignement, parfois très scolaire, de groupes de réflexion et de discussion peuvent parfois s'éloigner de nos pratiques plus concrètes et inscrites dans la matière, avec des intentions projectives et donc sans prévoir ce quo va se projeter, se dire, se passer.
Comment pouvons nous nous y retrouver, sans nous transformer en des "enseignants de bonnes pratiques" que le patient serait censé mettre en ½uvre avec force et énergie pour s'en trouver mieux? Quand on sait combien les résistances et les freins sont puissants, tant au niveau conscient qu'inconscient, surtout dans les pathologies de l'addiction, cette notion d'éducation thérapeutique me semblait un v½u pieux pédagogique ou une conception optimiste de l'utilisation de la volonté. Il s'agissait (en 2012) de ma première rencontre avec l'ETP...sans formation préalable d'ailleurs.
Dans la mesure où les hospitalisations duraient 15 jours et que nous pouvions voir les patients plusieurs fois, nous pouvions aller au-delà des 2 heures de séance, le plus classiquement demandées au c½ur d’une équipe pluri-disciplinaire. Les demandes des deux médecins présents pouvaient sembler un peu contradictoires, l'une attendant une valorisation des patients dans des petits objets artisanaux, et l'autre attendait au contraire une expression médiatisée pouvant soutenir la psychothérapie entrepris par certains patients. Pouvoir se situer entre deux demandes contradictoires était donc un challenge...
De plus, lorsque la psycho-dynamique nous tient à c½ur, une autre question peut émerger rapidement: Et l'inconscient la-dedans? Reste t-il une place pour le domaine de l'inconscient, pour l'expression des fameux conflits intra-psychiques, pour le sujet et son désir personnel qui ne s'inscrit pas toujours dans les critères normatifs d'une société qui nécessite des capacités d'adaptation importantes? Qu'en est-il du sujet et de sa singularité? Ce sont ces questions qui m'ont amenée à réfléchir sur la possibilité d'un positionnement "raisonnablement psycho-dynamique" au c½ur même d'un dispositif d'éducation thérapeutique.
J'ai donc développé deux séances:
- une autre séance plus cognitive (tout en essayant de conserver un sens métaphorique) qui a été assortie d'un travail en équipe sur un carnet de route.
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Merci d'avance d'en respecter l'esprit. (article de 2012)