L’activité de détente corporelle est proposée aux personnes hospitalisées, lors de leur accueil réalisé par l’une ou l’autre des ergothérapeutes. Cet atelier fait partie des activités qu’il est possible de choisir librement, en ce qui concerne les sujets névrotiques, dépressifs, anorexiques ou états limites. Pour les personnes psychotiques, il est important d’avoir dépassé la phase aiguë et que les patients supportent d’être contenus dans une salle durant une heure trente. Laisser le choix du type d’activités thérapeutiques aux patients, situe la thérapie d’emblée, comme engagée du côté du désir de la personne. Toutefois, il est à remarquer que les patients se situent plus du côté du besoin, de la demande, de la dépendance, de l’attente de guérison issue de l’extérieur. Avant d’explorer les contre indications et les indications par pathologie, penchons-nous sur ces notions.
Besoin et demande
La demande des patients pour ce groupe est très forte et les attentes souvent importantes. L’intentionnalité de détente des patients et de la thérapeute proposant la séance, s’affirme, le plus souvent, lors des temps de discussion avant la séance ou lors des temps d’accueil, incluant les fiches descriptives de l’atelier et les fiches d'entrée. Les attentes principales des personnes hospitalisées, portent donc sur l’espoir d’un mieux-être et d’une détente. Mais l’attente frise souvent la demande du remède miracle, rapide et ne nécessitant pas trop d’investissement personnel. Il est important de demeurer dans un état d’esprit permettant aux patients d’entendre ce qui se joue en eux, dans l’articulation psyché-soma.
Tout comme dans une psychothérapie verbale, répondre à la demande n'est pas une voie à employer en première intention. En effet, le véritable besoin de la personne se situe ailleurs. Le plus souvent il s'agit un besoin d'attention envers soi, de respect de soi-même, de la fameuse considération positive inconditionnelle prônée par Carl Rogers et surtout de besoins affectifs parfois démesurés. En aucun cas il n'incombe au ou à la thérapeute de combler ces demandes au risque que la personne ne puisse plus, alors, s'occuper elle-même de ses véritables besoins intérieurs qu'elle n'a pas encore décryptés.
Des demandes centrées sur des tensions musculaires émergent, fréquemment. Douleurs de dos, tensions à la nuque ou dans la zone lombaire, sentiment de carapace de tensions, insomnies, sont les plaintes les plus classiques. Ces tensions sont clairement reliées au stress, à la fatigue, à l’état dépressif, par les patients. Généralement, les sujets perçoivent aisément le lien entre certaines tensions musculaires et leurs difficultés psychiques, même s'ils n'en perçoivent pas toujours le sens symbolique.
Des demandes d’approfondissement de tel ou tel exercice, émergent parfois. Il s’agit soit d’un exercice particulièrement apprécié soit d’une séance complète s’étant révélée efficace pour certains soit la demande d’une musique vécue comme agréable. Au-delà d’une apparente demande d’apprentissage, vient se dire la possibilité de vivre un moment agréable, même dans un état de crise existentielle. Vivre un tel état, pouvoir le nommer, le reconnaître, l’exprimer et chercher à le retrouver, sont autant d’expériences importantes pour des personnes hospitalisées. La demande d’un exercice particulier est aussi l’occasion pour la personne de se dire sous l’angle d’une préférence, d’un choix. C’est une façon d’explorer une partie de son moi, d’essayer d’agir dessus et d’une certaine manière de le renforcer.
Il convient de ne pas répondre à ces demandes de façon directe et symptomatique, mais de façon métaphorique. Ainsi, les auto-massages à visée symptomatique, souvent réclamés, existent, mais ne peuvent être utilisés dans un dispositif de psychothérapie. Cela est clairement expliqué aux personnes qui en font la demande. Il s'agit donc de refuser cette position consistant soit à se charger du bien-être du patient, soit à lui donner l'illusion qu'un auto-massage suffirait à résoudre ses difficultés psychiques. En effet, il est important de se souvenir que c’est dans l’écart entre le besoin et la demande, dans cet interstice, que peut se glisser le désir.
Indications
Contre-indications
C'est principalement en ce qui concerne l'hypochondrie, une contre-indication peut se dégager, la plupart du temps, car la personne ne peut se distancier suffisamment de ses troubles et de son besoin incessant de contrôler, d’écouter, de vérifier. L’écoute des sensations, dans ce cas, ne fait qu’alimenter les perceptions perturbées et parfois délirantes.
Les personnes âgées démentes, les sujets en état maniaque, bénéficient également difficilement de cet atelier. Il est à noter que les personnes présentant une pathologie somatique grave (type SEP ou cancer) ressentent une angoisse massive à cause de ce voyage dans leurs sensations corporelles. Dans ce cas, des techniques plus adaptés peuvent être proposées. Les personnes psychotiques en état aigu d'angoisse de morcellement seront également inaccessibles à ce type de travail et il faudra attendre l'effet des neuroleptiques.
Les écrits de ce site sont la propriété intellectuelle de sa créatrice, Muriel Launois et n'engagent qu'elle. (article datant de 2016)
Il est possible d'utiliser tout ou partie des élaborations proposées, en citant vos sources.
Merci d'avance d'en respecter l'esprit.
|
|