L'un des principaux  concepts développé par D.Anzieu 
est celui du moi-peau .
                                                 Ce concept permet de  comprendre comment s'installe,
                                            progressivement ,un sentiment  d'existence distingué, sécurisé .
    
                                            Qui va permettre l'existence d'une  enveloppe physique 
                                            puis psychique personnelle. 
                                      Ce moi peau est décrit par Anzieu comme ayant 8 fonctions
   La  constitution du moi peau
              D.Anzieu  considère que le bébé, à la naissance, a un fantasme  intra-utérin, de fusion  primaire d'un retour au sein maternel. 
Puis,  apparaît le fantasme d'une peau commune à la mère et à l'enfant ,  qui favorise une communication en empathie réciproque. Les enfants  qui ne peuvent accéder à ce fantasme, se protégent de l'extérieur  dans un fantasme d’œuf clôt , l'enveloppe autistique, tant  l'extérieur est vécu comme insupportable. Si l'accession au  fantasme d'une peau commune est possible, alors une interface mère  enfant se crée, qui va permettre d'ouvrir ce système de plus en  plus. Il convient alors que l'effacement de cette peau commune ait  lieu pour permettre à chacun, la reconnaissance de sa propre peau.  
L'entourage maternant apporte une  enveloppe externe et il ne doit pas  être trop envahissant pour que l'un des moi de l'entourage maternant  ne se substitue pas à celui de l'enfant, sinon c'est la psychose.  Cette enveloppe externe doit laisser la place à l'enveloppe interne,  la peau du bébé. Elle sera ensuite intériorisée, devenant monde  intérieur des affects, des sentiments, des pensées, des images.  
Dans la relation mère enfant, l'enveloppe  interne, elle, est la peau de  l'enfant. Le corps du bébé est le lieu et l'instrument d'émissions  de messages: "Être un moi, c'est se sentir la capacité  d'émettre des signaux entendus par d'autres". L'entourage, en  reconnaissant les signaux du bébé, de façon cohérente et adaptée,  lui permet d'avoir une confirmation de son individualité. "Etre  un moi, c'est se sentir unique". 
L'écart entre  l'enveloppe externe et interne est aussi nécessaire pour que  l'enfant puisse choisir de ne pas communiquer. Car "avoir un  moi, c'est pouvoir se replier sur soi-même". 
                Lorsque  l'interface mère enfant  a été suffisamment bonne, (mère  enveloppe externe et peau de l'enfant enveloppe interne) elle est  progressivement intégrée au dedans de l'enfant, intériorisée. Il  peut alors développer une enveloppe psychique contenante des  contenus psychiques. Cette enveloppe permettra l’existence d’un  monde intérieur des affects, des sentiments, des pensées, des  images.
Les  8 fonctions du moi peau 
              D.Anzieu  a mis en évidence le fonctionnement analogique de la peau et du moi.  Il en a fait une construction personnelle et a développé la notion  de moi-peau. Cette notion met en évidence l’existence de fonctions  fondamentales , toutes étayées sur le fonctionnement de la peau  mais entendues ensuite dans une  dimension métaphorique. Ces huit  fonctions du moi-peau décrits par D.Anzieu, peuvent permettre une  recherche et une meilleure compréhension des processus  thérapeutiques à utiliser, peut-être plus particulièrement en  thérapie psycho-corporelle. 
                                                                                      -                                                         
La fonction de  	maintenance du  	psychisme. Cette fonction est liée à ce que Winnicott a nommé le  	holding, la façon dont la mère porte l'enfant, la façon dont elle  	soutient le corps du bébé. La fonction psychique de maintenance se  	développe en intériorisant cette façon de porter. La pulsion  	agrippement du bébé entre en jeu et c'est le holding de la mère  	qui va ou non sécuriser l'enfant. Cet appui maternel extérieur,  	avant même que l'enfant puisse se redresser par lui-même est  	garant de la possibilité d'intérioriser un sentiment d'unité et  	de solidité. D.Anzieu parle "d'une identification primaire à  	un objet support contre lequel il se serre et qui le tient". Une  	partie de la mère est intériorisée, en particulier les mains qui  	tiennent. Cet appui n'est possible que si sont assurées "des  	zones de contact étroit et stable"  ainsi que " à  	la périphérie de son psychisme, un encerclement (...) par le  	psychisme de la mère". Ce sentiment permet de constituer un  	premier axe corporel, de l'ordre de la verticalité, de la lutte  	contre la pesanteur, axe contre lequel peut s'appuyer l'enfant. Tout  	comme l'enfant prend appui sur sa colonne vertébrale, il  	intériorise en lui, une colonne vertébrale psychique, un premier  	axe mental organisateur.
 
                                                                                                                -                                                         
La fonction de  	contenance.  	Cette fonction est liée principalement, à la fonction maternelle  	du handling. Elle est la façon dont l'enfant a été touché. "La  	sensation -image de la peau comme sac est éveillée, chez le  	tout-petit, par les soins du corps appropriés à ses besoins, que  	lui procure la mère". De même que la peau enveloppe tout le  	corps, le moi-peau vise à envelopper le psychisme dans sa totalité,  	comme une écorce. Le moi-peau, vécu comme une écorce, nécessité  	un noyau qui est le ca. Il faut des pulsions à contenir pour que le  	moi-peau soit contenant.   	
 
                                                                                                                -                                                         
La fonction de  	pare-excitation.  	C'est la mère qui doit assurer le rôle de pare-excitation  	auxiliaire. C'est à dire savoir protéger l'enfant contre les  	agressions physiques et les excès de stimulations. Puis ensuite, la  	peau de l'enfant pourra assumer cette fonction quand l'étayage  	personnel sera suffisant.   	
 
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La fonction d’inter-sensorialité.  	La peau est une surface porteuse de différents organes des sens  	qu'elle relie entre eux. Le moi-peau est une surface psychique qui  	relie les sensations de différentes natures et permet de faire un  	lien entre elles, sur fond d'enveloppe tactile. Ce fond commun permet  	de donner un sens commun à toutes les sensations réunies. La peau  	est une toile de fond. Si cette fonction fait défaut, c'est  	l'angoisse de morcellement, avec le fantasme que chaque organe peut  	fonctionner pour lui-même, de façon anarchique.   	
 
                                                                                                                -                                                         
La fonction de  	soutien de  	l’excitation sexuelle.  	"La peau du bébé fait l'objet d'un investissement libidinal  	de la mère. " Le moi-peau reçoit cette énergie et devient  	une enveloppe d'excitation sexuelle globale . Dans le cas d'un  	développement normal, sur cette surface globale réceptive, vont se  	distinguer des zones clefs, les zones érogènes qui seront  	localisées. La différence des sexes peut alors être reconnue et  	leur complémentarité expérimentée et souhaitée.   	
 
                                                                                                                -                                                         
La fonction de recharge  	libidinale du fonctionnement  	psychique. Le moi-peau assure la répartition de  	l'énergie dans les différents systèmes psychiques et le maintien  	de la tension énergétique interne. Les angoisses produites en cas  	de raté sont de type peur d'explosion psychique en cas de surcharge  	(type épilepsie) ou l'angoisse du nirvana, accomplissement du désir  	et tension zéro.   	
 
                                                                                                                -                                                         
La fonction d’inscription  	psychique des traces sensorielles. La  	peau permet d'avoir des informations sur l'extérieur en termes  	extéroceptifs (organes des sens cutanés du toucher, chaleur,  	douleur). Cette fonction est liée à l'object présenting de  	Winnicott). Le moi-peau remplit aussi une fonction d'inscription de  	ces traces. Elles s'inscrivent dans un cadre  	biologique, comme une écriture pré verbale originaire, dont la  	peau garderait plus ou moins la trace réelle ou imaginaire, faite  	de traces cutanées. "Un premier dessin de la réalité  	s'inscrit sur la peau", permettant d'être informé de cette  	réalité. Si ces traces ne sont pas tout à fait intégrées, il  	est possible de les retrouver dans des manifestations telles que  	scarifications, tatouages, piercing, comme pour mieux conserver  	et/ou exhiber des cicatrices, des traces de vie, des ébauches de  	signification, des appartenances culturelles ou raciales.
 
                                                         
                                                        Cet  article est une "digestion" personnelle de concepts  psycho-dynamiques,
eux-même  issus de publications, de livres, d'articles, de lectures  diverses.
Les  éventuelles erreurs n'engagent que la responsabilité de la  créatrice du site, 
                    Muriel Launois. (article de 2008)
                           
                              
                                                  
			
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