L'une de nos références parmi les plus pertinentes, certes sous un angle psycho-dynamique de moins en moins reconnu, reste la notion de transionnalité issue de Winnicott, sur laquelle nous pouvons nous appuyer et qui a été fondatrice de notre compréhension de l'ergothérapie en psychiatrie.
Voir aussi un powerpoint de résumé .
Isabelle Pibarot dans son livre "Une ergologie", (2013, éditions De boeck et Solal.) redonne ses lettres de noblesse à la transitionnalité de Winnicott, qui demeure un des modèles inter-disciplinaires sur lequel nous pouvons prendre appui. Elle nous rappelle combien le modèle de Winnicott est important et elle développe amplement le concept de transitionnalité et son importance dans la compréhension de notre pratique. Elle parvient même dans ses écrits, à donner du sens à deux prises en charge, l'une en fonctionnel et l'autre en psychiatrie. Cette démarche intégrative et holistique située du côté du sujet dans sa dimension psychique (au sens d'une histoire singulière), accompagne la démarche actuelle de l’ergothérapie qui tend à chercher des modèles intégratifs et holistiques du côté de l'activité.
Nous pouvons constater que cette lignée "Winnicottienne", elle, nous permet une lecture tant dans le fonctionnel que dans la psy, même si pour cela il a fallu que ce soit Isabelle Pibarot, devenue psychanalyste, qui puisse le théoriser. Peut-être manquons nous tout simplement d'une formation plus clairement approfondie dans ce domaine? Ou peut-être la tendance actuelle demeure t-elle dans des eaux plus de surface, plus comportementales et donc plus faciles à comprendre, voir parfois plus rassurantes pour nos volontés conscientes. La question qui va se poser dans les années à venir sera de savoir si oui ou non, les ergothérapeutes travaillant en psychiatrie vont pouvoir se doter d'un corpus de textes de réflexion...Cette "lignée" d'ergothérapeutes plus "Winnicottiens", s'intéresse à ce qui se joue dans l'espace intermédiaire entre dedans et dehors de soi. (voir Intérêt d'un modèle psycho-dynamique.
Dans cet entre deux où se situe la médiation, et où tout se joue, une lecture de ce qui peut se passer en thérapie est alors possible, une vision autour de trois espaces: dedans, intermédiera et externe.
- un espace interne : c'est la notion de l'humain, du sujet, de la personne, vu sous l'angle particulier de la psyché et de intrapsychique en psy, mais il est tout à fait possible, d'y ajouter les dimensions somatiques, cognitives, corporelles, fonctionnelles, etc..selon l'angle sous lequel nous travaillons.
- Un espace intermédiaire, héritier de l'espace transitionnel de Winnicott, au sens où cet espace sépare ET relie, le dedans et le dehors de soi. C'est dans cet espace que vont se dérouler les actions, activités d'occupation, ludiques, médiations créatives et d'expression de soi ou activités de la vie quotidienne.
- Un espace extérieur où toutes les interactions sociales, familiales, inter-relationnelles diverses et variées, les composantes environnementales les plus diverses, vont trouver leur place.
Une vision qui me semble faire écho est développée dans le livre de Sylvie Meyer, reprenant les travaux de terminologie et de définition du groupe Enothe (réseau européen des écoles d’ergothérapie), où il est question selon eux de l'espace interne du faire et de l'espace externe du faire.
Cette vision en trois espaces se retrouve également dans celle des sciences de l'occupation proposant 3 niveaux: l'individu, l'activité et l'environnement. Cette structure à penser semble traverser bon nombre de nos modèles en ergothérapie et nous offre une grille de lecture commune. Il me semble y retrouver l'héritage de Winnicott, même si ce dernier semble lui, un peu oublié dans les références des modèles ergo.
Certains ergothérapeutes, en psychiatrie ou en fonctionnel, vont pouvoir tourner leurs regards, à partir de l'espace intermédiaire, plutôt vers le dedans ou le dehors...Libre à nous ensuite de nous centrer plus sur l'espace interne (avec des références de type psycho-dynamique Freudienne ou autres, en psy), de nous centrer plutôt sur l'espace intermédiaire (Avec Winnicott et tous ceux qui travaillent sur les processus de passage entre dedans et dehors, dans le sens d'une projection ou d'une introjection) ou de nous centrer plutôt sur les domaine de l'espace extérieur (incluant l'environnement, les autres, la société, etc...).
Les écrits de cet article témoignent de la compréhension
de la créatrice du site, Muriel Launois,
Ces positions n'engagent qu'elle ( et quelques lectures) en cas d'erreur d'interprétation!!!
(article datant de 2010)
|
|