Ce sont des médiations s’adressant à l’éprouvé corporel, aux différents sens, à l'éveil du ressenti dans le sens du dehors vers le dedans. Elles se déclinent en utilisation d’eau, de sable, de terre, de couleurs et de matériaux divers, découvertes olfactives, musicales, découvertes d’images, sensations corporelles, etc… Ces techniques tentent de se mettre au diapason d’un sentiment de passivité et de dévalorisation, de vide intérieur que les médiations vont venir rejoindre par leur dimension impressive, c’est à dire réceptive et non pas active. Dans ce cas, les personnes vont pouvoir se sentir écoutées et respectées dans cette nécessité d'abandon momentané, dans une passivité qui peut devenir une découverte du lâcher prise. Pour qu’elles ne demeurent pas dans des dimensions uniquement archaïques, corporelles, indicibles, il est important qu’elles débouchent, progressivement, sur une création, une mise en forme progressive et une mise en parole. Ce type de médiation est transversal à d'autres corps de métier, tels que les musico-thérapeutes, les art-thérapeutes, les relaxologues et psychomotriciens. Pour certaines pratiques des formations complémentaires sont donc nécessaires. (voir powerpoint résumé)
Selon la population
Il convient de tenter d’entrer en relation avec les personnes psychotiques au niveau qui leur est accessible, c’est à dire, un univers sensoriel archaïque. Mais cela, pour leur offrir la possibilité d'évoluer et pas uniquement de demeurer dans des dimensions régressives. Ces activités doivent s'orienter toutes, vers une expression des éprouvés sensoriels, avec la possibilité de les relier à une histoire personnelle ou commune. (sentiments éprouvés sur une musique, description des qualités de la matière, du matériau, etc).
Il est également possible d'utiliser de telles activités pour des sujets dépressifs qui ne peuvent pas accéder, dans un premier temps à la dimension du faire. Ils sont en effet, dans une position de passivité. Souvent, cette position est passive et agressive, leur symptôme s'adressant alors, à quelqu'un. Même si ces personnes ont un narcissisme primaire existant (sentiment d’exister et d’être différencié des autres) la pulsion de mort est parfois si forte, qu’elle peut remettre en cause le sentiment d’exister du sujet, au sens du désir de vivre ou non.
D’autres personnes peuvent être touchées dans leur sentiment d'exister, au sens d'être incarné dans un corps sensible et non pas d'avoir un corps, plus ou moins malmené, telles que les jeunes filles anorexiques, les personnes âgées entrant dans la démence ou proche de la mort, les sujets mélancoliques. Les personnes alcooliques peuvent aussi en bénéficier, ainsi que les personnes état-limites, dans la mesure où les traumas souvent vécus leur permettent quand même de travailler dans cette dimension corporelle.
Les techniques régressives
Ces techniques se caractérisent par un impact sensoriel et corporel fort et direct. (Packing et enveloppement corporel, techniques aquatiques, jeux avec l'eau ou le sable environnement d'éveil multi-sensoriel type de type snoezelen, toucher de différents matériaux) Même en ergothérapie plus traditionnelle, au sens artisanale et concrète nous pouvons retrouver cet aspect régressif, dans l'utilisation par exemple de l'argile, (médium très malléable et très proche du corps à corps) ou lors de l'utilisation de peinture (dans des méthodes utilisant les doigts). De plus, par son aspect ludique, l’ergothérapie est souvent vécue comme maternelle, nourricière, orale, enfantine voir infantile, autant d'adjectifs qui peuvent favoriser un sentiment de régression, cette fois dans le sens temporel. Par son cadre spatial particulier, elle peut donc permettre au sujet de se relier à des dimensions de lui-même plus régressives, plus archaïques, infantiles ou enfantines. La régression peut être une possibilité pour le sujet, de rejouer des étapes, des moments de vie, qui n’ont pas été vécus ou normalement élaborés.
Les médiations sonores
L'écoute musicale peut permettre de ré-activer une dimension affective inhibée par la reviviscence profonde de souvenirs enfouis et éveillés par le sonore, dimension archaïque qui touche des zones émotionnelles ou liées à des sentiments. Le plus souvent, l'écoute musicale est utilisée comme inductrice de parole ou de créativité. La musicothérapie quand à elle, qu'elle soit active (instruments) ou réceptive (écoute musicale) est accessible en formation continue, En musicothérapie, il est possible de rejoindre la personne dans cette dimension impressive, d’écoute de soi, se nomme le respect de l'iso de la personne, c'est à dire de son vécu affectif du moment. (par exemple, l'écoute de musique tristes en cas de tristesse). La musicothérapie active entrera plus dans le domaine de l'expression. (travail du rythme, des percussions, utilisation de petits instruments, etc...)
Les médiations corporellesCes activités corporelles visent essentiellement à retrouver un éprouvé corporel plus riche et un sentiment d'existence plus concret. Ces activités nécessitent des formations complémentaires et une pratique personnelle de ces méthodes. Elle peuvent être des techniques corporelles diverses augmentant l'éprouvé corporel, de type massages ou auto-massages, de la gymnastique douce, de la relaxation active, des exercices respiratoires, etc...Le regard porté sur l'évolution du ou de la patiente sera alors, coloré par cette conscience de la dimension du sentiment d'exister ou non. En relaxation, des techniques impressives et souvent vécues comme régressives, insistant sur l'enveloppe musicale rassurante et berçante, des techniques centrées sur l'écoute de soi et sur le respect de ce qui est ressenti sans imposer un ressenti particulier, permettront au sujet d'explorer vraiment son vécu affectif personnel. Le lâcher prise peut être découvert et favorisé par certaines techniques de respiration, de relaxation. La relaxation s'inscrit très clairement dans les techniques impressives, réceptives. Dans la mesure où elles proposent une régression, c’est à dire un passage de la pensée à l’état de sensations, il est important de demeurer vigilant dans leur utilisation avec des personnes psychotiques. Il vaut mieux, dans ces cas là, proposer des auto-massages du corps propre, des techniques permettant de redonner corps et solidité à la personne. Il faut aussi guider fermement les séances et proposer des temps de parole pour redonner une signification à toutes ces sensations parfois étonnantes, étranges, difficile à nommer. (voir thérapie psycho-corporelle décrite dans ce site )
Ces médiations corporelles peuvent ensuite être prolongées par des pratiques expressives, centrées sur l'image du corps.
Médiations portant sur l’image du corps (théâtre, marionnettes, vidéo, photographie, etc…) Ces activités permettent le déploiement de ce que l’on nomme le corps imaginaire et permet au sujet de s’identifier, se différencier, se reconnaître, jouer un rôle, parler de lui ou d’elle à travers un personnage, etc…Elles posent la question de la différence entre l’être et le paraître. Des projections sont possibles à travers, par exemple les marionnettes et permettent de jouer des situations personnelles d’une façon distanciée et déguisée. Le théâtre gagne à être utilisé avec une bonne distinction entre scène et réalité. L’invention d’un personnage favorise une projection de soi-même dans ce personnage, sous une forme ludique et déguisée, qui favorise le plus souvent, une plus grande sécurité, une plus grande souplesse que de parler de soi plus directement.
Elles nécessitent souvent un cadre de référence psychanalytique, apte à rendre compte de la projection de soi-même et à en entendre les tenants et aboutissants, en particulier pour travailler sur la part de la projection personnelle dans le personnage, et le lien avec sa propre histoire.
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