Avant d'être un patient ou un client, avant de devenir un objet de soin ou une personne avec qui coopérer, avant d'avoir une maladie ou d'être en souffrance, la personne a une histoire, une façon d'être, un projet de vie personnel. Parler uniquement de clinique et de pathologies risque de figer la personne dans le tiroir de la pathologie.
Si nous voulons aider la personne à être, il nous faut nous aussi, sortir de ce désir de catégoriser l'être humain, même si cela nous rassure et nous aide à comprendre et poser des jalons, des pierres, des balises pour orienter un peu, notre pratique. Sortir des tiroirs pour aller à la rencontre d'une personne, sans pour autant nier sa différence et sa souffrance psychique. Nous sommes à la fois comme nos patients, dans notre identité humaine et différents d’eux, dans notre rôle.
Dans cette section, il y a donc des petites histoires, des histoires respectant l'anonymat pour donner corps et présence à des vraies personnes, pour témoigner d'une rencontre au-delà des prévisions et des objectifs, souvent illusoirement prévisibles à l'avance. Des petites histoires autour du sens...
Il ne s'agit ni de cas cliniques approfondis avec des objectifs prévus à l'avance, ni d'élaboration théoriques, ni de recettes à appliquer. Juste de petites vignettes centrées sur un moment dans l'atelier, sur un vécu qui tout à coup fait sens pour la personne, ou pour l'ergothérapeute. L'histoire des patients n'est donc pas racontée, ou par petites touches dans ce qui nous est nécessaire. La pathologie n'est pas au centre du sujet et n'a donc pas grand intérêt pour ces petites promenades relationnelles. Les objectifs sont donc rarement prévus à l'avance et c'est tant mieux. Ces petites histoires sont le prétexte à une rêverie sur la façon d'entrer dans cette dimension du sens. Non pas de l'interprétation à la place de l'autre, mais dans cette idée que tout ce que nous faisons a du sens. Enfin, devrait avoir du sens...
La plupart du temps nous nous arrêtons à l'idée que le sens de ce que nous faisons, en tant que thérapeute, est de permettre à autrui d'aller mieux, d'être autonome, d'être à nouveau acteur de sa vie et sujet de son désir. Chaque ergothérapeute trouve ses orientations progressivement, souvent en fonction de ses apprentissages, variables selon les écoles, ou en fonction des modèles conceptuels auquel il ou elle "adhère". C'est ce travail souvent souterrain, voir inconscient, qui permet de se relier à des courants de pensées et de donner du sens à notre travail. C'est ce qui va nous permettre de ne pas juste être des techniciens appliquant des techniques, mais des thérapeutes donnant du sens à leur fonction.
Cette nécessité de donner du sens à notre travail est le c½ur même de l'élan qui va nous permettre de nous investir positivement dans notre fonction. Elle est tout aussi nécessaire pour le patient pour qui redonner un sens à sa vie est crucial pour que la pulsion de vie puisse ré-habiter son être le plus intime et le plus profond. Aider la personne à retrouver du sens à sa vie est un projet très ambitieux, mais il peut se décliner en plus petits projets, en intentions plus modestes, en actions plus ciblées pour ne pas devenir une sorte d'idéal du moi thérapeutique si important qu'il en devienne écrasant. Nos limites personnelles, professionnelles et institutionnels sont toujours à prendre en compte.
C'est dans cette idée de donner du sens que peuvent s'inscrire les petites histoires proposées, comme un moment signifiant qui puisse éclairer notre lanterne sur ce qui se passe dans nos inter-actions avec les patients, sous-tendues par nos intentions thérapeutiques et aussi par les intentions des patients. Il ne s'agit donc pas de décrypter LE sens d'un objet, d'un geste ou d'une situation, mais d'entrer à l'écoute du fait que tout cela peut avoir DU sens et qu'il est possible, en tant que thérapeute de nous ouvrir à cette dimension.
Les écrits de cet article sont la propriété intellectuelle de Muriel Launois et n'engagent qu'elle.
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Merci d'avance d'en respecter l'esprit. (articles réalisés à partir de 2010)
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