Il est intéressant de noter que, dans de nombreuses thérapie, il est souvent question de prise en   charge, au risque, pour les thérapeutes d'en avoir rapidement plein le   dos ou plein les bras..... Ce mot de prise en charge n'est pas sans   évoquer ce holding de Winnicott. Comment, dès lors, proposer un holding   métaphorique et non pas une prise en charge, (qualifiée souvent de   lourde mot qui en dit long), au premier degré? Dans l'intention d'étayer   la fonction de maintenance psychique, le travail sur la conscience de   l'axe vertical, des appuis et de la présence de l'os sont développés   dans l'atelier de détente corporelle.  En automassages, c'est le   travail assis et en gymnastique douce, le travail debout, qui   concourent à cette conscience de l'axe vertical. Toutefois, il est à   remarquer que, justement, la plupart des personnes hospitalisées, ne   tiennent plus debout. Fatigue et apragmatisme du dépressif, repli sur   soi des personnes psychotiques réfugiées dans leur lit, enveloppements   rassurants des couvertures pour de nombreuses personnes, passivité   devant la télévision, etc...Il est donc difficile de leur proposer   directement un travail sur leur sentiment de verticalité et sur leurs   appuis. En témoigne le peu de personnes qui participent à la gymnastique   douce, reprenant le même rituel qu'en détente corporelle mais debout,   alors que l'atelier de détente est très fréquenté et investi. Les racines corporellesSur   quoi s’appuie-t-on? Notre bassin, nos pieds sont les principaux acteurs   de ce sentiment d'appui, ainsi que notre dos et colonne vertébrale. Ces   appuis sont concrets et réels, mais n'en sont pas moins les échos   d'autres appuis plus archaïques, plus ou moins bien intégrés. Ils   s'offrent comme des métaphores concrètes de cette maintenance psychique,   à condition de pouvoir les relier dans une globalité corporelle et non   pas de les vivre en tant qu'entités détachées. De très nombreux   exercices dans toutes les thérapies corporelles cherchent à affiner et   développer la conscience des pieds, racines du corps. De nombreuses   petites phrases témoignent de cet intérêt d'avoir les pieds sur terre ou   bien dans ses chaussures. Les massages, jeux d'appui d'un pied sur   l'autre, exercices d'équilibre divers, etc;...sont autant de possibilité   d'expérimenter notre façon de nous appuyer sur le sol, de nous engager   dans la marche, de nous sentir reliés, posés, enracinés. Tout ce travail   va dans le sens d'un étayage de cette fonction de maintenance du   psychisme pour permettre de se sentir debout et que "çà tienne". Il   est toujours étonnant de regarder la façon dont les personnes se   tiennent debout: bien dans leurs deux pieds, penchées d'un côté, sur la   pointe des pieds, penchées en arrière comme retenues par un fil   invisible, penchées en avant comme pour courir après leur centre de   gravité, en équilibre ou en déséquilibre constant. La façon d'entrer en   contact avec la terre en dit long aussi, entre ceux qui l'effleurent, ne   la sentent pas, tapent dessus, s'y appuient lourdement, y gardent les   pieds englués, etc....Au-delà des interprétations tentantes du sens que   cela peut indiquer, le travail de conscience de cette zone est un chemin   possible vers une meilleure perception de soi et du monde. 
Le bassin                      Au   niveau de la zone du bassin toutes les techniques corporelles   s'accordent à indiquer son importance, qu'elle soit dénommée comme la zone où se trouve notre centre de gravité, un centre énergétique, un second cerveau dans le   ventre, une zone de respiration basse, zone nombrilaire, centre de soi, zone de libido, etc...Chacun y   projette, selon sa culture et ses fantasmes, différentes significations,   différentes valeurs. C'est sur cette zone que s'appuie et s'enracine   notre colonne vertébrale. Lui redonner de l'importance, la rendre plus   consciente, sont des pistes à explorer. La conscience des différents   niveaux, peau, muscle et os permet d'aider la personne à différencier   des sensations, le plus souvent vagues et globales. 
Le travail   du bassin peut se proposer debout, avec des mouvements en cercle, en   huit, des techniques de concentration d'énergie (chinoises) par   contraction progressive des différents muscles pour mieux les situer et   les différencier, par auto-massage pour distinguer la présence de la   solidité osseuse de l'enveloppe de peau ou du niveau musculaire. Ce   travail peut se pratiquer également assis, pour une meilleure conscience   des appuis au niveau des ischions, une oscillation d'un côté à l'autre,   des jeux de bascule conscient du bassin d'avant en arrière, etc....
Mais   ce travail peut aussi se prolonger en position allongée lorsqu'il   s'avère trop difficile pour les personnes de tenir assis durant un   moment. L'attention sera alors portée sur la conscience de l'os, sa   solidité, son enracinement et son contact avec le sol. Les mouvements de   bascule seront retrouvés, les auto-massages pratiqués avec les mains   mais aussi par contact, frottement des lombaires sur le sol. Ainsi le   sentiment d'appui possible sur cette zone du bassin peut-il tout de même   être exploré en position allongée et renforcé par une meilleure   conscience. 
La zone du bassin est donc travaillée mais doit être   également resituée comme faisant partie intégrante de notre dos et   comme racine de notre colonne vertébrale. Les positions corporelles des   patients en disent tout aussi long sur leur façon se tenir au monde:   effondré, ayant ou non besoin d'un appui, dans un contrôle raide et   figé, dans une souplesse molle, etc....Là encore, il ne s'agit pas tant   de décrypter le sens de cette position que d'y être attentif pour   permettre à la personne elle-même, d'écouter sa façon de se positionner,   de se tenir dans l'axe de la verticale qui fait de nous des êtres   redressés, érigés, présents et ouverts à l'extérieur. 
La colonne vertébrale
La   première partie de la séance, consacrée aux auto-massages et aux   mouvements, se déroule en position débout, s'il s'agit de séance de gym   douce ou en position assise ou allongée, s'il s'agit de relaxation   active. Quelle que soit la posture utilisée, elle s'appuie sur a nécessité   de la conscience de la colonne vertébrale. Sur un plan strictement   moteur, les muscles de notre colonne vertébrale nous permettent de tenir debout,   dans une attitude la plus juste possible, bien campé sur nos pieds et   la balance équilibrée de notre bassin. Chacun d'entre nous sait bien que   cette posture juste et bien centrée relève souvent d'un espoir et d'un   horizon, plus que d'une réalité, car ca tire souvent un peu "à hue et à   dia"...Notre colonne vertébrale vient inscrire, dans la réalité, notre   façon de nous tenir debout, au sens propre et surtout au sens figuré. 
        
        Les différentes postures possibles visent à mettre la colonne vertébrale dans la meilleure   position possible. La posture juste est fondamentale, d'une part pour   une bonne conscience de la colonne, d'autre part pour limiter les effets   nocifs des courbures vertébrales, souvent lieu de tensions excessives. La colonne   vertébrale est ainsi travaillée dans des exercices debout, assis ou   allongé, mélange de gymnastique douce, d'auto-massage et d'étirements.   Oscillant entre conscience de sa présence et de sa solidité, conscience   de ses mouvements et de sa fluidité (ou raideur!), les exercices visent à   la fois à une meilleure conscience pour entendre et à une action   possible pour changer. Entre constat et volonté peuvent se glisser de   nombreuses possibilités d'expérimentations et de découvertes. 
        
Des exercices d’étirements conscients des trois courbures clefs de la colonne,   peuvent prendre place en position assise ou allongée. Ces exercices   vont de l’étirement très actif, jusqu’à la simple visualisation de la   courbure qui se décambre, se creuse, se mobilise. Cette conscience de la   posture juste peut inviter à la découverte de la métaphore de la   position du sujet dans sa vie. Cette partie de séance peut aussi se   dérouler allongé sur le sol si les personnes sont dans un processus   plutôt régressif qu'il convient d'accompagner dans un premier temps, ou   si la recherche d'un modèle extérieur est trop prégnante pour certains   patients. 
        
Un travail de conscience de l'axe profond du corps nécessite une position debout qui reste souvent difficile aux personnes dépressives et clinophiles et demande des adaptations. Le   travail du dos est alors exploré, le plus souvent en position allongée, en   tant que conscience et renforcement de cette zone d'appui.   La conscience   des différentes zones d'appui du dos sur le sol et de   leur modification   entre un avant et un après, ouvre une voie de   travail intéressante. Tout ce renforcement des zones du dos   s'avère   fondamentale pour les personnes en mal de sentiment de   solidité physique   et psychique. Se frotter le dos pour avoir une   information sur cette   zone non soumise au contrôle visuel, et cela   dans une situation de   sécurité, permet d'amorcer un étayage de ces   zones souvent vécues comme   fragiles, non visible à soi-même, mais   visible à autrui. Toutefois ce travail de conscience de l'axe du corps demeure souvent une   simple amorce et nécessiterait un travail à beaucoup plus long terme.