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Pourquoi la métaphore?

Pourquoi la métaphore? Zoom sur Pourquoi la métaphore?
Pourquoi passer par la dimension symbolique et la création d'une métaphore de notre pratique dans l'enseignement?

Comment une création collective à partir d'une matière peut-elle devenir symbolique d'un quelque chose de notre façon de nous positionner en tant que thérapeute?

Comment une représentation mentale va t-elle, tout à coup passer dans une représentation concrète?

Comment, à partir d'une représentation externe allons nous entendre que nous avons projeté quelque chose de notre dedans?

Comment une forme de compréhension intuitive  (nommée insight, une sorte d'Euréka), peut-il nous offrir une lecture de notre façon d'être?


Image symbolique et métaphore


Un jour des élèves m'ont dit que je soulevais beaucoup plus de questionnements que je ne donnais de réponses. Malgré leur désarroi, tout de même teinté d'humour, ce jour là, j'étais plutôt contente de me dire que le doute pouvait remuer encore un peu les méninges de quelques personnes. Le questionnement nous vient, en droite ligne, de la capacité de notre cerveau à penser, le sentiment de doute qui eut générer une légère anxiété, nous vient plutôt de notre inconscient. Je vous propose d'explorer une image symbolique, appuyée sur des concepts neurologiques, juste histoire de voir comment on peut jouer un peu...Nous avons tous un cerveau gauche et un cerveau droit. Ce postulat neurologique est souvent plus facile à accepter que le postulat de Freud sur le conscient et l'inconscient, car nous avons plus souvent tendance à nier l'existence de ce dernier. Le cerveau, lui est plus palpable et s'il faut s'appuyer sur du concret pour être entendus(es), alors allons-y.

Imaginez votre cerveau gauche, (pour ceux qui vraiment ne peuvent pas faire jouer leur imagination voyez l'image proposée ci-dessus). Notre cerveau gauche est un organisateur. Notre façon de penser requiert en effet, des capacités de structuration. Ces dernières vont répondre aux exigences de notre cerveau gauche, logique, rationnel, qui va gérer au mieux nos cognitions diverses et variées. Avec cette partie de notre cerveau, nous définissons des concepts. De ce côté-là, nous essayons de réfléchir et de comprendre, nous cherchons des définitions, des lignes de conduites, bref, nous avons besoin d'objectifs, clairs, nets et précis. La conscience et la volonté n'apprécient pas toujours le doute...

Seulement voilà, nous avons aussi un cerveau droit, poétique, irrationnel, porteur de rêves. Imaginez votre cerveau droit (ou voir ci-dessus, mais c'est dommage de ne pas l'imaginer toute seule ou tout seul). Voilà des couleurs qui bavent partout, voilà des images qui défilent dans les nuages, voila du corps, des corps qui bougent et entrent en interaction, voilà du toucher, du contact, de la sensorialité pure, voilà du pulsionnel, du flou du mal organisé, bref, selon notre façon de voir les choses, c'est un vrai bordel ou un vrai plaisir...Et si vous pouvez aller encore un peu plus loin dans votre imagination, laissez vous porter par l'idée qu'il y a en vous un quelque chose d’incontrôlable, d'imprévu...Donc...même dans le cerveau, se nichent des bidules (in)sensés...

Cerveau gauche et cerveau droit sont donc des réalités....mais l'histoire que je viens d'en faire est une métaphore qui ne parle en fait pas du tout de notre cerveau. Cette image que je donne vient se poser plutôt comme une métaphore de la différence entre notre cerveau (porteur des cognitions, de la conscience, du moi) et notre inconscient (tissé lui dans tout notre corps par notre histoire et notre vécu). Cette image symbolique des deux cerveaux gagnerait à être dessinée, imaginée, rêvée, sauf que cette image là, c'est moi qui vous l'ait suggérée. Et ce n'est surement pas la vôtre. Peut-être allez vous plutôt dire qu'il y a l'esprit conscient et inconscient, ou peut-être une âme qui traine par là quelque part...Ou vous pourriez vous raconter une histoire, d'un corps sans âme, d'un esprit hors du corps, d'un corps et d'un esprit dissociés ou réunis, ou peut-être même pourriez-vous vous dire qu'il existe un inconscient cognitif, qui sera mesurable, un jour, avec une IRM...

Chacun d'entre nous est porteur de ses propres images symboliques. Il n'existe pas de clef des symboles qui soit universelle et applicable à tout le monde comme les illusoires clefs des songes. Le symbole, à la différence d'un signe, (comme un sens interdit qui n'a qu'une seule et unique signification), a de multiples sens potentiels. Ainsi un cheval ne sera pas porteur d'un même sens symbolique selon votre vision des choses et votre histoire personnelle, si un poney vous a mordu lorsque vous étiez enfant ou si vous appréciez de vous promener sur le dos de l'animal plein d'énergie. Pourtant, nous avons souvent tendance à confondre signe et symbole....

De même, penser et réfléchir par soi-même n'est plus guère à la mode. Quelqu'un donne une idée et cela devient une vérité, sans que nous le passions par notre filtre interne de réflexion personnelle car nous sommes à l'heure des copiés-collés rapides en mode zapping. Quelqu'un donne une image et nous l'acceptons telle quelle sans plus chercher la nôtre à l'intérieur, saturées-saturés par toutes les images extérieures dont il suffit de taper le nom dans un moteur de recherche pour en obtenir des centaines d'exemplaires différents. Quelqu'un crée une histoire métaphorique et nous pouvons y adhérer, y croire, y coller au lieu d'écrire la nôtre, il n'y a qu'à voir tous les films de super héros ou de super pouvoirs magiques et l'engouement qu'ils provoquent pour comprendre que notre société a bien besoin d'illusions, de métaphores rassurantes, de symboles puissants et réparateurs.

Comment dès lors proposer, dans l'enseignement, de faire jouer la fonction de symbolisation? Les capacités de mettre en images symboliques? La possibilité de créer des métaphores signifiantes, de les proposer, de les remarquer, de les favoriser? Ce qui est une nécessité dans une pratique d'orientation psychodynamique, peut aussi être proposé dans l'enseignement. Il ne s'agit pas d'une technique ou d'un outil validé, mais d'une fonction psychique personnelle. L'enseignement gagnerait à être "infiltré" par cette forme de pensée qui ne se transmet pas par le cerveau gauche...ni même le droit...mais qui se niche quelque part dans notre capacité à symboliser, capacité tissée de notre inconscient, de notre histoire, de nos images intérieures.



Dans l'enseignement

L'utilisation très concrète et pratique de l'utilisation d'une matière est proposée d'emblée dans le cadre du semestre 1 (voir S1 ). Sont ainsi pratiquées, l'argile, l'écriture personnelle et collective, les craies grasses en dessin collectif, pour permettre une expérimentation de ce type de médiations expressives, créatives, projectives. Au-delà de l'apparente nécessité d'acquérir un savoir faire, nous engageons déjà le savoir être, nous effleurons les projections inconscientes (groupales pour ne pas mettre en danger l'inconscient personnel dont ce n'est pas le lieu qu'il se projette dans un cadre scolaire), nous jouons à mettre en éveil ces zones un peu floues et inexplorées. (Le cerveau droit, pour ceux que cela rassure de le nommer ainsi...)


En S2 , le cerveau gauche est un peu plus à l’œuvre, pour découvrir comment nous pouvons définir des concepts, préciser une terminologie, nous référer à une vision globale du soi proposée par les philosophies sociétales, nous retrouver dans les concepts inter-disciplinaires de la psy et voir comment les modèles appliqués à l'ergothérapie sont en train de se créer, de s'affirmer. Dans la façon de présenter les cours, il est tout à fait possible néanmoins, de proposer une alternance entre concepts et métaphores, toujours pour tenter d'éveiller et de relier nos deux cerveaux (version biologique) ou notre conscient et inconscient (version psy). Une question , voir même un doute affreux me vient: Et si même les modèles conceptuels n’étaient que des métaphores partagées et rassurantes, des histoires fondées par la communauté des ergothérapeutes pour tenter de communiquer entre eux et elles? Et si chaque ergothérapeute ne faisait que transmettre à ses patients sa propre vision du monde au lieu de l'aider à mettre des mots sur la sienne? La métaphore de la rivière, proposée par Kawa, peut alors nous inviter à nous laisser un peu flotter entre deux eaux. A condition que l'on ne confonde par l'utilisation de la pensée métaphorique avec la métaphore elle-même. Une rivière pour les Japonais sera peut-être une montagne ou un désert pour une autre culture. D'une façon pratique, le cours est proposé sous la forme d'un powerpoint presque uniquement composé d'images pour entrer dans la dimension des associations d'idées et le powerpoint "sérieux" avec les mots d'explication est proposé à la lecture pour ceux qui souhaitent approfondir. La capacité à entrer dans les associations d'idées s'inscrit comme une première étape pour entrer dans une dimension plus poétique et imaginaire du soin psychique.


Lors du cours en S3 , il est proposé aux élèves d'intégrer du savoir progressivement pour aller vers leurs choix et convictions personnelles. Tout ce travail d'intégration des savoirs théoriques, de mise en jeu de la capacité de penser, mais aussi de douter et de se questionner, aussi bien en groupe que personnellement, va aboutir à une mise en mots: Il s'agit de créer des dispositifs thérapeutiques. L'objectif est d'apprendre à mettre en place un dispositif de thérapie, pensé, réfléchi et analysé avant la présence du patient. Ces dispositifs thérapeutiques sont mis en place progressivement, de manière "virtuelle", au fil des cours, pour pouvoir être appliqués à des cas cliniques réels en S4. Lors du premier TD, le cerveau gauche est à la fête: les dispositifs demandés sont des ateliers de vie quotidienne, proches de ceux qui sont déjà connus, des protocoles de type ETP ou TCC, répondant à des intentions et à des objectifs, rassurants à défauts d'être contrôlables...

Mais cette illusion de l'organisation, des objectifs prévisibles, de l'ergothérapeute maitre de sa thérapie, va devoir céder la place, lors du TD 2, à une autre forme de pensée. En effet les dispositifs thérapeutiques demandés deviennent des espaces pour l'élaboration psychique, des lieux permettant la proposition de médiations créatives, projectives, expressives. Un dispositif autour des jeux d'expression est demandé, répondant à des intentions de proposer des situations signifiantes, au sens d'un espace d'expériences symboliques. Proposer, par exemple, un travail de collage avec des images ressenties comme positives et d'autres comme négatives, peut permettre d'aboutir à la conscience qu'il est en fait, indispensable d'intégrer toutes les facettes de nous même (voir Ange ET démon dans les propositions d'expression en addictologie).

Un dispositif créatif est aussi demandé, qui vient s'inscrire comme un lieu où les images, les symboles et les métaphores ont droit de cité. Ces espaces créatifs sont alors présentés sous une forme symbolique et métaphorique. Ce sont certains de ces dispositifs qui sont présentés ici, avec l'accord de leurs créateurs. Des textes de présentation des ateliers sont joints à ces représentations créatives collectives. Cette démarche vise à faire découvrir une approche des images symboliques groupales concrétisées dans la matière. Puis à travers des textes écrits sur ces créations collectives, de tenter de mettre en métaphores les intentions thérapeutiques imaginaires du petit groupe. Les métaphores sont présentées de façon créative et poétique, et sont donc infiltrées d'un inconscient groupal, reflétant la philosophie de ce petit groupe autour de leurs visions du soin en ergothérapie. (voir fonction symbolisante, différence entre symbole et métaphore )


En S4, des analyses de situations thérapeutiques et des processus thérapeutiques déployés viennent alors. Une distinction entre objectifs et processus thérapeutiques infiltre tout l'enseignement. Ces deux postures doivent être mises en lumière. S'agit-il de saisir l'autre (et soi-même), dans des objectifs ou s'agit-il d'accompagner des processus que le dispositif thérapeutique permet de vivre? Est-ce l’institution qui doit choisir le type de posture thérapeutique? La société? Notre éthique personnelle? Acquérir une méta-position réflexive sur notre posture thérapeutique reste une expérience importante. Si cette expérience n'est pas faite durant l'enseignement initial, il sera parfois plus difficile encore de le faire lorsque nous sommes emportés dans le flot de notre pratique professionnelle.

Il s'agit de tenter de penser par soi-même et en petits groupes, les liens entre les dispositifs créés en S3 et les personnes qui vont s'y inscrire. Du côté des objectifs, puisqu'il est nécessaire d'en passer aussi par là, l'enseignement  est réalisé avec une façon particulière de travailler, proche de la pédagogie active, dont il est possible de retrouver un écho dans les parcours d'ETP. Il s'agit donc de passer par ses propres mots et leur organisation, ou ses propres images et leurs liens associatifs, puis de tenter d'y trouver du sens et de le relier ensuite, à des concepts. De même, plutôt que de prévoir à l'avance des objectifs qui devraient avant tout être ceux des patients, peut-être serait-il intéressant de s'appuyer sur la théorie de la complexité, qui consiste à chercher plutôt comment les liens se font entre des concepts plutôt que de les hiérarchiser entre eux. Mais cette vision des choses, consistant à permettre l'émergence de processus thérapeutiques et à veiller à ce qu'ils puissent aboutir est parfois vécue comme trop éloignée des intentions ciblées qui nous sont demandées pour prouver notre efficacité professionnelle.

La dimension métaphorique et symbolique, ne résiste pas, en S4, à ce souci de rationalité et de démarche scientifique. Le cerveau gauche se rebelle souvent... Les étudiants en témoignent d'ailleurs, lors des billets que je leur demande en fin de cours de S4, portant sur "ce qui a bien marché pour eux dans le cours" et "ce qui pourrait être amélioré". La plupart du temps, il leur reste le sentiment que l’ergothérapie en psy reste un peu (beaucoup) floue pour eux. Et chaque année je me demande si ce flou est un bienfait, incitant ceux qui souhaiteraient un jour travailler en psy, à aller y voir de plus près pour enfin trouver leur "vérité" ou si c'est un "malfait", soulignant une difficulté personnelle à simplifier les choses...Enfin, l'illusion qu'UNE activité pourrait répondre à UNE pathologie ne cède pas non plus au fil des années, et s'accroche vigoureusement.

Trouver sa propre métaphore de l'ergothérapie nécessite en fait, un certain nombre d'années de pratique. Il faut du temps avant de commencer à philosopher...Mais les étudiants commencent à s'y intéresser de plus en plus, et je vois cet intérêt poindre de plus en plus dans les mémoires autour de questions sur la posture professionnelle, sur la vision des étudiants de leur métier ou sur des tentatives de trouver une vision holistique de l'ergothérapie. Peut-être un jour, trouverons nous une métaphore collective...



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