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Prendre le bus...

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Prendre le bus...est-ce une simple "compétence" à découvrir, enseigner, ou rééduquer comme on pourrait le faire face à une difficulté purement fonctionnelle? est-ce un acquis intellectuel, cognitif, un savoir transmis ou appris? Ou encore autre chose? L'histoire de deux personne va nous montrer comment la notion de sécurité intérieure et celle d'autonomie psychique, (au sens d'une intériorisation, non pas juste d'un savoir, mais d'une compétence personnelle), sont fondamentales et qu'une "simple" réassurance extérieure sous la forme d'une personne ressource, peut parfois ne pas suffire.


Pas si facile que cela!
Nous découvrons, lors d'une séance "autonomie et projets", qu'une patiente a peur de prendre le bus. Cela n'était pas apparu dans Eladeb, car elle a une voiture et donc l'habitude de faire ses courses de façon autonome et sans difficultés. Elle ressent une grande angoisse à l'idée de prendre le bus, même entourée d'un groupe qu'elle connait et qui la sécurise. Elle indique qu'elle a peur du regard des autres et d'être agressée. Elle vit en effet dans un lieu où les interactions sont un peu difficiles dans le social extérieur et où elle ne se sent pas en sécurité, ce qui la conduit à rester souvent chez elle. Il ne s'agit pas de phobie, ni de sentiment de persécution, mais plutôt d'un fort sentiment d'insécurité. Voici son histoire racontée par Thomas H un étudiant ergo de 3ème année.

Objectif : prendre le bus
"Durant une précédente séance autonomie et projet, il est évoqué le projet d’aller faire un bowling ou un cinéma. Tout le groupe est enthousiaste et ravi de ce projet, mais Mme L est angoissée à l’idée de prendre le bus. Se retrouver dans un bowling avec des gens lui semble moins angoissant que de prendre le bus, elle essaye alors de négocier pour y aller à pied.

Son objectif se dessine alors : pouvoir prendre le bus de façon autonome. Face à sa forte inquiétude, nous lui proposons de se préparer à cette idée, et nous fixons ce projet à 2 semaines."

Activité en individuel
Entre les séances de groupe, des séances individuelles peuvent être proposées pour soutenir des projets plus individualisés. Nous avons donc réfléchi à la suite de la séance groupale et une séance individuelle a donc été proposée par Thomas.

"Mme L avait abordé lors de la dernière séance l’importance du langage non verbal des autres pour elle.
L’idée d’un jeu sur ce thème éclot à la vue de dessins de petits personnages sur internet (de type bonshommes bâtons) dans de divers position, assis ou debout. Ils peuvent alors représenter un large éventail des personnes présentes dans un bus, et ce que leur corps dégage d'eux: Travail sur le langage non verbal, à l’aide de cartes représentant des personnages dans une certaine posture (assis ou debout), avec un langage non verbal chacun.

Mme L va ainsi analyser ces différentes cartes, ce que le personnage lui évoque. Nous discutons sur ce type de langage, ce que cela peut renvoyer aux autres, ce que nous renvoyons aux autres".

Activité en groupe
"Suite à cette activité en individuel, Mme L va pouvoir faire de nouveau ce décodage de langage non verbal en groupe, dans ce groupe où elle se sent à l’aise. Cette séance groupale a commencé par la préparation et la dégustation d’un gâteau au chocolat, ce qui permet de renforcer l’esprit de cohésion dans ce groupe.

Les cartes sont alors disposées au centre de la table, face visible, chacun pioche une carte (au hasard ou non). Les cartes sont décodées une à une, avec des touches d'humour de la part des participants. Les réponses sont généralement pertinentes et adaptées. "

Il est à noter que ce sont des patients qui ont proposé de relier les attitudes de ces cartes personnages, à celles que nous pourrions avoir dans un bus, ce qui se révèle fort pertinent et plus ancré dans la future expérience.

"Mme L expose son besoin de protection face à ces étrangers du bus, le groupe lui propose de l’entourer lors de voyage, de lui faire une barrière. Elle se sent rassurée d’être bien entourée et soutenue par ses pairs. Finalement la sortie en bus aboutira non pas à un bowling, mais plutôt à un cinéma."

Sortie en bus
"Mme L ne souhaite pas venir au cinéma, le fait de prendre le bus est trop insupportable comme idée pour elle. La non-sortie pourrait être vue comme un échec, mais il faut considérer cela comme un choix qu’elle a pu émettre, donner son ressenti et dire non, savoir verbaliser une émotion trop intense et une activité encore trop difficile pour elle.

Il arrive souvent dans la vie des événements similaires, nous pouvons mettre cette activité en lien avec un événement qui après de nombreuses préparations n'arrive pas, ou se passe différemment de comment nous avions prévu son déroulé.

Toute action, aboutie ou non, partiellement, avortée, se voit bénéfique car source d’un apprentissage et d’une mise en situation que l’on peut mettre en parallèle avec des moments de vie.

Suite des séances
"Mme L souhaite aller en appartement avec son compagnon. La question des transports se pose, en effet il faut bien faire des courses, et Mme ne conduit plus à l’heure actuelle. Mais elle a pu trouver d’elle même une ressource et une adaptation à cela, c’est son compagnon qui ira faire des courses, ce qui lui évitera d’être confronté à des situations encore non gérables pour elle."

(Texte écrit par Thomas H, étudiant ergothérapeute de 3ème année)



En fait, il faut du temps
Un jeune patient, F, a mis un long moment avant de pouvoir conquérir cette capacité. Dans un premier temps, Il a été vu dans un centre de remédiation cognitive et a été accompagné par un soignant pour trouver des stratégies pour l'aider à prendre le bus. De cette expérience, F a retenu le fait de regarder par la fenêtre quand il se sentait intrusé, regardé en insécurité, un petit truc proposé par le soignant, mais qu'il a du mal à mettre en application lorsqu'il est seul, malgré 3 séances d'accompagnement qui ont été faites.

Ce jeune homme intègre le groupe "autonomie et projets" quelques mois après la première prise en charge en centre de remédiation, car auparavant il restait trop en difficulté avec les autres pour être intégré dans un groupe. Il a fait des séances individuelles durant plusieurs années, avec une ergothérapeute. Durant ces séances, le travail principal de l'ergothérapeute, était de "désintoxiquer" le vécu persécutif de F, non vécu comme tel en raison d'une anosognosie. F écrit mais ne montre pas ses écrits à l'ergothérapeute, ni à personne d'ailleurs. Il réalise une biographie et il se posera souvent la question de tenter de la faire publier ou pas. Il finira par l'envoyer à un éditeur, mais face à la non réponse de ce dernier, il dira que "c'est peut-être mieux ainsi, car c'est personnel, en fait". Ma collègue a soigneusement défendu son espace personnel durant la thérapie, s'interdisant, même à elle, de demander à voir ou à lire ce qui était de l'ordre de l'intime et de la confidentialité pour ce patient, pour respecter son espace psychique en voie de reconstitution.

Après plusieurs années d'un travail en individuel, où ma collègue a reçu des projections négatives (voir chez Mélanie Klein, les notions de bon et mauvais objet en lien avec la phase schizo-paranoide), il a pu intégrer un sentiment de sécurité intérieure plus tangible et plus efficace. Il a donc pu intégrer le groupe, grâce aussi à son voisin de chambre souffrant de la même pathologie que lui, avec qui il pouvait discuter, et qui participait à ce groupe. Son sentiment de sécurité à été longtemps appuyé sur cette personne ressource pour lui.

L'autonomie psychique lui faisait encore toutefois défaut et il ne pouvait toujours pas se lancer seul. Ses stratégies étaient donc d'aller louer des livres à pied et il se contentait donc de cela. Lors d'un stage dans un lieu d'expérimentation centré sur l'autonomie dans la vie quotidienne, il a pu explorer seul, durant 3 semaines, le fait de vivre dans un appartement. Un éladeb proposé en amont, a mis en évidence qu'il se sentait autonome sur le plan de la réalisation des soins personnels, de la gestion de son argent (sachant qu'il est sous tutelle), des ses loisirs (échecs sur ordinateur et écriture personnelle), de la cuisine. Il restait inquiet sur la possibilité de faire ses courses ou pas, mais son voisin, déjà passé par cette étape, l'a rassuré, dans la mesure où le supermarché n'était pas loin...à pied! Le bilan de ces trois semaines a donc été positif et l'autonomie fonctionnelle de Mr F a été confirmée.

Mr F a participé dans le groupe "autonomie et projet" à de nombreuses sorties collectives, nécessitant de prendre le bus: au bowling, au cinéma et même dans un cimetière paysager situé non loin de l’hôpital que les personnes avaient souhaité découvrir. Cette dernière sortie avait donné lieu à une déambulation pour le moins étrange entre arbres et tombes, mais qui avait bien plu à F qui avait son groupe de métal favori dans les oreilles et qui avait trouvé cela intéressant. Lors de toutes ces sorties, c'était un autre patient, très à l'aise dans les déplacements en bus, qui avait transmis aux autres les consignes, façon de faire et de trouver les bons arrêts. F ne prenait pas plus le bus seul pour autant.

Il a également participé à la séance décrite au dessus, refusant de parler de sentiment de persécution dont parlaient clairement d'autres personnes, sentiment qui a donc été reformulé pour lui en "sentiment de sécurité personnelle insuffisant". Il a été plutôt efficient durant cette séance, décodant avec les autres, le sens que pouvaient avoir les positions corporelles des petites cartes utilisées, toujours lorsqu’il était interpellé, ayant du mal à se saisir spontanément de la parole. Il restait souvent plutôt en interaction avec son ex-voisin de chambre, sorti de l’hôpital et revenant en HDJ. F restait toujours à la même place, sécurisé par la place et par la présence de sa personne ressource. Mais toujours pas de prise de bus à l'horizon...

C'est quand son ordinateur, si important pour lui, est tombé en panne, que la prise de bus est devenu cruciale et nécessaire. Nous en avons donc parlé en séance, le groupe lui demandant s'il savait quel bus prendre et où s'arrêter. Il a fallu aussi composer avec les jours de grève qui se répétaient fréquemment à cette période. A aucun moment, il n'a demandé à être accompagné, ni par l'ergo, ni par une autre personne. Nous nous sommes contentés d'imaginer, de discuter, de reparler de la séance faite avec les petits personnages, d'évoquer les stratégies qu'il pouvait mettre en place, en le laissant trouver par lui-même, en s'appuyant sur ses pairs. Il a donc réalisé cette sortie avec un sentiment de victoire qu'il nous a partagé la semaine suivante.

Lors d'une séance, nous avons fait venir en séance, des référents d'un GEM, groupe d'entraide mutuelle, afin qu'ils puissent présenter leurs actions. La dimension clairement nommée d'une ouverture libre a bien plu aux participants du groupe, même si le fait que c'était surtout à eux de proposer des projets de sortie ou d'activités (en plus de quelques activités hebdomadaire fixes), a semblé soulever moins d'enthousiasme. F nous a demandé de l'accompagner pour la première fois dans le local du GEM et cette activité a donc été faite avec les participants du groupe "A et P" intéressés. F étant le plus concerné, c'est lui qui a décidé d'y aller en dehors de la présence d'autres personnes engagées dans le GEM, pour voir déjà les locaux. Lors de cette visite, F caracolait devant nous, nous montrant l'arrêt de bus au départ, et changeant même d'arrêt au retour, pour aller plus vite...Sans que quiconque ne lui dise quoi que ce soit pour l'inciter à être notre "monsieur bus", il s'est naturellement inscrit dans le rôle du guide, nous disant qu'en fait, il était déjà allé voir où cela se trouvait quelques jours avant...

Et quand lors d'une séance ultérieure, lui qui ne prend que rarement la parole spontanément, il nous raconte une difficulté à prendre le bus, car un arrêt avait changé, en mode blague sociale, se moquant gentiment de lui et protestant avec le sourire, je me suis dis que l'autonomie psychique était gagnée, avec distance et même avec humour!






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