“Un névrosé est un homme qui construit un château dans le ciel. Un psychotique est l’homme qui vit dedans. Le psychiatre est celui qui collecte le loyer.” Jerome Lawrence
Des lieux de soins
Dans le domaine de la psychiatrie, nous allons, principalement, nous occuper des symptômes. Les lieux de soins sont nombreux, allant de l'hospitalisation complète, de jour ou de nuit, des hospitalisations en soins libre ou en soins sous contrainte, des CMP (centre médico-psychologiques) aux CATTP (centre d'accueil thérapeutiques à temps partiel) , des appartements thérapeutiques, des lieux d'accueil. Les structures peuvent être sanitaires, médico-sociales et sociales, ambulatoires.
Des classifications
Dans le courant de la psychiatrie, actuellement le modèle général tend à suivre l'évolution du DSM, qui en est actuellement à sa version 5. Ce que les praticiens, les psychiatres, regrettent parfois, c'est cette insistance à faire entrer les patients dans des tiroirs de symptômes. Le DSM 5 est en effet une classification qui a le mérite d'être générale, mais l'inconvénient de demeurer dans une classification symptomatique permettant ensuite d'utiliser une pharmacologie adaptée. L'intérêt d'une telle vision du patient est qu'elle est claire, commune et référencée, donc "théoriquement" simple et accessible à tous et à toutes.
Des critiques se lèvent néanmoins, pour souligner que le fait de se centrer sur les symptômes (modèle bio-médical) ne permet pas d'avoir une vision holistique et global, centré sur la personne. Ce type de clinique nécessitant une dimension de classification a des désavantages et plusieurs auteurs en font état:
- Mathieu Bellahsen, président du syndicat des internes en psychiatrie signale par exemple « l’appauvrissement de la pertinence clinique par une lecture standardisée acquise lors de la formation universitaire, qui ne correspond pas à ce à quoi le futur praticien en cabinet a à se préparer » (AFPEP-SNPP N°52).
- Dans "La Lettre de Psychiatrie Française", Nicole Koechlin a traduit une interview de Nancy Andreasen, professeur de psychiatrie et écrivain, qui pose un regard sans complaisance sur les errements des DSM, qu’elle a pourtant contribué à actualiser et qu'elle réfute aujourd’hui: « Il faut donc revenir au point fondamental que chaque individu malade dans sa singularité devrait constituer le centre de la pratique clinique. J’aime la psychiatrie, parce que c’est la seule spécialité qui mette l’accent sur la compréhension de l’individu humain dans le contexte singulier d’un environnement et d’une histoire personnelle. »
Une certaine lecture
Le DSM5 va proposer deux grands axes de lecture pour tenter de classifier les symptômes psychiatriques:
- Axe de la personnalité pathologique (personnalité dépendante, narcissique, schizoïde, schizo-typique, border-line, évitante, obsessionnelle-compulsive, histrionique, anti-sociale)
- Troubles de l’humeur (troubles bipolaires et syndromes dépressifs)
- Addictions (alcool, toxicomanie), TCA
- Troubles psychotiques (schizophrénie et psychoses chroniques)
Une vision bio-médicale
La clinique psychiatrique est donc basée sur les modèles de la CIM10 et du DSM5. Cette clinique est centrée sur les symptômes et leur classification, avec l'intention de proposer un diagnostic et un traitement approprié, qu'il soit pharmaceutique, une hospitalisation ou une psychothérapie. Du point de vue du médical, si nous sommes dans des termes tels que maladie et diagnostic, le mot qui peut suivre le plus naturellement serait celui de guérison. Ce qui va poser problème en psychiatrie, car les symptômes psychiatriques s'intriquent avec ceux de la souffrance psychique qui elle, ne se guérit pas comme un symptôme somatique. La détresse psychique, le stress, l'angoisse, la souffrance psychologique ne sont pas des maladies qui guérissent... La clinique psychiatrique ou observation des symptômes, dans la réalité, s'avère très complexe. Il y a une intrication permanente de différents symptômes. De plus, les symptômes ne sont que la partie cachée de l'iceberg et, en psychologie médicale, ils ne sont pas uniquement à considérer comme à réduire ou à guérir.Certes le patient vient "pour cela", certes l'hôpital et tous les thérapeutes ont pour mission de diminuer les manifestations dangereuses, étranges ou sources de souffrance pour soi-même et pour autrui, certes l'amélioration apparente est, bien souvent, la raison de la sortie du sujet, mais ce n'est pas pour autant que "cela se passe là". Les symptômes visibles cachent en fait, bien des choses, en révèlent d'autres, en masquent d'autres encore. Ils sont l'expression d'un conflit psychologique, d'une inadéquation à la réalité, d'une personnalité pathologique dont les défenses sont dépassées, débordées. Ils est dès lors important, d'essayer de comprendre comment ils se sont constitués et cela nécessite une réflexion psychologique.Il est toutefois possible de travailler à un niveau symptomatique et d'obtenir des résultats, en essayant de réduire les symptômes apparents et gênants pour le sujet, mais il faut savoir que le risque est que le symptôme se contente de se déplacer où qu’il y ait rechute. Certaines personnes relèvent de cette stricte thérapie symptomatique, selon leurs capacités d'élaboration psychique, d'introspection, de conscience de soi, selon l'âge et la pathologie présentée. L'inconvénient d'une telle vision est que celle-ci demeure centrée sur les problèmes, les éléments pathologiques et donc "ce qui ne va pas", au lieu de tenter d'aider la personne à mettre des mots sur ce qui se passe pour elle. (voir contexte de la psychothérapie)