Deux concepts sont à distinguer, le schéma corporel et l'image du corps. Classiquement le schéma corporel semble relever plutôt de la neurologie et celui d'image du corps relève plus de la psychologie. Les neurologues recherchent les modifications des perceptions du corps à la suite de lésions du système nerveux central et périphérique. Les psychologue cherchent quand à eux à rendre compte des atteintes de la conscience du corps. Cette dichotomie ne résiste pas à la réalité clinique et ces deux visions s'intriquent. (Voir image du corps).
Définition
La notion de schéma corporel s‘appuie donc sur des données neuro-physiologiques. C’est une intégration au niveau cérébral (régions postérieures des deux hémisphères cérébraux) des différentes données sensorielles, sensitives, proprioceptives que nous recevons. Le schéma corporel est donc issu de l’expérience motrice et lié aux ressentis musculaires et cénesthésiques. Il est un référent postural fondamental, contenant des schémas d’action, des préformes motrices élémentaires acquises dans l’enfance. C’est une expérience à la fois statique et dynamique. Le schéma corporel est le même pour tous les individus de même âge et nés sous le même climat. Les données du schéma corporel s’acquièrent progressivement en fonction de la maturation sensori-motrice, du développement instinctuel et moteur, et de la socialisation. Le schéma corporel accorde des données visuelles et kinesthésiques de l'instant avec des images souvenirs. Il est nécessaire pour nous permettre d’agir sur les objets, pour nous déplacer, pour agir sur le réel qui nous entoure. Il devient un cadre de référence, une construction active et dynamique constamment remaniée qui donne une signification à nos actes.
Le schéma corporel est donc le substrat neurologique de l'image du corps, mais il n'est pas une image. Il présente un aspect organique et inconscient, sous la dépendance des processus émotionnels et des besoins organiques.
Constitution du schéma corporel
Le schéma corporel se constitue de la naissance à l'oralité, à travers les zones privilégiées d’investissement libidinal (zones érogènes). Face à un miroir l'enfant passe par différentes étapes.
- Entre 4 et 6 mois: face à un miroir, l’enfant ne se reconnait pas et l'être face à lui a sa réalité propre.
- Entre 6 et 8 mois: il découvre que l'autre en face de lui, dans le miroir, n'est qu'une image et non un être réel. C'est un leurre.
- Vers 1 an: il comprend que l'image du miroir, c'est son propre corps. Il se voit en entier, se perçoit comme un tout et aussi comme extériorité. L'enfant peut alors s'identifier à l'image réfléchie, grâce à sa mère. C'est elle qui, le regardant dans la glace lui dit: "c'est toi, là !". Elle lui ouvre ainsi la voie ouvre la voie de l'identification à l'image, d'autant plus si l'enfant perçoit de l'admiration et du désir dans le regard de sa mère. C'est ainsi que le Moi se forme par identifications successive, dépendantes du regard que l'autre, la mère, porte sur nous. Mais si l'enfant en reste là, comme aliéné dans l’image aimée de la mère, il deviendrait psychotique, dans une relation fusionnelle à la mère. C'est le père qui pourra mettre une distance entre la mère et l'enfant. Ainsi l'enfant se distingue de l'image de son corps.
Les troubles du schéma corporel et de l’éprouvé corporel
- Des formes d’agnosie partielle, d’hemi-asomatognosie, ou d’anosognosie (ignorance des troubles), en cas de lésion neurologique.
- La sensation de membre fantôme en fait également partie, dans les cas d’amputation.
- Enfin, en psychiatrie nous retrouvons plutôt des troubles cénesthésiques. A la différence des paresthésies (sensations de fourmillements, picotements, brûlures, douleurs ,etc….) qui ont une base organique objectivable, les cénesthésie sont plus vécues comme étranges et pénibles , plutôt que douloureuses. Ces troubles sont retrouvés dans la névrose hystérique, les état-hypochondriaques et dans la schizophrénie où ils prennent une caractère hallucinatoire. Cela nous conduit donc à être très prudent dans les indications de ce type de techniques en cas d’hallucinations de type cénesthésiques car les séances risquent de ne pas se situ suffisamment à distance du symptôme.(voir somatisations).
Propositions thérapeutiques Le travail de l'éprouvé corporel proposé lors des séances va permettre l'enrichissement du schéma corporel. La stimulation des différentes sensations sur lesquelles se construit le schéma corporel est proposée tout au long de la séance lors des auto-massages, des exercices de respiration et de détente. La thérapeute prend bien soin de nommer systématiquement le s différentes parties du corps travaillées, tout en les situant les unes par rapport aux autres et en nommant les différences entre face interne et externe, surface et profondeur, etc...(voir extrait d'induction proposées)
Tout ce travail se complète par un travail de mise en mots par le patient lui-même, des différentes sensations ressenties dans les différentes parties du corps. Le simple fait de nommer, progressivement, les zones corporelles et d’y nommer les sensations diverses ressenties permet une meilleure conscience du schéma corporel. Il reste à savoir s’il s’agit d’une réparation, restauration, stimulation ou étayage, autant de processus variables selon les personnes. (Voir sensorialité).
Extraits d'inductions permettant le renforcement de la conscience du schéma corporel
Les écrits de cet article sont la propriété intellectuelle
de sa créatrice, Muriel Launois et n'engagent qu'elle. (article datant de 2016)
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