Le travail de réparation sur ce lieu de passage a provoqué des modifications bien au-delà du simple espace où s'est déroulé toute cette histoire. Et d'autres thérapeutes se sont tout à coup, investit aussi...Dans ce petit espace, d'autres changements se sont ensuite produits, lui permettant de devenir un véritable salon, servant à regarder des DVD, jouer à des jeux vidéos, ou recevoir des visites.
Des fauteuils sont venus s'installer, durant une nuit, venus d'une réserve, contre le mur semi-ouvert. Ils ont contribué à restaurer, au moins en partie, une barrière plus efficace entre le petit salon et la salle à manger. Leur présence a permis de modifier l'atmosphère visuelle, mais aussi sonore, en amenant de la matière et de la consistance. Les fauteuils permettent ainsi aux patients de se poser, de s'installer dans la salle au lieu de la traverser. Une petite table d'angle propose de poser des revues, permettant ainsi de s'installer pour lire et demeurer dans cet espace.
Un carré de fougères à été posé sur la porte, venant masquer la démolition de cette dernière par le coup de poing d'un patient. A défaut d'une vraie réparation de la porte (qui n'est toujours pas faite en 2016...) nous avons donc proposé une réparation symbolique, une douceur créative venue se poser au-dessus de la destructivité inscrite là. Ce trou dans la porte, remarquait un patient, rappelait que F était capable "de s'énerver vite fait et démolir des trucs". Petit à petit la mémoire de cette pulsion de destruction s'est effacée. L'élaboration psychique de cette pulsion n'est pas pour autant achevée pour le patient concerné, mais la trace inscrite dans la porte et le message ainsi envoyé aux autres, s'est transformé. Une façon de gérer la destructivité.
Un meuble a été installé dans l'un des angles de la pièce, contenant des livres et des DVD. "Moins beau que notre meuble jaune", dira l'un des patients, soulignant l'importance de la dimension de création collective, d'un vivre ensemble qui prend un peu corps. Ce meuble est devenu un contenant, dont une partie est fermée à clef, instaurant ainsi une distinction entre ce qui est accessible (livres) et ce qui l'est moins (CD, DVD et jeux vidéos). Mais ce n'est toujours pas une salle de thérapie possible...par contre le travail réalisé sur cet espace a permis d'investir un autre lieu, plus approprié en termes de taille, mais encore trop ouvert....la salle à manger.