La première notion à retenir est que le groupe a des fonctions que nous pouvons utiliser à condition de déjà savoir les repérer. Sous ce vocable de thérapie de groupe se retrouvent plusieurs façon d'être en groupe.
Ainsi les ateliers dits de socio-thérapie proposant d'être en groupe ou de faire quelque chose de commun, ne relèvent pas des mêmes concepts que la notion de dynamique de groupe dans laquelle il s'agit d'analyser les processus psycho-dynamique propres aux groupes. Et la notion de thérapie de groupe ouvre encore d'autres perspectives. Selon la méthodologie proposée différents angles d'observation et d'analyse seront donc possibles.
Petits et grands groupes, homogènes ou hétérogènes
Être en groupe ou faire ensemble
Dans les groupes de socio-thérapie où la visée thérapeutique est clairement celle de la socialisation, de la découverte et l'entrainement des habiletés sociales, des différences sont à noter suivant les lieux, la disposition spatiale, la taille et l’homogénéité des groupes.
Expérimenter la dimension de la dynamique de groupe (illusion groupale, création d'un moi groupal, étayage groupal, etc..) Avoir conscience de son espace personnel et le conserver en situation de groupe, l'affirmer, le défendre, pouvoir être en groupe sans se confondre à autrui Narcissisme personnel étayé par le narcissisme groupal Expériences d'autonomie, d'indépendance, de co-dépendance, éprouver le soutien du groupe Expérimenter la constitution d'un appareil psychique groupal
Lors de ce type de thérapie, il est possible de découvrir le sentiment de fusion océanique avec le groupe, les sentiments de communauté, l'aide à autrui, ou d'utilité d'une association peuvent être expérimentés. Ce fantasme d'être ainsi englobé dans un bon groupe, dans son sein, n'est pas sans évoquer celui d'être englobé das une bonne mère, avec toutes les difficultés potentielles à s'en séparer. Ce sentiment de fusion océanique peut être vécu par tout participant, sans pour autant relever de la pathologie. Une autre expression possible de ce fantasme de fusion est le phénomène d’illusion groupale : Les personnes qui vivent ensemble un moment thérapeutique, qui accomplissent une tache commune, qui créent ensemble ou parlent ensemble, peuvent vivre des moments d’intense identification mutuelle. Le" nous" ou le "on" prennent la place du "je". A la fois, source de régression à un mode relationnel plus archaïque, et source de ré assurance par une identité groupale, ce phénomène est intéressant à remarquer. Il ne surgit pas dans tous les groupes, peut être renforcé ou non par les modes d’animation du groupe, et peut se révéler une aide ou un frein. Il est important, selon les groupes ou les personnes, de proposer des expériences pour favoriser cette illusion ou au contraire, pour permettre aux patients d'en sortir. Un narcissisme de groupe (être tous identiques, se comprendre, se soutenir, s’aider, se sentir différents, etc….) peut offrir un étayage momentané au sujet et restaurer un peu son narcissisme personnel. Cette illusion doit céder à un moment donné, pour que le deuil puisse en être fait et que chaque individu puisse se retrouver dans sa propre identité. Le passage du "nous" au "je" est important. Cette désillusion peut être favorisée par des expériences de solitude en présence de l’autre. Le silence durant la création, la reformulation de cette séparation et solitude inhérente à tout humain, la mise en évidence des différences, sont des possibilités de favoriser cette désillusion. Il est nécessaire, pour cela, de savoir repérer cette illusion groupale et de l’avoir expérimentée au préalable.Le sentiment de contenance peut être renforcé par la simple existence d'un groupe relativement homogène, sécurisant et dont tous les membres ne sont pas psychotiques et dissociés.
Un phénomène d'angoisse de morcellement de soi en diverses facettes peut être ressenti, y compris par des sujets normaux. Chaque personne, surtout lors de temps de parole, peut évoquer son moi et les autres personnes se retrouver en écho, en miroir ou se perdent dans ses identifications potentiellement aussi nombreuses que les participants. Ce phénomène permet, justement, l’abaissement des défenses personnelles des sujets qui peuvent alors parler plus aisément, du moins pour les sujets névrotiques et dépressifs. Par contre pour les sujets psychotiques, il vient renforcer leur angoisse de morcellement pathologique. Leur moi est défaillant, et ils peuvent alors se perdre, se confondre dans les réalisations et le discours d’autrui. Les thérapies de groupe sont donc à moduler, en première intention, pour ces personnes.Les fantasmes de casse sont également présents. Il s’agit d’un phénomène consistant à considérer l’extérieur du groupe comme mauvais et l’intérieur du groupe comme bon. Le ou la thérapeute doit pouvoir identifier ce fantasme pour ne pas y participer. Ce phénomène est très présent dans des groupes comme les sectes et souligne, dans ce cas, la dimension pathologique que peuvent prendre des phénomènes de groupe poussés à leur extrême.
La notion du dedans et du dehors du groupe est à analyser soigneusement. C’est le ou la thérapeute qui est garant d’une possibilité d’existence de cette notion. Il ou elle est en effet, l’élément le plus représentatif de cette double appartenance. Il ou elle est à la fois dans le groupe, mais doit aussi se situer hors du groupe, dans une position d’observation, d’analyse et de repérage des processus à l’œuvre. Souvent, lorsque des patients se plaignent que leur thérapie n’avance pas, ils parlent de " ils ", sous entendu les thérapeutes, comme si nous n’en faisions pas partie. Il est important de souligner régulièrement, de quelque manière que ce soit, notre appartenance à un autre groupe, celui des thérapeutes.Tous ces processus de groupe se complexifient encore avec l’apparition de leaders, de personnes souhaitant prendre la place du ou de la thérapeute, de sous-groupes de coalition ou de résistance réalisant parfois, des thérapies sauvages de groupe, résistances aux lieux thérapeutique désignés comme tels, de couples créés dans le lieu de thérapie et dont la libido va s’épancher en d’autres situations ailleurs au lieu de se centrer sur la thérapie, de boucs émissaires, mal supportés dans leurs différences, souvent désignés comme étant ceux ou celles qui posent problème au bon fonctionnement du groupe et recevant les projections d’agressivité, les isolés ne réussissant pas à s’intégrer, etc…