Des définitions
Définition issue du site de l'institut français de la thérapie centrée sur les émotions
"La TCE est une approche psychothérapeutique validée par la recherche, qui met en exergue un taux de réussite de 75% d'issue thérapeutique significative en 16 à 20 semaines. Forte des connaissances actuelles en neurosciences ainsi que des résultats des études sur le processus psychothérapeutique, la TCE propose aux thérapeutes le principe d’un travail efficace avec les émotions. En plus, de travailler directement avec les processus émotionnels, la TCE poursuit comme objectif la transformation de l’éprouvé émotionnel dysfonctionnel au service des émotions adaptées et l’amélioration de l’intelligence émotionnelle des patients."
"La psychothérapie centrée sur les émotions (TCE/EFT Emotion-Focused Therapy) (Greenberg, Rice & Elliott, 2003; Greenberg & Johnson, 1988) est une approche thérapeutique validée empiriquement. Elle prend ses racines dans la thérapie centrée sur la personne (Carl Rogers) et la thérapie gestalt (Fritz Pearls). La TCE/EFT centre son attention sur les émotions des personnes. Son objectif est d’aider les patients à manier leurs émotions d’une manière plus productive ou de transformer leurs émotions à l’aide d’autres émotions.
Pour la TCE/EFT, les émotions sont le moteur central de notre activité psychique. Les émotions nous procurent un sentiment de cohérence et d’unité, elles alimentent nos pensées et influencent notre comportement, elles ancrent nos souvenirs et «les histoires, que nous nous racontons sur nous-même». Nos émotions sont notre cadre de référence, elles nous aident à appréhender le monde et à identifier nos besoins, nos objectifs et nos désirs. Ainsi, grâce à nos émotions, nous parvenons à satisfaire nos besoins fondamentaux de façon pertinente. Les émotions sont donc fondamentalement adaptives et notre plus grande ressource.
Pour la TCE/EFT, la source de troubles psychiques prend racine dans des émotions mal adaptées ou dans un maniement des émotions non productif. Par exemple, l’incapacité de percevoir et de distinguer ses propres émotions, de les comprendre et de leur donner du sens peut favoriser le développement et le maintien de troubles somatiques. Des émotions persistantes de détresse, de honte ou d’incapacité peuvent provoquer le développement d’une dépression. Des sentiments de vulnérabilité, de fragilité et de faiblesse peuvent être reliés au développement de troubles anxieux. Ces émotions mal adaptées sont le c½ur du travail lors d’une psychothérapie centrée sur les émotions.
L’hypothèse de la TCE/EFT est que des émotions mal adaptées peuvent être transformées en émotions adaptées (changer des émotions avec des émotions) et que la confrontation avec ses émotions douloureuses est possible si la relation thérapeutique est de qualité, confidentielle et solide."
Proposition d'une trame de thérapie
Dans le domaine des TCC, l'intention globale des thérapeutes est de s'orienter vers des solutions et des modifications de comportements. Les notions de protocoles, d'objectifs, de modification des croyances sont les mots clefs. Les intentions sont donc clairement affichées, avec souvent des objectifs à atteindre. Il est donc légitime de partir d'un état, pouvant nécessiter des bilans pour pouvoir évaluer, en fin de parcours, si des changements ont réellement eu lieu.
L'idée de ce type de travail est de proposer une trame de thérapie, généralement sur plusieurs séances, permettant d'aller d'un état donné à un autre état supposé meilleur, pour soutenir la personne dans un changement de comportement. Le nombre de séances à proposer est à définir en fonction des intentions du groupe de thérapie, des problématiques des patients. Néanmoins, il est important de garder à l'esprit que proposer une trame, réfléchie à l'avance, est une voie de travail thérapeutique si cette trame ne devient pas un protocole trop rigide, qui ne s'adapterait pas au patient ou au groupe concerné. Une trame de travail reste un fil conducteur potentiel.
Il est important de définir les différentes étapes qui seront proposées aux participants du groupe. Le travail de préparation des séances permet de définir la trame à offrir aux participants. Il est possible de travailler émotion par émotion ou de s'appuyer sur quelques grandes catégories de travail repérables, à adapter en fonction des intentions des thérapeutes et des besoins des patients. "L'ordre" d'utilisation de ces catégories reste également à déterminer en fonction des objectifs attendus. Les processus thérapeutiques utilisés, gagnent à ne pas trop s'appuyer sur le savoir des thérapeutes, mais plutôt sur un partage de savoirs entre thérapeutes et patients. Mais aussi, et peut-être même surtout, entre patients et patients, d'une façon proche de l'animation de type ETP (éducation thérapeutique) qui permet cet échanges de savoirs et de compétences.
Nommer, identifier, distinguer les émotions - Cette étape va proposer aux participants de pouvoir mettre des noms sur les différentes émotions, primaires ou secondaires. Il est possible d'utiliser des jeux ou des méta-plans, des informations ou des temps de parole. Des roues des émotions (nombreuses sur internet), peuvent être utilisées pour permettre de développer un vocabulaire plus riche autour des émotions. Un mémory créé avec un patient est un exemple d'identification possible des émotions.
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Les liens entre les émotions peuvent également être une voie d'exploration. Il est possible de se demander quelle émotion se cache derrière une autre, quelle émotion en déclenche une autre. Mettre en lien des images et des mots permettra de créer des liens ayant un sens cognitif ou psycho-affectif (voir le jeu Images et mots ou dixit des émotions). Ce travail va permettre de distinguer les différentes émotions, mais aussi d'y amener des nuances. Ainsi dans un groupe, constater que les personnes ne mettent pas le même nom sur une même image amène des nuances dans la conscience de cette dimension.
- Identifier les émotions des autres personnes fait également partie du travail de l'intelligence émotionnelle. Dans ce domaine aussi, des discussions, des jeux ou des jeux de rôles peut trouver leur place. Feelings est un jeu, à la base pour les adolescents mais peut être utilisé pour les adultes. (voir Feelings)
Analyser les émotions
- Des schémas peuvent être proposés pour permettre d'analyser les émotions. Un schéma d'analyse peut permettre aux personnes de mieux comprendre ce qui se passe lorsqu'elles ressentent une émotion. Nous sommes là dans un travail pleinement cognitif. Il est possible de créer le schéma avec les patients eux-mêmes, de leur proposer de le découvrir en séance, de l'utiliser entre les séances.
- 4 items peuvent être, par exemple proposés: (voir une idée de schéma possible)
- Déclencheur: le contexte déclencheur est-il interne ou externe?
- Corps: quelles sont les sensations, les ressentis, l'impact sur le corps?
- Pensées: quelles sont les pensées associées à l'émotion? Les pensées ou les croyances? Personnelles ou acquises?
- Comportements: Quels sont les comportements déclenchés par les émotions? Les actions, réactions ou interactions? Les conséquences?
Vivre ses émotions
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Un premier travail peut permettre aux participants de s'interroger sur la façon de vivre leurs émotions. Certaines personnes peuvent être envahies et submergées par une seule émotion, ainsi les personnes dépressives qui ne ressentent plus que de la tristesse, la joie n'étant plus au rendez-vous, la colère et la peur pouvant s'achever en tristesse. Certaines personnes peuvent éviter leurs émotions, ne pas en ressentir. Certains les "mangent", les somatisent. D'autres personnes les intériorisent, au risque de vivre un effet cocote-minute explosif. D'autre les vivent de façon trop intense voir auto-destructive. Des temps de parole, des questionnaires, des jeux peuvent inciter les participants à s’interroger sur leurs façons de vivre leurs émotions. Un cahier des émotions peut être proposé, pour écrire entre les séances. Un cercle de paroles peut être proposé, avec des cartes permettant des discussions-choix possibles, entre deux actions potentielles. Des jeux de rôles peuvent être proposés.
- Le fait de vivre pleinement ses émotions est basé sur le fait que l'émotion a un intérêt, qu'elle sert à quelque chose. Permettre aux participants d’identifier l’intérêt des émotions est donc une autre possibilité à explorer. Des exemples issus d'histoires, de métaphores, de vidéos, d'informations peuvent être employés. Des histoires issues des patients eux-mêmes auront également tout leur intérêt, permettant d'inciter les personnes à nommer et identifier l’intérêt, l'utilité, l'impact des émotions.
- La "confrontation" aux émotions est également une possibilité. Certaines thérapies dites d'immersion existent, proposant de se confronter à ses émotions en situation réelle, en utilisant, par exemple, des échelles de cotation d'anxiété ou d'angoisse. Les thérapies telles que l'hypnose vont favoriser un revécu émotionnel, mais cette fois, en état modifié de conscience et de façon accompagnée, ce qui permettra de les ressentir sans danger. Ces thérapies de revécu ou d'immersion peuvent être proposées aux personnes évitantes, phobiques, état-limites.
Transformer les émotions
- La transformation possible, dans les thérapies centrées sur les émotions, vise à faire passer des émotions inadaptées à des émotions plus adaptées. Il est possible de travailler autour de la notion de stratégies personnelles. Un cercle de paroles peut favoriser cet échange de savoirs et de compétences (voir cercle de stratégies). Des temps de parole libre, des jeux (volcano), des idées de nouvelles stratégies peuvent être proposés. Ce type de changement reste dans une intention de "normalisation" des émotions. Il semble donc pertinent de ne pas perdre de vue ce désir de modifications et les intentions qui sont sous-jacentes à ce type de thérapie. Notre propre désir de changement de la personne gagne à ne pas être trop important ou trop intrusif. Nous ne sommes pas des exemples pour le patient qui doit pouvoir être libre de choisir la voie de changement qui est la sienne.
- Il est également possible d'utiliser une métaphore en termes d'énergie, généralement parlante aux participants. La notion de changement autour des émotions peut être vue ainsi sous l'angle quantitatif ou qualitatif. La mise en mots autour de ce changement possible va permettre aux personnes d'envisager des pistes de thérapie différentes et pertinentes. Il est possible de s'appuyer sur un schéma pour offrir une structure de base pour les échanges. Ce schéma est une simplification de celui de la symbolisation de Roussillon (voir schéma de Roussillon). Ce schéma psycho-dynamique évoque comment il est possible de passer de traces mnésiques (situées dans le corps), à des représentations de formes et d'images (dans l'inconscient) et a des représentation en mots (dans le conscient). La simplification de ce schéma sur la symbolisation, même s'il est issu des théories psycho-dynamiques, peut être utilisé comme base de travail et ainsi donner du sens.
- En termes de quantité d'énergie, il est possible de faire baisser, diminuer ou augmenter la quantité des émotions, grâce à des techniques corporelles (sportives ou de détente). Ce type de travail thérapeutique va permettre une décharge quantitative, mais le plus souvent l'énergie émotionnelle en trop (colère, peur, excitation, angoisse) tend à revenir si la tentative de changement demeure dans cette dimension quantitative.
- En termes de qualité, une transformation possible est d'amener cette "énergie émotionnelle" en images ou en mots. Il s'agit dans ce cas d'un véritable changement de nature. Les thérapies créatives de type art-thérapie sont une voie possible de transformation, l'idéal étant que ces mises en formes et en images, puissent aboutir aussi à une mise en mots. Les thérapies verbales sont une autre voie de changement possible.
Cet article a été écrit par Muriel Launois (en date de 2016)
il est donc sa propriété intellectuelle