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Accueil » Processus thérapeutiques » Conscience de soi

Image inconsciente du corps


La conscience de soi s'origine à la fois dans le domaine du physiologique et du psychique. Deux concepts sont à distinguer, le schéma corporel et l'image du corps. Classiquement le schéma corporel relève plutôt de la neurologie et celui d'image du corps relève plus de la psychologie. Les neurologues recherchent les modifications des perceptions du corps à la suite de lésions du système nerveux central et périphérique. Les psychologues cherchent quand à eux à rendre compte des atteintes de la conscience du corps. Cette dichotomie ne résiste pas à la réalité clinique et ces deux visions s'intriquent. (voir schéma corporel).


Image du corps
L’image du corps désigne les perceptions et représentations mentales que nous avons de notre corps, d'une part comme un objet physique et concret, mais aussi comme chargé de toute la dimension affective et relationnelle. L'image du corps donne "ses images" au corps. Elle appartient donc à l'imaginaire et à l'inconscient. L’image du corps est la première représentation inconsciente de soi. Cette représentation s'appuie sur la dimension unificatrice du corps, ressenti et vécu comme un tout, contenant et distingué du dehors. L'acquisition de l'image inconsciente du corps se fait plus tard que celle du schéma corporel. Cette image inconsciente de soi est liée aux épreuves de la vie relationnelle et affective. Elle est liée à l'histoire personnelle de chacun de nous et a un fort rapport avec le temps. Cette représentation de soi est intiment liée à l'autre et dépend donc de la qualité des relations à autrui. L'image du corps est également en lien avec la formation du narcissisme, lié lui aussi au regard de la mère et d'autrui.

 Elle peut être modifiée à tout moment par des expériences de vie en en particulier des transformations physiques traumatiques qui nécessitent des ré-organisations psychiques de la conscience de soi. Elle peut s'éprouver comme solide ou pas, détruite ou déniée, rejetée.
L'image du corps peut donc être vue comme un espace mental, se reliant ainsi à l'enveloppe psychique de D.Anzieu. (voir enveloppe psychique). Dans cet espace mental, cette enveloppe psychique, peuvent se déployer les contenus psychiques plus ou moins bien reliés selon les personnes et surtout plus ou moins bien conscients. La dimension de l'inconscient est donc à explorer.


L’inconscient
L'imaginaire puise ses images dans l'inconscient de la personne pour ensuite passer dans son conscient. Le corps tout entier, par le feuillet intérieur psychique, permet de recevoir, d'inscrire, des images, des souvenirs, des fantasmes, en lien avec ces perceptions corporelles. L'inconscient est fort bien "chevillé" au corps, comme inscrit à l'intérieur de la peau psychique. C'est la fameuses phrase de Freud soulignant que le Moi ne serait "qu'une" projection mentale sur toute la surface du corps.Tout comme dans le rêve, les images intérieures sont donc toutes des représentations du moi corporel ou de fragment du moi-corps. Faire émerger ces images ne va pas de soi. En effet, les personnes invitées à demeurer immobiles et à ne rien faire, se mettent à penser, et le plus souvent, à penser à ce qui ne va pas, à ce qui leur pose problème et l’esprit devient source de souci, à tenter de faire taire.

« Je n’arrive pas à faire le vide » doit être la phrase la plus entendue dans les séance de détente corporelle. C’est le vide de l’esprit, recherché comme paix intérieure, calme et silence des pensées. Or, dedans, ce n’est pas vide…..Au delà de ce fantasme de vidange du mauvais, il y a la possibilité de se relier à son espace intérieur, à son imaginaire, à son inconscient. L'imaginaire ne s'explique pas. Il se dessine, se décrit, s'écrit, se projette et, parfois, permet de faire des liens signifiants. En aucun cas, une explication rationnelle et logique ne doit être recherchée, au risque de fermer la porte à toute autre piste de découverte.

Pour favoriser l'éveil de l’imaginaire corporel, il ne faut pas utiliser des techniques trop inductives ou directives. Ces dernières, en effet, risquent de mettre en échec les personnes ne réussissant pas à faire naître en elles les images proposées. La relaxation est déjà bien souvent vécue comme une situation à réussir, sans augmenter ces fantasmes scolaires et compétitif par des exercices à reproduire le mieux possible et à contrôler. "L'idéal" serait de ne rien induire en ce qui concerne l'émergence d'images personnelles, mais cela s'avère impossible en réalité. En effet, d'une part, face à l'imaginaire, souvent pauvre, des patients, une "nourriture" extérieure est souvent nécessaire. De plus, il serait illusoire de croire que la façon de transmettre une technique, les mots choisis, les inclinaisons personnelles de l'ergothérapeute n'ont pas d'influence. Il convient donc de limiter et d'analyser ces influences.

Aider les relaxants à se mettre à l’écoute de leur images intérieures comme un jeu, une expérimentation ludique, est l’une des pistes possibles pour cette démarche corporelle. Il est possible pour cela de faire émerger des images mentales, des visualisations, concrétisées ensuite ou non, induites par un matériau, une image, la musique ou des sons, ou associées à la respiration, au contact avec le sol, à l’enveloppe contenante. (Voir fonction d'inscription des traces sensorielles).


En fonction des personnes
Pour les personnes psychotiques, cette dimension est, le plus souvent chaotique, morcelée, difficile à mettre en mots. L’imaginaire des patients psychotiques est dense, plein, en excès, angoissant, ou vide, appauvri par les éléments délirants. Les contenus psychiques ne sont pas liés entre eux et le contenant psychique non efficace, non existant. Il faut, le plus souvent, que ce soit l'ergothérapeute qui amène des images de bulles contenantes, des enveloppes imaginaires. L'utilisation du tissu ou d'objets de massage comme tiers intermédiaires sont également des pistes à développer.

Les personnes état-limites peuvent travailler sur ce feuillet interne de l'imaginaire et sur leurs contenus psychiques, tout comme les sujets dépressifs, névrotiques ou anorexiques; Les personnes état-limite ont, le plus souvent, un sentiment de vide intérieur et tout se joue autour de leur enveloppe. Enrichir cet imaginaire intérieur, leur donner accès à leurs images personnelles positives et négatives est important.

L'imaginaire des patients dépressifs peut être pauvre ou bloquée, celui des personnes hystériques peut se révéler riche, envahissant, excessif et celui des personnes obsessionnels peut être envahi par les pensées répétitives et les obsessions.

Aucune image ne suffit pour confirmer une pathologie. Seule la psychose et son cortège d'angoisse de morcellement et de dévoration peuvent se reconnaître plus facilement et encore, car des sentiments de dé-corporation, nommés dissociation en hypnosepeuvent surgir, en relaxation, chez une personne normale ou névrosée. Ne plus sentir son corps, immobile, et malgré les stimulations sensorielles des auto-massages, peut provoquer mille et une images et/ou sensations étranges et inconnues. Certaines personnes, non psychotiques, décrivent même des expériences dites de sortie extracorporelle pour le moins inattendues et il est donc important de rester prudent dans les inductions que nous pouvons proposer. (voir intentions thérapeutiques, inductions métaphoriques).





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