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Un atelier d'ergo
Structure des séances d'ergothérapie
Dans le dispositif d'éducation thérapeutique décrit, comment l'ergothérapie s’insère-t-elle concrètement? La demande de deux séances durant le temps d'hospitalisation de 15 jours a nécessité une organisation particulière, affinée au fil des séances et ceci en fonction des besoins et possibilités de chacun. L'étroitesse de la salle, le peu de temps, le nombre réduit de 2 séances, l’homogénéité des groupes provoquant des phénomènes d'illusion groupale et souvent de résistance, la notion d’éducation thérapeutique ont été
les présupposés dont il a fallu tenir compte
pour les séances. L'élaboration du dispositif thérapeutique proposé s'est fait très progressivement.
La structure de base
est désormais posée, comme référence principale, mais il n'en demeure pas moins une mouvance toujours nécessaire lors de certaines séances, ceci en fonction du nombre de patients, des troubles cognitifs associés et des capacités de verbalisation, très variables selon les groupes et les personnes.
Le temps "trop" court
Deux séance de deux heures pas semaine sont un temps très court, trop court pour un véritable accompagnement et il a donc fallu s'adapter à cette notion, tant sur le plan des médiations que du temps de parole. Plus que d'un véritable suivi, il est possible de parler de
temps d'expérience concrète
, de temps de pause au c½ur d'un dispositif où la parole et la réflexion sur l'alcool sont très présents, à tel point que parfois certains groupes arrivent en séance en déclarant qu'ils veulent bien parler de tout sauf d'alcool, indiquant ainsi leur "saturation" autour de ce thème.
Ce temps d'action concrète vient donc s'inscrire comme
une pause
dans tous ces temps d'informations ou de réflexion. Ce besoin de "faire pour ne pas penser" est une réalité forte pour ces patients, mais la séance proposée, si elle doit certes tenir compte de cela, ne doit pas pour autant demeurer dans l'illusion d'une simple occupation ou d'un temps plus agréable risquant de maintenir un clivage déjà fort présent entre la part alcoolique et l'autre part de la personnalité. La tentation du bon groupe opposé au mauvais groupe des autres patients de la bonne thérapeute opposée aux thérapeutes "parlant d'alcool' et de ce qui dérange, sont des constats qui doivent demeurer en vue de façon très claire pour ne pas demeurer dans l'illusion du clivage bon-mauvais que génèrent ces patients.
Le temps d'accueil
Ce premier temps d'échanges permet de faire connaissance et de présenter l'ergothérapie. Il est l'occasion d'
entendre les attentes
, fantasmes, vécus, demandes des patients autour de l'ergothérapie. certains en ont déjà pratiqué, d'autres pas. Certains attendent quelque chose de très précis et formalisé, d'autres se remettent entre les mains de l’ergothérapeute. Ce temps de discussion, court, de 10 minutes environ, ne permet de recueillir que des informations factuelles et descriptives.
La description proposée, ensuite, de l'ergothérapie va donc se décliner selon ces premières indications. Globalement, une image est proposée, oscillant entre les 2 extrêmes d'une "simple occupation" visant à l'action, le plaisir et la réalisation d'un objet qui devient non pas un objectif mais un moyen d'expression de soi. L'explication indique que il s'agit là d'une dimension plus approfondie voire introspective
. Ainsi
l’image de l'ergothérapie s'inscrit dans un entre deux
qui vient rejoindre celui de ces patients, oscillant bien souvent entre deux positions, dans une ambivalence importante.
Les deux séances sont ensuite décrites d'une façon plus pragmatique: 1h30 sera consacrée au temps d'expression et les 2h30 seront consacrées à la réalisation d'un objet personnel, qu'il soit très technique ou créatif. Entre ces deux séances, une semaine se passe et il a donc été proposé un
classeur de présentation
pour permettre aux patients d'entrer en représentation autour de l'ergothérapie dans ce temps où ils attendent la séance suivante.
Les
3
temps
La structure de base se décline en 3 étapes à répartir dans les deux séances
Un temps groupal d'expression articulé autour de consignes d'expression projective
Un temps de parole permettant de clore ce temps groupal d'expression
Un temps de réalisation d'un projet personnel concret
Cette structure en 3 temps s'est organisée progressivement. Au départ, un choix a été proposé entre
une possibilité d'expression ou de réalisation d'un objet
. Au bout de plusieurs mois d'attente qu'un groupe choisisse enfin la dimension de l'expression, force a été de constater que la voie de l'expression n'était pas une demande prioritaire de ces groupes de patients. Ils demeuraient dans un besoin de réaliser un objet, témoignage de leur passage, de leur valeur, de leur existence concrète, avec, le plus souvent , un mode de relation de consommation à la matière.
Fallait-il, dès lors, répondre uniquement à leur demande de s'occuper? La demande d'un des médecins addictologues d'une expression médiatisée à visée psychothérapeutique, a été l'occasion de nombreuses discussions avec d'autres soignants. L’intérêt d'un temps d'expression médiatisé s'est alors affirmé, à bien distinguer du photo-langage proposé par la psychologue clinicienne. (Tirage au sort d'une image et d'un mot, à mettre en relation entre eux et avec l'histoire de la personne).
Dans un premier temps, l'expression est donc revenue sous la forme de
consignes expressives proposées par l'ergothérapeute
qui décidait de la "consigne du jour". La concrétisation graphique (écriture, peinture, dessin collage) pouvait se révéler rapide et très défensive dans certains groupes, tandis que d'autres jouaient le jeu en y trouvant des bénéfices d'expression personnelle. Les résistances face à certaines consignes se sont manifestées souvent sous formes d'oppositions franches, de plaisanteries et de papotages , de mise en mots de surface ou de discours social banalisant les dimensions de la parole sur soi.
Il a donc fallu encore modifier le dispositif. Ces résistances ont donc été progressivement contournées dans l'élaboration d'un
choix à faire entre 3 consignes
,
permettant ainsi à une majorité de personnes dans le groupe d'entrer dans la consigne proposée et choisie. Ainsi les résistances sont moindres. Ce premier temps permet donc une approche courte, ludique et sans trop de risques, dans une dimension projective et signifiante. (Voir
Expression médiatisée
et
constitution d'un appareil psychique groupal )
Une fois cette consigne réalisée, un
temps de parole e
st proposé. Sur ce plan là aussi, plusieurs essais ont été nécessaires. Le temps de parole classique, à la fin des 2 séances, s'est rapidement opposé au temps de production d'un objet personnel, ce dernier étant vécu comme plus important par les patients, et surtout "à finir". L’inachèvement vient souvent signer, pour les patients un échec, traduisant leurs difficultés face à la frustration et à cette dimension du raté qui leur est très familière. Le temps de parole a donc été déplacé en fin de consigne projective, permettant de clore cette étape avant d'entrer dans celle du projet personnel, afin de donner un poids important à cette expression verbale.
Après ce temps de consigne expressive, médiatisée et verbale,
le temps du projet personnel
peut alors commencer.
Le passage du groupe à l'individu permet d'expérimenter les notions de séparation,
d'autonomie et d'action. (voir
petits objets symboliques
).
Il n'y a donc pas de temps de parole final groupal pour clore les deux séances d'ergothérapie et ce temps s'achève de façon informelle et personnelle, chacun gérant ainsi départ et séparation à sa manière, la plupart du temps lorsque l'objet est achevé, témoin ressenti comme le plus important de leur passage en atelier.
Cette structure de séance en 3 étapes s'est organisée en 1 an environ, temps nécessaire pour expérimenter et adapter aux besoins, demandes et désirs, des patients et pour s'intégrer de façon juste dans les intentions thérapeutiques globales.
Les écrits de cet article sont la propriété intellectuelle de Muriel Launois
et n'engagent qu'elle.
Il est possible d'utiliser tout ou partie des élaborations proposées, en citant vos sources.
Merci d'avance d'en respecter l'es
prit.(article de 2012)
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