UN BREF RAPPEL
Troubles de l'humeur
Les troubles de l'humeur sont la grande catégorie principale, recouvrant les troubles bi-polaires et les syndrômes dépressifs. La caractéristique des troubles de l’humeur est un changement des affects dans le sens d’une dépression ou d’une élation. Le niveau des activités est donc perturbé, la survenue de ces troubles est souvent en relation avec des événements stressants et ils ont une tendance récurrente. Certains troubles de l’humeur persistants ne sont pas traités en psychiatrie, car leurs répercussions sur la vie de la personne demeurent faibles (cyclothymie : fluctuations entre élation et moments bas, dysthymie : tendance à fatigue et sentiment de dépression, anxiété persistante).
Ces troubles recouvrent différentes pathologies :
- d’une part les troubles bi-polaires de type 1,2 et 3, décrits dans un autre article
- d'autre part, le syndrome dépressif incluant les épisodes dépressifs, les dépressions récurrentes et les autres troubles dépressifs non spécifiés.
Le syndrome dépressif, décrit dans cet article, est donc une entité psychopathologique qui recouvre un ensemble de symptômes, considérés comme appartenant à la grande catégorie des troubles de l'humeur.Il s'agit d'un tableau clinique polymorphe variable suivant la personnalité sub-normale ou pathologique sous-jacente. Les différentes dépressions ainsi décrites sont dites psychogènes, pour les distinguer de la mélancolie dite endogène, décrite dans les troubles bi-polaires. Les noms et classification sont variables selon les lectures psychiatriques ou psychologiques. Dans le DSM 5, le diagnostic de syndrome dépressif majeur est posé si au moins 5 critères sont présents. Le mot majeur n'indique pas un caractère de gravité mais la présence de ces 5 symptômes. Ensuite, la dépression est dite d'intensité modérée, moyenne ou importante. Il est également possible de trouver des termes comme épisode dépressif léger, moyen ou sévère. Selon les classifications, il existe donc de nombreux sous-type, avec des distinctions en degré de sévérité de la dépression, en épisodes réactionnels, isolés ou répétés.
Symptômes principaux du syndrome dépressif
• Dysphorie: Modification pénible de l’humeur, perte élan vital
• pessimisme, sentiments d’incapacité, d’impuissance, de dévalorisation de soi-même, de culpabilité
• Troubles du sommeil (hyper ou hypo)
• Troubles de la concentration, attention
• Agitation psychomotrice ou à l’inverse apragmatisme, aboulie, fatigue
• Perte de poids
• Anxiété, angoisse
• anhédonie : perte du sentiment de plaisir
• idées et conduites suicidaires fréquentes types appels à l'aide
Une autre terminologie, de moins en moins employée, peut aussi apparaître, celle de dépression réactionnelle. Cette dépression est ainsi nommée, non pas tant dans une perspective diagnostique, mais lorsqu'un événement, une situation, permettent d'identifier une cause, au moins apparente, à l'état dépressif. Par exemple: deuil, séparation, dépression du post-partum. Ce type de dépression est un événement unique. Si la dépression se répète, elle entre alors dans le cadre des dépressions récurrentes. Les dépressions récurrentes sont ainsi nommées car elle entrent dans un domaine de répétition. Plusieurs épisodes dépressifs se succèdent, avec parfois des intervalles libres de récupération d'une humeur normale, ou parfois sans retour à l'état habituel entre les épisodes dépressifs. Les termes employés sont rémission, intervalle libre. Ces troubles dépressifs récurrents peuvent être psychogènes, endogènes (mélancoliques), réactionnels à des événements stressants, psychotiques.
En psychodynamique (Abrégé de psycho-pathologie de J.Bergeret).
Une autre façon d'envisager l'état dépressif, repose sur la notion Freudienne de structure névrotique ou psychotique, tentant de différencier les signes variables selon les pathologies.
- Dépression névrotique: La nature névrotique de la dépression se révèle par la capacité du sujet à utiliser la douleur dépressive à des fins d’élaboration psychique. En effet, un tiers extérieur peut les aider à rompre le cercle vicieux des ruminations pour entrer dans le processus des associations d’idées. Ce type de dépression survient chez des personnalités névrotiques.
- Dépression et psychose: Le sujet psychotique peut, lui aussi, vivre un moment dépressif. Cela correspond à ce que l’on nomme le deuil du délire, lorsque le sujet perd ses illusion mégalomaniaques et narcissiques.
- Personnalités états-limites: Fragilité narcissique favorisant l’état dépressif à la suite d’une perte d’objet .Selon J.Bergeret, ce sont les personnalités état limites les plus exposées à la dépression. Les idées dépressives sont non délirantes. Il y a une sous-estimation des capacités réelles de la personne, une dévalorisation et une perte de l’estime de soi qui conduit à des risques de passage à l’acte. L’état de détresse est permanent, avec fatigue, neurasthénie, anorexie, rachialgies, troubles sexuels, asthénie matinale.
- Deuil: Dans le cas d’un deuil normal, une énergie est investie dans l’objet d’amour. Cette énergie, cette libido est donc dans un premier temps perdue, puis peut faire retour sur soi-même et investir d’autres objets d’amour, actions, etc…Dans l'état dépressif, il y a retrait de la libido des objets d'amour, désinvestissement de cette énergie qui va alors alimenter les symptômes dépressifs. Les notions de perte, d'abandon, de chute sont à explorer.