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Accueil » Du côté psychothérapie » Contexte des médiations projectives à visée de psychothérapie

Une introspection concrète

Une introspection concrète Zoom sur Une introspection concrète

Les capacités d'expression peuvent s'approfondir dans un travail d'introspection , si le patient en a le désir, et les moyens intellectuels et psychiques. Toutefois, tout le monde n'est pas à même de s'engager dans la voie de l'introspection, tant du côté du patient que du côté du ou de la thérapeute.

Pour pouvoir faire accéder notre thérapie à ce type de psychothérapie médiatisée plusieurs conditions sont nécessaires: un cadre thérapeutique de psychothérapie à médiation, adapté (confidentialité, intimité, groupe fermé, non directivité ou consignes adaptées), une supervision de l'ergothérapeute, une analyse de la relation et de la médiation.








Qu'est-ce que l'introspection?

L'expression médiatisée permet à la notion de projection de se déployer, mouvement centrifuge, une projection vers l’extérieur. L'introspection, elle, permet en plus, un mouvement de retour sur soi, une meilleure connaissance de son fonctionnement psychique, et ceci de façon mentalisée, conceptualisée, conscientisée. C'est une façon de comprendre ses propres contenus psychiques, rouages et mécanismes intérieurs. Le Moi peut donc se prendre pour objet de compréhension, observer ses propres contenus intérieurs, plus ou moins conscients et leurs inter-actions.

Mais il s'agit de s'intéresser aussi à son propre mode de fonctionnement psychique pour tenter de comprendre comment s'articulent rêves, pensées, fantasmes, histoire personnelle ancienne et actuelle, etc.... Ce processus vise à aider les personnes à être plus conscientes de ce qui a pu se jouer à leur insu le plus souvent, dans leur histoire et en particulier, leur inconscient. C’est un pas de plus vers la conscience de soi-même. L'introspection est la possibilité de chacun de découvrir son espace intérieur psychique personnel.

Toutes les personnes ne peuvent pas entrer dans ce type de processus thérapeutique. Les sujets psychotiques ont bien des difficultés passer par cette étape, mais même des sujets névrotiques ne sont pas toujours apte à effectuer ce travail psychique personnel. Il s'agit d'utiliser sa pensée pour se penser soi-même Or certaines personnes voudraient plutôt un médicament miracle qui les empêchent de penser à leur souci que se demander quelle peut bien être l’origine de ces désordres psychiques et si tout cela a du sens.

Si le patient a des capacités d'introspection, elles gagnent à être éveillées, stimulées, expérimentées. Toutefois, en ergothérapie nous sommes plus souvent dans une préparation à l'introspection. Elle sera possible, ou non, suivant les lieux de thérapie, les capacités des thérapeutes, les demandes et possibilités des patients. Les sujets dépressifs, état-limites, les personnes hystériques, les jeunes filles anorexiques peuvent plus particulièrement en bénéficier.

L’introspection est donc le processus essentiel à une psychothérapie. Ce processus se déroule dans l’espace intérieur du sujet, certes, mais peut aussi s’appuyer sur des aides extérieures. (Paroles, interprétations, constats, etc…) Il ne peut donc pas être le processus thérapeutique unique en ergothérapie et sera, de toute façon, une introspection que l'on peut qualifier de concrète, car elle va s'appuyer sur des éléments extérieurs concrets.



Les étapes de l'introspection

     Centration :Pour pouvoir être réceptif à cette étape, il est nécessaire de posséder un espace psychique personnel où le moi puisse s'expérimenter lui-même comme centre d'intérêt, susceptible d'intérêt, objet de découverte et d'étude, etc… D'emblée cela situe les personnes psychotiques en grande difficulté dans ce type de processus thérapeutique puisque leur moi n'est pas cohérent, ressenti comme une totalité distinguée des autres.

     Décentration: Le principal mouvement issu de l’espace intérieur vers le dehors, cette dimension de l'expression qui consiste à mettre au dehors quelque chose qui était au-dedans se nomme la projection. Cette projection, mouvement centrifuge, est commune à tout le monde. A tout moment, il y a une projection hors de soi de dimensions psychiques conscientes et inconscientes, une mise au dehors d’éléments psychiques internes. Soit par la parole, par la médiation artistique ou, de façon moins élaborée, par le passage à l’acte. Pour permettre cette décentration, des capacités d'expression, dépassant la simple description historique et permettant une réflexion éthique, morale, consciente sont nécessaires.

     Recentration : Après ce mouvement centrifuge, de projection au dehors, il est nécessaire de revenir au dedans. C'est alors la phase de retour sur soi-même. C'est à dire une acceptation inconditionnelle et sans jugement de ce qui fonde le sujet, aussi bien les parties psychiques soulignant des qualités que des parties psychiques perçues comme négatives. Cette phase de re-centration et de conscience de soi, nécessite qu'il y ait un sentiment de valeur suffisant pour reconnaître aussi les parties de soi-même qui peuvent sembler négatives. Les personnes états limites, souffrant d'un clivage en bon et mauvais objet ont bien du mal à vivre cette étape et à intégrer en eux-mêmes des aspects qu'ils rejettent. Cette re-centration est en lien avec les capacités d'introjection du sujet, capacités à intégrer en soi des parties de l'objet extérieur, pour modifier son espace intérieur psychique.

(voir aussi projection et introjection)


En ergothérapie


Nous pouvons retrouver les différentes étapes de l'introspection en ergothérapie, mais d'une façon plus concrète au sens d'une inscription dans un geste, une matière, un objet et pas simplement dans une mise en mots.

     Centration
La première étape de centration se retrouve en ergothérapie, par la centration sur la personne et non pas sur la technique. Si d'emblée nous situons notre action sur l'espace psychique de la personne (par nos références théoriques, notre cadre, nos choix d'activités) et non pas sur la notion d'occupation, d'activités, de techniques, nous permettons l'existence d'un lieu de psychothérapie médiatisée. Si l'ergothérapeute choisi de se centrer sur l'aspect technique (qu'il s'agisse d'apprentissage, d'aspects cognitifs, ou d'expositions à visée esthétique) , il n'est plus possible de parler de psychothérapie médiatisée.


     Décentration
Nous trouvons, ensuite la seconde étape de projection, mais sous un angle particulier. Tout acte est issu d’une nécessité intérieure qui s’origine dans la pulsion. Ex-primer, c'est mettre au dehors de soi, ex-pulser à l'extérieur. Projeter permet donc de soulager, mettre à distance, mais aussi, mots plus forts encore, d'expulser, de se débarrasser. Des mots qui font que, parfois, certains patients confondent hôpital et thérapeutes avec des poubelles où ils n'auraient plus qu'à se débarrasser de leurs petits ou gros tracas internes, afin que l'autre s'en charge. La projection peut révéler alors, toute une charge agressive potentielle, et se glisser dans des discours de plainte répétitifs où s'enferment les patients et où ils tentent d'enfermer le ou la thérapeute. "Ce n'est pas moi, c'est mon mari, ma femme, la société, mon père, ma mère et tous les autres". Si le ou la thérapeute reste dupe de ce discours, nul ne sortira de ce cercle infernal, de la plainte et de la projection.


En ergothérapie c'est la médiation qui vient accueillir une grande partie de ces projections et permet ainsi au thérapeute ou de ne pas en être le réceptacle trop direct. Sur un plan concret, cela souligne que nous avons tout intérêt à rester centrés sur cette dimension du tiers médiateur et à utiliser cette fonction protectrice de la médiation. L'expression de la souffrance, du délire, de la plainte dépressive, du désespoir, des sentiments d'enfermement ou de grande solitude, nécessitent que le ou la thérapeute puisse développer des capacités à s'en protéger, tout demeurant à l'écoute. Le cadre, la médiation sont des piliers fondateurs de ces protections nécessaires.

Cette dimension projective de l'expression médiatisée peut s'exprimer plus aisément dans des techniques dites projectives, où les dimensions de réalisations techniques, manuelles ou d'apprentissage, s'effacent au profit d'une expression personnelle. Parce que tout cela s'inscrit ainsi, concrètement, objectivement dans un objet, la médiation permet une mise à distance. Les fantasmes, les conflits intra-psychiques sont donc projetés, qu'ils soient reconnus et nommés, ou déguisés. Cela n'est plus simplement à l'intérieur de soi, mais devient objet, support d'une parole possible de soi et d'autrui. Pourtant, cette expression-projection ne suffit pas à permettre un véritable changement intra-psychique. Il faut la troisième étape.

     Re-centration

Elle est rendue plus complexe en ergothérapie dans la mesure où la personne peut se centrer sur son objet, sans forcément accepter d'y reconnaître un lien avec elle-même. Le contenu psychique s'inscrit dans la matière (s'il n'y a pas trop de technique ou de modèles). Ce contenu ainsi dévoilé, exprimé, exposé parfois, acquiert presque une "vie propre" et peut devenir un miroir pour la personne. Elle peut s'y reconnaître, ou refuser ce qu'elle y perçoit, ou parfois même, en dénier la création et refuser d’y reconnaître des parties d’elle-même.


Ce processus de re-centration sur soi est basé sur les capacités cognitives (compréhension intellectuelle), sur les capacités de conscience de soi-même (comme une sorte de dédoublement de soi même pour s'analyser) et sur le processus psychique de l'introjection, ( la prise en soi d'éléments d'identifications, de transformations) Ce processus de re-centration sera possible et soutenu par les temps de parole. Cette mise en mot peut porter sur le ressenti d’une séance, d’un moment, sur un sentiment dans l’ici et maintenant ou se relier à l'histoire de la personne. Elle se différencie de la psychothérapie verbale en ce sens qu’elle ne porte pas uniquement et directement sur le passé, l’histoire de la personne ou sur ses difficultés. Elle peut porter, aussi en ergothérapie, sur des sentiments de bien-être, des découvertes, des éléments inconnus de la personne elle-même. Le plus souvent, elle parait centrée sur l'objet, ou le temps de production si la personne ne veut pas montrer sa réalisation. Mais en fait, la personne parle toujours peu ou prou d'elle-même. L'objet vient comme tiers, support de paroles, un moyen d'expression et il sera aussi une métaphore de la personne.




Les écrits de cet article sont la propriété intellectuelle de Muriel Launois et n'engagent qu'elle.
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Merci d'avance d'en respecter l'esprit. (article datant de 2012)





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