Ce travail de reconstruction du moi, d'un sentiment d'identité personnelle, distinguée d'autrui,   est     un travail toujours en cours, jamais achevé. Ces notions sont       centrales au travail avec les personnes psychotiques. Tout acte, toute       situation, doit être référé, pensé, en fonction de ce postulat de   base     d'indistinction du moi et du non moi. C'est un horizon lointain   à     atteindre qui doit nous maintenir toujours en tension et en   attention     autour de ces notions. Mettre des mots sur la distinction   entre la     personne et son objet, faire du lien entre ce qui est créé   dans la     matière et l'histoire de la personne, relier des éléments et   en     distinguer d'autres, distinguer clairement l'espace personnels   de     chacun, protéger les productions d'une personne, utiliser les   notions de     permanence (de l'objet, du ou de la thérapeute, de   l'organisation de   la   salle, etc...) sont autant de pistes   potentielles permettant de     concrétiser cette nécessité de travailler   sur la distinction du moi et     du non moi.
Notre   vigilance doit   aussi sans cesse demeurer pour   ne pas prendre la   personne psychotique   comme un "objet" de soins,   fussent t-ils bien   organisés, bilantés, ou   statistiquement prouvés . La   tentation   demeure grande de trouver des   tiroirs permettant  "un bon     rangement", plutôt que de se laisser   interpeller par l’altérité du     sujet.   La priorité   qui doit demeurer en nous est   l'identité du sujet que   nous aurons   souvent à étayer, parfois même à   défendre. Si lutte   acharnée il doit   y avoir, c'est contre la psychose,   pas contre le   patient. Ce sont   en effet, ces patients, qui ont la   propension la plus   grande à se proposer comme objets et non sujets,   à     déclencher des désirs qui viennent à la place des leurs, et à faire       surgir des tentatives de contrôle divers et variés de leur psychose.   Les     rendre socialement acceptables, les aider à s'intégrer à la   société,     sont des objectifs certes louables, mais dont il convient   parfois de   se   défendre, pour demeurer du côté du sujet et de sa   singularité, si cela est possible et demandé par la personne, si cela   est accepté et soutenu par l'institution ou la société...