« L'intelligence ne se définit plus comme la faculté de résoudre un problème, mais comme celle de pénétrer un monde partagé » (FJ. Varela, invitation aux sciences cognitives, Paris seuil 1988)
La notion de processus est fondamentale dans les théories de la psychologie. Suivant les approches cognitives, sociales ou psycho-dynamiques, le terme de processus ne renvoie pas aux mêmes choses. Dans le cadre des thérapies qui s'appuient sur le travail des fonctions cognitives, il s'agit plutôt des processus autour de l'apprentissage. Les expériences cognitives sont éveillées lors des apprentissages techniques nouveaux, lors des répétitions pour intégrer ces apprentissages pour pouvoir les utiliser, ensuite dans d'autres situations dans des transferts d'acquis. Le mode d'apprentissage le plus classique est le système d'essai-erreurs. Le mode de résolution de problème est aussi une référence fréquente. Les capacités d'intégration des règles et stratégies de jeux seront variables suivant les personnes, ainsi que leurs capacités à prendre des initiatives, proposer des innovations, des modifications ou des adaptations personnelles en fonction d'expériences similaires déjà vécues.
Lors de la pratique d'un jeu, la notion d'apprentissage se pose rapidement puisque la plupart des patients n'ont pas toujours la pratique de telles activités dans leur vie quotidienne. L'apprentissage implique les fonctions cognitives. Il faut pouvoir, par exemple, pouvoir intégrer des directives, qu'elles soient orales, écrites ou sous forme de démonstration, que ces directives soient simples ou complexes. Il est donc nécessaire de pouvoir lire, interpréter des signes et des symboles. Pour apprendre une stratégie ou une façon de jouer et pouvoir la reproduire, les processus cognitifs sont multiples, simples et de haut niveau. Les personnes doivent pouvoir comprendre les relations de cause à effet, avoir un minimum de pensée logique, pouvoir comprendre les consignes.
Des expériences autour des notions de dépendance ou d'indépendance pourront être vécues en lien avec la notion d'apprentissage donc de relation à un autre qui transmet quelque chose de son savoir faire. Lorsqu’il s’agit d’une animation d’un groupe jeu, la dépendance à une tierce personne pour l’apprentissage du jeu est nécessaire. C’est, le plus souvent, l’ergothérapeute qui anime la séquence de jeu et qui est garant de cette transmission des procédures. Mais le fait d’utiliser un même jeu plusieurs fois de suite, va permettre alors à des patients de connaitre les règles et procédures, pour les transmettre à d’autres participants ensuite.
La notion même d'apprentissage peut s'inscrire aussi comme la métaphore d'un changement possible. Symboliquement, les messages implicites pourront faire expérimenter le fait de pouvoir transformer des parties de soi-même, de pouvoir organiser son psychisme ou encore de la nécessité d'un rythme. Il est important aussi de savoir à quoi se réfère le jeu pour la personne (suivant son imaginaire personnel, son histoire personnelle et culturelle).
Quelques questions:
- Y a t'il nécessité d'un apprentissage? De connaissances intellectuelles (initiales, occasionnelles ou constantes)?
- Quel est le type d’apprentissage ou d'intégration des règles: Issu de l’interaction sociale, par observation, par tutelle, par modelage-imitation
Quelles sont les nécessités d'organisation et de chronologie?
- L'ordonnancement des étapes est-il défini et inamovible ?
- Y a t'il une notion de répétitions, de délais d'attente, de rituels, de rythme?
Prédiction, évaluation et "erreur"
Les fonctions cognitives vont permettre la prédiction (plan, stratégies, organisation des étapes) avant l'activité et l'évaluation (comparaison, essais-erreurs, sentiment de réussite ou d'échec) après l'activité. Lors de la pratique d'une activité de type artisanale, il est important que le patient puisse prévoir le déroulement chronologique et les étapes nécessaires à la réalisation. Ces données doivent pouvoir être transmises clairement pour permettre une action prédéfinie. Dans le cadre du jeu, la notion de prédiction ou de prévision n'a pas le même impact. La notion de prévision engage la capacité à évaluer ses propres capacités, en fonction de l'activité proposée. Les personnes, parfois, ne sont pas capables de déterminer si l'activité proposée leur sera accessible ou non. Si les capacités ne viennent pas en regard du niveau d'exigence, il y a alors un risque de démotivation et d'échec.