Echelle Lausannoise d’Auto Evaluation des Difficultés Et des Besoins.
(Pomini, Reymond, Golay, Fernadez, Grasset, version révisée de 2011)
Cette échelle a été créée par une équipe Lausannoise. Elle peut être commandée sur le site officiel. Cet outil est réalisé dans des ateliers protégés et l'acheter permet donc de faire travailler des personnes en situation de handicap. Type : Auto évaluationSpécificité : Evaluation spécifique à la psychiatrie Formation : Outils utilisable par un soignant, un accompagnant social, un éducateur (ou une...), après formation d’une heure auprès de l’équipe de création de l’outil. La formation n'est pas obligatoire mais conseillée. "L'équipe qui a créé ce bilan ne souhaite pas garder le monopole sur cette formation, mais permettre la diffusion de l'outil. Il est donc possible de transférer cette compétence de formation, dans la mesure où ils sont prêts à fournir les documents à des organismes qui se sentent en capacité de proposer cette formation". (Thibaut Bouttier, formateur)
Population cible : Patient souffrant de troubles psychiquesTemps de passation : min 10 mn, moyen 45 min, maximum ?...(en fonction du temps nécessaire)
La philosophie L’outil cherche avant tout a investiguer le vécu du patient dans son fonctionnement social ainsi que dans son vécu au quotidien. Il s'agit donc de la vision subjective du patient sur sa propre situation actuelle. Après avoir travaillé avec des échelles standardisés de fonctionnement social (SAS- l’échelle d’évaluation globale du fonctionnement,… ) ainsi que des échelles de qualités de vie (l’échelle de qualité de vie de Heinrichs (Heinrichs, Hanlon, & Carpenter, 1984), l'équipe de travail est arrivée à plusieurs conclusions:
- La plupart de ces échelles sont longues à passer
- Elles renseignent beaucoup de domaines qui ne nous concernent pas ou peu
- le simple fait de poser une question peut orienter la réponse
A partir de ces constats, Ils ont souhaité créer un outil rapide, flexible, et support à l’échange, dans lequel les questions seraient volontairement ouvertes, "pour laisser la personne s’exprimer au maximum et permettre une exclusion maximale de l'investigateur, via le tri des cartes".(Thibaut Bouttier)
Descriptif de l'outil
L’outil se présente sous forme d’une double échelle avec une passation réalisée par un tri de cartes reprenant les principaux domaines de la vie quotidienne. Le matériel se compose d’un jeux de 21 cartes (réparties en quatre sphères de fonctionnement) et de deux lots d’étiquettes de tris. Plusieurs versions de la feuille de cotation sont fournies avec l’outil sur un support CD, ainsi que l’argumentaire comprenant le protocole de passation détaillée. "Avant la passation, il est fondamental de bien présenter l'outil au patient, les objectifs de cette passation et l'utilité/utilisation future des résultats pour son propre processus de rétablissement, le tout afin d'accroitre son empowerment." (Thibaut Bouttier)
Regard critique de Mathieu
Avantages
C’est un outil qui est rapide, flexible et très ouvert. Grâce à sa structure, il permet une exploration systématique du fonctionnement sans rien omettre, surtout vis-à-vis des patients que l’on connaît bien, ou des représentation que l’on pourrait avoir. Il est modifiable et permet de facilement ouvrir la conversation même avec des personnes réticentes. Je mets personnellement 25 min pour une passation mais on peut prendre plus son temps, voir même la fractionner, tant que la situation n’est pas anxiogène pour le patient.
Limites
Cela reste une auto évaluation avec un travail de catégorisation qui nécessite un minimum de capacité cognitive. "Il est nécessaire d'adapter le bilan pour le handicap mental avec des pictogrammes, d'agrandir le format pour les troubles visuels. Et il faut aussi signaler que la passation est difficile lors de déni massif ou de contextes socio-culturels trop éloignés (immigration)". (Thibaut Bouttier)
Intérêt pour les ergos
- C’est un outil qui cible bien le retentissement fonctionnel de problématique de santé et axe l’échange autour du vécu du patient, de ce qu’il veut/réussi à nous en dire.
- Les domaines correspondent bien également à nos sphères d’actions.
- Etant rééducateur, la philosophie de l’outil ne nous pose pas de problème , c'est à dire de bien séparer la phase d’évaluation de la phase d’action en fonction de ce qui est ressortira.
- Au vue de la temporalité induite par les cartes (1-1 à 3- au-delà de 3 mois), il se prête bien à la réévaluation et s’inscrit facilement en structure ambulatoire.
Des remarques extérieures
Un reproche que m’a fait un médecin à cet outil : « A quoi cela sert de lui demander, il est délirant ! ». Pour moi cet outil permet justement, quel que soit la conscience ou l’accès voir même le degré de volonté de contrôle du discours, de poser les choses, d’avoir un point de départ.
Autre réflexion : « pourquoi poser des questions sur des domaines auquel on ne peut rien, voir même que l’on sait douloureux pour le patient ? » Et bien justement, passer sous silence un problème ne veux pas dire qu’il n’existe pas et la souffrance non plus. Donc cela permet de poser les questions, mais il faut accepter nos propres limites et savoir renvoyer vers quelqu’un d’autre qui saura mieux y répondre.
Articulations possibles
Personnellement, je le fais en première intention, après une anamnèse rapide pour permettre de mettre immédiatement le patient au centre. Il s’articule très bien également avec le M.C.R.O. , car il recouvre bien l’entretien initial et permet de renvoyer la problématisation que le patient fait de la situation, en introduisant la notion de rendement et de satisfaction.
Regard critique de Muriel Eladeb est un outil très précieux, que nous utilisons plutôt au cours de la thérapie. Cet auto-bilan, permet au patient de faire une sorte de retour sur sa situation, pour se demander quels sont les problèmes à travailler et préciser quels sont ses besoins d'aide. Cet auto-bilan permet au patient d'être en position active et non pas d'être saisi dans une vision trop normalisatrice.
Je trouve que les termes employés dans ce bilan sont encore un peu trop centrés sur les mots de "problèmes" et de "demande d'aide". Choisir des mots comme "difficulté à travailler" au lieu du terme "problème" aurait pu permettre de faire entrer la personne dans une dimension d'une action possible. De même, proposer d'utiliser le terme de "capacité" ou lieu de "pas de problème", aurait été intéressant, car dans la mesure ou l'inconscient ne connait pas la négation, la personne continue d'entendre le mot "problème". Dans le même ordre d'idée, dans la seconde partie du bilan centré sur la notion de besoin d'aide, là aussi il aurait été intéressant (toujours à mon gout personnel et qui n'engage donc que moi...) d'inscrire "ressource ou capacité personnelle" au lieu de "pas de demande d'aide".
Enfin, il manque une troisième partie, à mon sens, centrée sur la satisfaction de la personne à pratiquer telle ou telle activité, afin de renforcer son sentiment de capacité en les mettant bien en évidence. Dans le MCREO, cette notion de satisfaction apparait plus clairement. Ainsi, lorsque l'on donne à la personne, une partie de son compte rendu, pratique que nous avons instituée à la demande du patient, il a alors en main non pas uniquement la liste de ce qui ne va pas et reste à travailler, mais aussi l'image des activités qu'il apprécie de faire, qu'il fait de façon autonome et qui sont donc à maintenir, développer, encourager.
Informations complémentaires
Adresse de correspondance
Unité de réhabilitation
Bâtiment des Cèdres
Site de Cery
1008 Prilly
PCO - Unité de Réhabilitation Site de Cery, 1008 Prilly, Suisse
tel 021.314.54.24
http://ateliers-rehab.ch/produits-psychiatrie-communautaire/eladeb/
Cet article a été écrit par Mathieu Gosme
relu par Thibaut Bouttier, formateur eladeb