4 étudiantes de l'IFE Aix-Marseille Valentine Mouche, Floriane Ensuque, Manon Ménage et Charlène Glémarec ont proposé à d’autres étudiants et à des professionnels, un webinaire sur "les compétences transversales de l'ergothérapeute en santé mentale", réalisé sur la base de leurs mémoires respectifs.
Elles ont rappelé tout d'abord que la santé mentale est un état de bien-être plus que l'absence d'un trouble et qu'il n'y a pas de bonne santé sans une bonne santé mentale. Elles nous ont également rappelé qu'il existe 3 dimensions de la santé mentale: la santé mentale positive, la détresse psychique réactionnelle et les troubles psychiatriques de durée variable. Ce rappel leur a permis de démontrer que la santé mentale était présente bien au-delà des services de psychiatrie.
Soulignant que nos compétences sont d’utiliser des approches centrées sur la personne, dans une vision holistique, elles ont mis en évidence l'impact de la santé mentale sur des prises en charge en soins somatiques et l'augmentation des couts ou des temps de séjours qui peuvent alors en découler. Ainsi, il y a plus de risque de décès ou de ré-hospitalisation pour un AVC si un syndrome dépressif est associé.
En s'appuyant sur le cas clinique d'un patient en SSR pour un suivi post-AVC et sur trois outils, elles nous offrent une belle démonstration de l’intérêt de ces outils, même en soins somatiques. Elles ont pu ainsi analyser l'évolution de ce monsieur qui manifestait des réticences et de l'exaspération dans sa rééducation, ce qui l'avait conduit à peu d'engagement occupationnel.
Les outils sur lesquels elles s'appuient dans ce webinaire, pour montrer comment il était possible d’entrer à l’écoute de ce patient pour pouvoir mieux l’aider ce patient, sont les suivants:
• L'entretien motivationnel: dans ce domaine, il s'agit d'aider le patient à faire émerger ses ressources, en utilisant une attitude empathique et une relation horizontale. L'utilisation de questions ouvertes sélectives, la reformulation de C.Rogers et l'écoute active complètent les outils de cet entretien motivationnel. Cette conversation autour du changement permet de renforcer la motivation propre de la personne et peut être utilisée pour renforcer l'engagement de la personne.
• Le MRIE (modèle de la relation intentionnelle en ergothérapie): dans ce modèle 4 éléments sont à prendre en considération, l'usager et ses caractéristiques inter-personnelles, le thérapeute et son mode de raisonnement, les événements inter-personnels pouvant se passer durant la relation de soin et enfin l'occupation. Une liste de 12 événements inter-personnels permet d'identifier ce qui peut se passer (en cas, par exemple de résistance ou de réticence). Des items concernant les caractéristiques interpersonnelles permettent également de mieux comprendre ce qui peut poser problème (style de communication, confiance, affects, capacités à affirmer ses besoins...) Cet outil d’analyse de la situation, semble pouvoir être utile quand un événement interpersonnel interfère avec la prise en charge.
• Le FSSOT (flow state scale for occupationnal task): Elle nous ont rappelé aussi la théorie du Flow de Mihaly Csikszentmihalyi (psychologie positive) comme étant cette sensation optimale ressentie par les personnes fortement engagées dans une occupation. L'état de bien être ainsi atteint se caractérise par 9 points clefs qui sont explorés. Le FFSOT vient mesurer l'état de Flow de la personne lors de l'activité en ergothérapie, afin de s'assurer de sa satisfaction.
La conclusion de ces 4 étudiantes les amène à se poser la question des limites temporelles (cadences, rythme de travail) et des limites institutionnelles, dans la mesure où les compétences relationnelles ne sont parfois ni attendues, ni validées. Elles rappellent aussi qu'elles ont fondé leur travail sur des données probantes et le webinaire s’achèvera sur des questions et les remarques des participants à cette soirée.
Ces étudiantes nous montrent une voie holistique et transversale que les ergothérapeutes gagneraient à pouvoir développer. L'utilisation d'outils, plus classiquement développés en psychiatrie, pourraient ainsi entrer dans le domaine des soins somatiques et créer un pont entre des pratiques encore souvent clivées. Dans le cadre de la réingéniérie actuelle des études d'ergothérapie, cette notion d'une utilisation des compétences transversales des ergothérapeutes en santé mentale démontre bien comment les outils et les compétences, issues de la « mouvance psy » gagnerait à être encore plus intégrées dans les formations en IFE.
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