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Création et sublimation

Création et sublimation Zoom sur Création et sublimation

En quoi la création peut-elle se révéler thérapeutique?
Est-elle une "simple"  expression médiatisée?
Est-il vraiment possible d'accéder au processus de création en thérapie?
Est-ce de la création ou de la créativité?

Beaucoup de questions qui ne trouvent pas toujours de réponses....Néanmoins, même s'il n'est probablement qu'illusoire de parler d'un véritable processus de création en ergothérapie ou même de tenter de le stimuler de manière artificielle, quelques hypothèses peuvent nous aider pour comprendre ce qui se passe sur un plan psycho-dynamique.



Articulation entre les processus thérapeutiques
Les médiations créatives permettre de déployer de nombreux processus thérapeutiques qui peuvent s'inscrire dans une sorte de gradation, depuis l'expression "simple" jusqu'à l'élaboration psychique.
  • l'expression verbale et non verbale, s'inscrit comme première étape. Ce type d'expression peut se retrouver aussi dans des contextes de soins de réhabilitation psycho-sociale ou d'ETP
  • La sublimation, est une transformation créative de la libido en quelque chose de socialement acceptable, beau et reconnu. C'est un mécanisme de défense intra-psychique. Elle n'est pas à confondre avec la fameuse valorisation dont on parle tant et qui semble toujours, le premier réflexe réparateur chez les étudiants et même chez les professionnels, réflexe qui gagne à être reconnu et interrogé, pour ne pas rester une volonté trop illusoire. (voir valorisation).
  • la projection et l'introjection, favorisant l'élaboration psychique à partir d'une introspection concrète, nécessitent quand à elles, un cadre spécifique et confidentiel, des médiations de type projectives avec des médiums les plus malléables possibles (au sens de Roussillon) et surtout un aboutissement dans un temps de parole pour permettre la symbolisation primaire et secondaire.
Nous allons donc nous centrer sur la créativité ou la création, comme seconde étape , entre l'expression "simple" et l'élaboration psychique qui vient donner du sens, dans une compréhension intra-psychique de soi-même.


La sublimation, du point de vue psychanalytique
Freud a beaucoup écrit sur l'expérience artistique (Léonard de Vinci, le Moise de Michel Ange). Il a utilisé une ½uvre littéraire, ¼dipe roi de Sophocle pour étayer sa plus grande théorie sur l’½dipe. Pour lui, l'artiste ignore les lois de l'inconscient mais il les personnifie, il les incarne dans une ½uvre qui peut alors devenir un compromis entre ce qui est refoulé dans l'inconscient et ce qui est projeté dans la création. Du point de vue Freudien, l'artiste échappe donc, d'une certaine façon, la névrose grâce à la création. Freud souligne que "les forces pulsionnelles à l’½uvre dans l'art sont les mêmes conflits qui poussent à la névrose d'autres individus" (Freud, 1913, Résultats , idées et problèmes, page 210).

Mais Freud ne s'est pas intéressé uniquement au contenu projeté de l’½uvre, que l'on pourrait alors d'analyser comme une projection de l'inconscient, il s'est aussi et surtout intéressé au processus créateur. Il cherche à comprendre comment le processus créateur s'est inscrit dans l'histoire singulière de la personne. Toutefois, il a aussi bien pointé le fait que toute une partie échappe à l'analyse, c'est la notion de génie créateur. C'est la capacité d'une personne créatrice de nous mettre en contact avec la personnification de nos personnages intérieurs (héros, enfant intérieur, anti-héros, figures d'ombre ou de lumière, etc...) qui va, le plus souvent, nous attirer, nous fasciner ou nous horrifier face à une création artistique, littéraire, graphique, sculpturale ou musicale.


Expression, créativité ou création?
Les capacités d'expression sont différentes pour chaque personne et nous pouvons aider la personne à trouver sa médiation privilégiée, lui permettant de soulager sa souffrance, de la dire d’une autre façon, de la projeter à l’extérieur et de pouvoir ainsi avoir une action sur son propre psychisme. Nous pouvons donc inviter quelqu'un à s'exprimer, de diverses façons et retrouver d’autres mécanismes de défense. Il n'en est pas de même en ce qui concerne la création.

La véritable création est un acte fondamentalement solitaire et qui vient du dedans de l'être. C'est une poussée à....Elle n'a pas d'horaires, pas de but ou d'objectifs bien précis. Il est donc parfois bien difficile de créer les conditions nécessaires à un acte créatif, si la poussée intérieure n'est pas présente. La création a du mal à s'inscrire dans des cadres horaires et spatiaux précis, proposés par d'autres. Elle nécessite que la personne trouve en elle son propre espace intérieur et extérieur pour y inscrire sa création, issue de son énergie psychique.

L'art est une voie d’expression et de sublimation, si la personne y trouve du plaisir, du jeu, et une certaine capacité à mettre en forme. Toutefois, cette dimension qui nécessite reconnaissance et regard d'autrui n'est pas la plus fréquemment utilisée en ergothérapie où les notions de recherche esthétique et d'exposition ne sont pas les plus prégnantes. Cela dépend des finalités de la thérapie et des choix institutionnels mais surtout des réelles capacités créatives du sujet. Le mot de créativité semble souvent plus approprié que de parler de création au sens artistique du terme.

Tout thérapeute qui se pose la question de proposer à une personne d'exposer ses créations devrait se poser la question de ce qui va être ainsi mis au jour et exposé au regard de l'autre. il est tout à fait différent que cela vienne du ou de la thérapeute, ou que cela soit une démarche de la personne elle-même. La tentation de la fascination de l'art de fous peut toujours nous guetter.
Pour les personnes psychotiques, il est important de ne pas les enfermer dans un ghetto " d’art des fous ". Les émergences de ces personnes sont parfois si inquiétantes, si étranges, qu’elles peuvent en devenir très fascinantes. Il est important de ne pas tomber dans cette fascination, ni d’utiliser la création de ces personnes. Par contre, il est important de soutenir, de favoriser cette création, si la personne en a les moyens. Et surtout de l’aider à en faire quelque chose dans la dimension sociale : exposer, vendre, signer ses ½uvres, obtenir une reconnaissance identitaire à travers cela.


Création et pulsion de vie
Freud a parlé de la pulsion de vie. Cette vision pulsionnelle est une description essentiellement en termes d'énergie. Cette énergie est d'origine principalement sexuelle pour Freud, c'est la libido, les forces de l'éros. D'autres auteurs ne sont pas forcément d'accord avec lui et trouvent réducteurs cette pure origine sexuelle. Pour Freud, la libido s'inscrit donc dans l'activité sexuelle, mais également dans d'autres voies: la sublimation professionnelle et créative, les relations amicales, les engagements associatifs, etc... Cela est ainsi, dans la plupart des cas et des personnes normales ou normosées. Si cette énergie ne trouve pas une voie d'expression "dite normale", toute une partie peut être détournée dans le symptôme, soit du fait d'une frustration (non utilisation de la libido dans la dimension génitale) soit du fait d'une fixation incestueuse, soit d'une inefficacité des mécanismes de défense contre l'angoisse. Nous entrons alors, dans la pathologie car l'énergie créatrice, vitale, ne coule plus de façon fluide.

En termes métaphoriques, à partir de cette notion d’énergie, il s'agirait donc de retrouver la fluidité de la circulation, de ré-orienter le cours du fluide, de remonter à sa source, de libérer des barrages, de fluidifier la circulation, de se relier à cette énergie, d'y puiser, etc.....C'est un travail portant sur l'économie interne du sujet, de modification intra-psychique. Elle inscrit le sujet comme désirant, reconnu, entendu. Cela enrichit la vie par la prime de plaisir ainsi accordée et retrouvée.


Sublimation et métamorphose de soi-même
La création procure du plaisir, lorsqu'elle est librement choisie et pratiquée, mais il convient de se souvenir qu'il y a aussi des moments de souffrance de doute, car il y a des moments chaotiques de mise en mouvement de parties psychiques inconscientes qui cherchent à s'exprimer. Nous retrouvons, en partie, la notion de voie de compromis, qui permet à l'énergie psychique de se lier dans des actes créatifs au lieu de s'égarer dans les symptômes invalidants et coûteux. Mais l'art ne se "limite" pas à être une voie de compromis.

L'art est une voie d’expression, de transformation de la souffrance, qui peut, parfois devenir sublimation (mécanisme de défense utilisé par le moi, permettant de lier l'énergie psychique et de l'utiliser dans des formes plus acceptables et plus reconnues par la société que le symptôme), (voir sublimation dans mécanismes de défense névrotiques). Cela peut permettre, parfois, de soulager un délire, de maintenir une intégration sociale, mais aussi de proposer des défenses psychiques favorisant la cohérence, l’organisation. Car pour créer, il est nécessaire certes de passer par un chaos créatif, mais aussi de pouvoir en émerger et de l’organiser dans une forme. Pour les personnes psychotiques, un apprentissage technique s’avère dont tout à fait justifié et fondamental, pour approfondir leurs capacités et " faire tenir " l’½uvre et, symboliquement, la personne.

Les art thérapeutes et surtout les artistes en eux-même, sont souvent les plus aptes à transmettre de façon consciente et inconsciente, cette métamorphose possible de soi, car ce sont des processus qu'ils vivent de l'intérieur. C'est créer pour se re-créer soi-même. C’est une autre voie que celle de l’introspection, mais les deux peuvent co-exister, se croiser, se rejoindre. La création va permettre d'utiliser la source créative qui se trouve en chacun de nous. La dimension créative offre une autre voie qui se dégage des notions d'adaptation sociale, d'adhésion à une norme collective et à des modèles extérieurs. Elle est une métaphore de l'action possible sur soi-même, de la re-création de l'être. Le processus de création offre une métamorphose de l’être, car il engage l'être de façon profonde. Mais à la différence de l'élaboration psychique, base de toute thérapie d'inspiration psycho-dynamique, cette métamorphose de soi ne passera pas par la conscience, au sens introspectif, de ce qui s'est passé. 

Winncott, lui aussi, ne cesse de nous rappeler cette force et cette importance de la créativé sur laquelle il s'est penché dans sa dimension la plus ancienne, celle de la créativité fondamentale de tout être humain dès sa naissance. Il nous rappelle que le bébé doit créer le monde en même temps qu'il le trouve....un vaste programme.

Voir aussi: (se) transformer



Les écrits de cet article sont la propriété intellectuelle de Muriel Launois et n'engagent qu'elle.
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Merci d'avance d'en respecter l'esprit. (article de 2015)




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