Les 4 grands sentiments de base que sont la peur, la colère, la joie et la tristesse, sont l’expression de notre vie émotionnelle et peuvent se composer entre eux, créant d’autres sentiments. Ainsi la peur, à petite dose, génère de l’inquiétude, ou de l’angoisse, une peur sans objet réel. La tristesse se décline en chagrin, morosité. La colère peut passer de l’irritation à la fureur passagère ou à la rage, qui peut être tenace. La joie se déploie entre sérénité, enthousiasme actif plus ou moins durable, plénitude.
Le vécu de ses sentiments peut être considéré sous un angle chronologique, temps d’augmentation progressive de ce sentiment, maximum de l’intensité du sentiment, puis décharge émotionnelle de ce sentiment, avec un sentiment de bien-être ensuite. La difficulté survient lorsque, pour des raisons affectives, le vécu de ces sentiments a été interdit par l’extérieur ou contenu voir refoulé dans le psychisme. Dans ce cas l’expression émotionnelle est prolongée dans le meilleur des cas, comme si elle était diluée, voir elle devient insuffisante ou même bloquée.
L’un des acteurs de ce blocage est le diaphragme qui, en empêchant une respiration trop profonde, trop ample, bloque le risque d’expression cathartique, vécue comme trop intense, de telle ou telle émotion Ainsi, pour éviter d’être submergé(e) par l’émotion, la personne se contracte, se tend, contient, la respiration se raccourcit, le diaphragme se rigidifie et ne vient plus masser en profondeur comme une grande vague, les organes et viscères internes. Un travail progressif de ce grand muscle de la respiration s’avère donc important pour permettre une expression émotionnelle plus riche et spontanée.
Un autre acteur entre en jeu en ce qui concerne l’émotion, c’est l’hypothalamus. Situé à la base du cerveau sous le troisième ventricule, il constitue le cerveau conducteur de la vie végétative qui gère l’expression des émotions. Les réactions viscérales telles que rougissement ou blêmissement, modification du diamètre de la pupille, émission de larmes, relâchement des sphincters, sudation, hérissement des poils, etc…sont déclenchés par des influx d’origine thalamiques. Pour les auteurs centrés sur les effets biologiques du PH du sang, ce dernier aurait une influence sur les réactions hypothalamiques et donc sur la qualité des décharges émotionnelles. Ainsi un PH trop bas qui devient acide, inhiberait les réactions hypothalamiques, tandis qu’un PH alcalin stimule l’hypothalamus et provoque des décharges émotionnelles plus rapides et efficaces.
La respiration correspond à une opération de combustion lente. Cela provoque une oxydation respiratoire qui se réalise au niveau cellulaire des tissus. Les cellules absorbent de l’oxygène et rejettent du dioxyde de Carbonne et de l’eau. Ces échanges gazeux se réalisent par simple diffusion au travers des parois alvéolaires. L’oxygène et le gaz carbonique sont véhiculés par le sang. L’alimentation aurait aussi un rôle déterminant dans ce PH sanguin. L’acidité en excès dans les masses musculaires provoque des tensions musculaires. Ces théories alimentent les pistes de la tétanie et de la spasmophilie, vue sous un angle biologique.
Ces théories se centrent sur un impact biologique, créant progressivement de véritables cuirasses musculaires, des contractures douloureuses. Par ailleurs, il a été démontré que le stress a un rôle négatif sur l’axe hypothalamo-hypophysaire-surrénalien. Ainsi, proposer des méthodes, douces ou plus vigoureuses de respiration, tendrait à aller dans un sens d’amélioration de cet axe, et du fonctionnement de l’hypothalamus, donc de favoriser une régulation émotionnelle. Certaines pratiques de respiration visant à la libération émotionnelle tentent donc de modifier le PH sanguin en vue d’une action sur l’hypothalamus.
Ainsi, des techniques de « rebirth », proposent ce type de travail, modifiant, entre autre chose, les gaz du sang. Cette technique cathartique consiste en des respirations vigoureuses, amples et exagérées, permettant de vivre un sentiment de renaissance. Cette renaissance se situe d’une part sur un plan physiologique (sous tendu par une idée de purification corporelle par la respiration), et d’autre part sur un plan psychologique plus fantasmatique, articulé autour d’une renaissance de soi-même. Ces techniques cathartiques ne sont pas utilisées dans l’atelier de détente où il s’agit plutôt d’une régulation en douceur. Cet atelier ne vise pas directement à une libration émotionnelle rapide, forcée ou cathartique. C’est la version douce et lente d’un travail de libération du souffle, plutôt centré sur la libération du diaphragme.