Freud a mis en évidence les modalités du fonctionnement psychique en deux étapes nommées topiques. L'une porte sur la découvert du conscient et de l'inconscient, l'autre porte sur les différentes instances en jeu dans le psychisme:
Première topique:
Le conscient : Rien n’y demeure fixé très longtemps. Il est chargé d’enregistrer les informations venues du dehors et du dedans, de la série plaisir et déplaisir.
- Siège de la perception des sensations endogènes et des informations sensorielles extérieures.
- Siège des processus de pensée, raisonnement et reviviscence de souvenirs.
- Siège des représentations de mots.
L’inconscient : Partie la plus archaïque du psychisme, la plus proche du registre pulsionnel. Son contenu est fait des représentants des pulsions. (Et non pas de la pulsion elle-même qui est entre le biologique et le psychologique). L’énergie y est libre, tend à la décharge sans entrave. Le processus primaire prédomine. Le principe de plaisir y règne. Le ca, le moi et le surmoi ont une partie consciente et une partie inconsciente.
Seconde topique:
Le Ca : Pôle pulsionnel de la personnalité, il est la partie obscure, impénétrable de notre personnalité.
Le ca est le réservoir de nos pulsions. La pulsion a deux versant : un versant somatique issu d’un besoin physiologique vital et un versant psychique, issu de la possibilité de mettre en mots. C’est la satisfaction immédiate qui prévaut. C’est la notion de principe de plaisir. Le ca est nécessaire à notre survie, à nos besoins vitaux et fondamentaux, mais nécessite d’être canalisé. C’est là où règnent les processus primaires de dé liaison, chaos, toute-puissance, immédiateté, sans aucune conscience morale et éthique. Freud considère la pulsion comme une sorte d’énergie libre dans le psychisme de la personne. Or cette énergie ne peut demeurer en cet état et tend vers la décharge de la pulsion pour revenir à un état plus stable.. C’est le moi qui va contribuer à lier cette énergie libre.
Selon sa structure, le sujet va pouvoir utiliser cette énergie de différentes façons. Ainsi, pour les sujets psychotiques les pulsions sont agies directement, il ou elle est agit par ses pulsions, sans un véritable sentiment d'existence personnel. Il n'y a donc pas le passage par la pensée et donc pas de distanciation possible. Au départ, pour l’enfant, c’est principalement la mère qui doit effectuer ce travail du lien entre la demande, le besoin de l’enfant et la réponse qu’elle va lui donner. Il faut qu’il y ait une adéquation entre demande et réponse, pour que l’enfant puisse passer de la représentation d’objets à la représentation de mots.
-Les pulsions peuvent être regardées dans l'évolution des différents stades:
- Les pulsions liées à l’oralité sont très archaïques. Positives, c’est le plaisir de la bonne chère, mais aussi, dégagées de l'aspect neuro-physiologique, dans la dégustation au sens large, dans l'appréciation du goût de la vie, dans la dimension sensorielle. Négatives elles sont reliées à l'agressivité (cannibaliques, dévoration, avidité) et sont souvent retournées sous la forme d’angoisses de dévoration, et concernent les personnes psychotiques. Le type de relation : absorption de l’autre, d’incorporation en soi de tout ou partie d’autrui, de fusion. Les mécanismes de défense liés à ces pulsions, pour les canaliser seront eux aussi, très archaïques : délire, déni de la réalité, création de néo-réalités.
- Les pulsions scatologiques, liées à la saleté, l’analité se retrouvent plus aisément chez les sujets obsessionnels, mais restent, le plus souvent voilées. Elles peuvent évoluer en s'inversant en goût de la propreté ou du rangement, ou se sublimer dans des activités visant à organiser, contrôler, maîtriser corps et/ou esprit. Le mécanisme de défense correspondant à cette inversion, se nomme la formation réactionnelle et se retrouve principalement chez les sujets présentant une névrose obsessionnelle.
- Les pulsions liées à la libido génitale sont vécues dans la sexualité. Ce sont les pulsions de vie, liées à l’Eros. La sexualité en elle-même, est le plus souvent mise entre parenthèse lors des moments dépressifs, des irruptions délirantes, et lors du moment d'hospitalisation. Il est important de repérer si le choix d’objet d’amour et génital ou non, si les restes de fantasmes incestueux sont massifs ou non. Le principal mécanisme de défense est le refoulement de ces désirs interdits.
Au niveau du Ca, il y a un lien étroit entre :
- processus primaire
- énergie libre
- principe de plaisir
- identité de perception
- représentation de choses
Le Moi : Pôle de conscience identitaires et défensif de la personnalité
Le Moi se différencie progressivement du Ca, lui soutire de l’énergie libre (processus primaire) et la lie dans des représentations psychiques de plus en plus élaborées, grâce au système perception-conscience. Les pulsions ont besoin d’être liées dans des processus dits secondaires, dans des élaborations psychiques, des compréhensions intellectuelles, des sublimations artistiques, pour être intégrées de façon non destructrice et vivables au quotidien. Le moi, dans la psychose, demeure morcelé.
Il est l’instance régulatrice qui tente de satisfaire aux exigences du ca et du Surmoi. Il régule les exigences pulsionnelles, tient compte de la réalité, prend des décisions, etc…
En plus des compromis nécessaires avec le ca et le surmoi, le moi doit tenir compte du monde extérieur. La réalité vient donc mettre en place ce que Freud nomme " le principe de réalité". C’est cela qui mettra un frein aux processus archaïques basés sur l’illusion de toute-puissance. Les pulsions de destruction trouvent, elles aussi, une limite à leurs expressions chaotiques. La réalité vient poser des limites, des frustrations, mais aussi et surtout, canaliser et permettre à des personnes de vivre ensemble selon un consensus commun. Ce principe de réalité va se retrouver dans la confrontation au matériau concret, dans l’existence des différents cadres thérapeutiques, dans l’existence et le respect des autres personnes, dans le respect et la référence à la Loi.
Il assure la stabilité et l’identité de la personne. Il assure la fonction de conscience et d’auto-conservation, mais une certaine partie de lui-même demeure inconscient. Certains aspect de soi-même sont ainsi parfois, ignorés, niés, refoulés, laissés dans l’ombre , inavouables, inacceptables.Enfin, il utilise les mécanismes de défense Il est possible d’aider une personne à en avoir conscience, à les assouplir, à les renforcer, à en découvrir d’autres. Ils sont constitués progressivement, et ne peuvent pas, loin s’en faut être toujours conscients pour le sujet. (Voir pulsions, angoisse et mécanismes de défense).
Au niveau du moi, il y a un lien étroit entre :
- processus secondaire
- énergie liée
- principe de réalité
- identité de pensée
- Représentation de mots
- Mécanismes de défense
Le Surmoi : Il a une fonction d’auto-observation et de censure, de conscience morale
Il est l’héritier du complexe d’¼dipe. L’interdit de l’inceste permet au Surmoi de soutirer de l’énergie au Ca et de se constituer. Le Ca doit renoncer à son objet d’amour, et l’énergie ainsi récupérée, l’énergie que le Ca avait investie dans cette représentation, est récupérée pour constituer le Surmoi.
Il est fait de l’intégration des règles morales, de l’éthique intérieure propre à chaque personne, du respect des règles explicites et implicites permettant de vivre en société. Cette instance est en partie consciente et en partie inconsciente. Elle est héritée du surmoi parental, prolongée par l’intégration progressive des règles, interdits et tabous d’une société et d’une culture donnée. L’existence même de cette instance psychique oblige le moi à des compromis incessants avec les exigences pulsionnelles du çà.
Ce surmoi s’élabore progressivement, au fur et à mesure des limites rencontrées par l’enfant, des frustrations, des limites imposées par la réalité. Des moments particuliers sont à retenir : la phase du non chez l’enfant, l’éducation à la propreté lors de la phase anale, la castration inhérente à l’être humain au sens où nul ne possède une complétude totale, l’intégration de l’interdit de l’inceste commune à toute l’humanité.
Il est garant de l’existence d’une loi intériorisée. Si l’une ou l’autre des règles a été mal posée, défaillante, voir transgressée par une instance parentale réelle ou imaginaire, la transmission d’une loi claire et efficace, ne sera pas possible. Parfois, l’existence de ce Surmoi interne est si vague ou si peu efficace, que des sujets ont besoin de personnes extérieures pour l’étayer, l’assurer, ou de cadres, ou d’institutions ou tout autre système thérapeutique structuré et référé.
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