Nous voici dans l'année (bon, il y a déjà un moment en fait) où le paradigme de soin passe du bio-médical au bio-psycho-social. Il s'agit d'une grande orientation sociale qui vient mettre à mal la vision patho-centrée (cool), la puissance médicale (yeah) mais qui nous incite à tenter de tout faire et de répondre à ces trois items (fatiguant), en oubliant parfois, que nous sommes dans des équipes pluri-disiciplinaires et non pas sommés de TOUT faire à nous tous seuls, passant ainsi de l’invisibilité des zergos à une tentative de toute-puissance et de toute-présence.
Nous voici dans l'année (bon, ça aussi ça dure depuis un moment) où nous sommes invités à ne plus garder les personnes en hospitalisation, pour....que cela coute moins cher!!! 70% dehors et 30 % dedans, donc de TRÈS BONNES RAISONS pour inciter des personnes qui ne le peuvent pas, ne le peuvent plus ou ne le veulent pas, vivre à l'extérieur, en grande solitude, précarité ou éloignement des autres par angoisse et insécurité...
Nous voici dans l'année de la WFOT qui nous propose de faire des petites vidéos, mais qui ne seront acceptées que si c'est bien "occupations centrées"....donc les z'ergos qui osent voir les choses autrement n'existent plus, désolés...Existerait-il, par hasard, des chemins de traverse?
Nous voici dans l'année où nous sommes invités, sommés, obligés ou je ne sais pas quoi d'autre, de nous référer à une identité d'ergothérapeute qui soit ancrée (scotchée-collée) dans un des modèles d'ergothérapie (bien), de préférence issus d'outre-atlantique (pas bien), sous peine de ne pas permettre aux étudiants de pouvoir être rassurés et de ne pas avoir à penser par eux-mêmes, sait-on jamais ce qui pourrait en sortir!!!...
Nous sommes dans des années où le repli identitaire des zergos qui voudraient quand même bien en avoir une d'identité (et on le comprend), risque de les empêcher de s'ouvrir à des modèles conceptuels inter-disciplinaires, riches et nous permettant des interactions avec d'autres acteurs du soin, du social, de médical et autres si affinités...On cause juste entre ergos: "'Et ta volition à toi, elle en est-où? "
Nous voici dans les années où ceux et celles qui savent écrire de façon scientifique, et dans l'air des "sciences de l'occupation", sont mis en avant, soutenus (génial) au détriment des zergos plus pratiquo-pratiques (comme on disait avant, mais çà c'était avant) qui n'ont pas su à temps, transmettre leurs compétences et leurs qualités...tant pis pour eux...
Nous sommes dans les années où l'auto-détermination des patients, issues de politique de lutte sociale et issues des patients, personnes malades et leurs familles eux-mêmes, devient une prescription dont se sont emparés les thérapeutes de tous poils, décidant désormais, que l'auto-détermination, l'éducation à la santé et l'éducation thérapeutique doivent permettre d'inciter les gens à prendre soin d'eux (très bonne chose) au risque parfois, de les culpabiliser (pas bon du tout!!!) au lieu de les responsabiliser...et au risque que les thérapeutes se désengagent...
Nous sommes dans les années où la coopération et la communauté s'érigent en modèle (wahou), en mode société démocratique et participative en demandant l'avis des ergothérapeutes et des bénéficiaires par exemple pour le futur plan stratégique de l'ANFE (super), mais où il ne faut pas s'opposer, être différent, être singulier et avoir d'autres idées que celles censées être bonnes pour la communauté...
Nous sommes dans des années où l'auto-détermination des ergothérapeutes semble devenir une denrée rare. Notre liberté de penser ne semble plus être une priorité et des "rails", comme un "tout prêt à penser" s'offrent de plus en plus à nous, avec un vocabulaire qui n'est pas le nôtre, que l'on doit s'efforcer de comprendre, de traduire, de digérer, sous peine d'être suspecté(e) de rester dans une ancienne vision, totalement dépassée...(Genre petit village gaulois, voire carrément régression au monde des Jurassiques-psy-ergos).
Nous sommes dans des années où les tentatives de différencier les choses sont nommées clivage, où les tentatives de mettre des mots et de comprendre sont ressentis comme des oppositions stériles, où une pensée holistique devient une pensée cannibalique, où le "tout Réhab" voudrait bien englober tout le reste...
Nous sommes dans des années où la connaissance de soi-même, intérieure, intime, profonde, s'efface au détriment d'une (nécessaire???) adaptation et normalisation pour s'inscrire dans une société qui n'aime guère les rêveurs, les inadaptés, les trublions qui voudraient bien être différents, singuliers, réfléchir par eux-même...bref, des empêcheurs d'agir en rond comme il faudrait, selon des normes établies par ???...
Allez, passons à mes "bonnes" dispositions de 2022: Arrêter de râler (c'est pas gagné! Ca doit être les hormones ou la perspective de la retraite prochaine!)...penser...rêver...respirer...
C'est quoi les vôtres? Si vous en avez....
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