Ou comment analyser et comprendre les interactions groupales dans un système relationnel
La thérapie systémique est une autre forme de psychothérapie. Cette thérapie, souvent dite de l'école de Palo Alto, est issue des intuitions de Bateson, un anthropologue et a été développée ensuite par Paul Watzlawick, John Weakland, D. Fisch, etc.)
Les théories
Ces thérapies vont chercher à donner une compréhension globale portant sur les interactions de groupes et les caractéristiques du système dans lequel elle vivent. Il ne s'agit donc plus de se centrer uniquement sur un individu pour comprendre son fonctionnement psychique personnel, mais de voir comment il s'inscrit dans un groupe familial ou social. Ces thérapies donnent du sens aux troubles psychologiques et comportementaux d'une personne, comme étant le symptôme d'un dysfonctionnement du groupe, le plus souvent la famille. Dans le cadre d'une thérapie, la vision systémique devra donc tenir compte de tous les systèmes qui entrent en interaction avec le patient dans le champ de la problématique à soigner. L'enjeu principal de la thérapie systémique est sa capacité à susciter des changements importants dans les interactions entre une personne et son milieu.
Ce type de thérapie s'appuie sur les théories de la communication, des interactions et du changement. Un des principaux constat de ces théories est que: "On ne peut pas ne pas communiquer". Il est important de prendre en compte la dimension verbale et non verbale de toute communication. La personne provoque des boucles rétro-actives: elle agit sur son environnement humain qui agit sur elle en retour. Ces thérapies peuvent aussi porter le nom de stratégiques, dans la mesure où les thérapeutes utilisent souvent des stratégies visant à provoquer le changement. Les thérapeutes sont actifs, engagés et positifs. Nous pouvons donc y trouver des sources d'inspiration en ergothérapie si nous utilisons les thérapies de groupe ou si nous voulons mieux comprendre les notions de communication et d'interactions.
Quelques mots clefs
- position haute et basse: une réflexion à mener sur cette complémentarité nécessaire dans une thérapie où quelqu'un est en position haute et l'autre en position basse, avec la reconnaissance d'une différence
- prescription du symptôme ou alliance avec le symptôme pour que la personne reprenne du contrôle dessus
- prise de conscience des injonctions paradoxales dans lesquelles nous pouvons être saisis: "sois spontané!"
- prescription de taches à réaliser entre les séances pour amener des changements dans le système
Les outils thérapeutiques
La thérapie systémique individuelle
Elle diffère de la thérapie familiale dans le traitement, mais possède les mêmes fondements conceptuels. Elle a mis en évidence qu'il n'est pas nécessaire de convoquer tout le groupe pour opérer un changement. Elle affirme qu'il est possible de modifier unilatéralement ses relations avec les autres membres du groupe, ce qui peut avoir un effet sur le fonctionnement du groupe. Alors que les psychothérapies traditionnelles focalisent leurs efforts sur la recherche des origines des difficultés psychologiques, l’approche systémique de Palo Alto s’intéresse à la façon dont les problèmes se manifestent dans le présent, et utilise le contexte de vie actuel des patients pour les résoudre. Il ne s'agit donc plus de rechercher l'origine des difficulté psychologiques ou de comprendre son propre fonctionnement psychique, mais de se centrer sur la notion de changement. Il est donc proposé aux patients, sur la base des théories de communication, de faire des expériences nouvelles. Des changements, d'abord minimes mais concrets sont recherchés, permettant l'amorce d'un "cercle vertueux", aussi bien dans la dimension émotionnelle que cognitive.
Les thérapies systémiques familiales
Selon cette théorie, la famille est considérée comme un «système», dont les processus d’interaction et de communication peuvent dysfonctionner. Il faut donc tenir compte de l'implication de tous les membres qui constituent la famille. L'accent est mis plus particulièrement sur la façon dont les autres membres de la famille (par rapport au « malade » désigné) favorise l'entretien d'un comportement dysfonctionnel. Il est possible de considérer alors le patient, comme étant porteur d'un symptôme de dysfonctionnement familial dont il faut dénouer les intrications pour en comprendre les rouages puis agir dessus. Aider un patient qui va mal peut donc passer par un travail sur la conscience et la re-définition des rôles de chacun dans le système.
Le rôle du thérapeute n'est bien sûr pas de créer une famille idéale ou dans des normes pré-définies, mais d'aider à dépasser un état de crise pour parvenir à un autre équilibre. La notion d'homéostasie, d'équilibre du système, est un pivot central. Il faut aider les gens à retrouver un point d’équilibre acceptable dans leur façon d'être et de vivre. Parfois, ce n'est pas avec la personne qui est porteuse des symptômes apparents que le travail se fait: par exemple dans le cas d'un très jeune enfant qui pose des problèmes de colère, c'est avec les parents qu'un travail de re-cadrage peut se faire, au sens d'une décryptage de ce qu'ils ont pu tenter comme solutions qui n'ont pas marché, pour leur proposer d'autres pistes de changement.
Les thérapies stratégiques
Dans ces thérapies il ne s'agit pas de se concentrer sur l'origine des problèmes ou sur le fonctionnement intra-psychique (modèle psycho-dynamique), mais sur la répercussion que les problèmes ont dans la vie actuelle des personnes et surtout sur la manière dont elle a tenté de gérer ces problèmes. Les tentatives de solution de la personne, pour maintenir un équilibre le plus satisfaisant possible dans son environnement humain, ne sont plus efficaces et sont pourtant, le plus souvent, poursuivies et maintenues. Elles finissent alors, par devenir finalement aussi, une partie du problème. C'est un peu comme si la personne, tout en se rendant compte que ce qu'elle fait n'amène pas un changement pertinent, continuait à "faire plus du même". De nouvelles stratégies sont alors proposées à la personne, avec des exercices à faire entre chaque séance, pour tester de nouvelles façon de faire. Les prescriptions de taches sont très souvent paradoxales (imaginer le pire du pire, se donner rendez-vous avec son symptôme à une heure précise pour le laisser s'exprimer de façon plus contrôlée, faire un virage à 180° dans une visions des chose, etc...).