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Nourriture émotionnelle


Du corps à la parole

En ce qui concerne les deux groupes de « relaxation active, hypno-relaxation » et le temps de parole «Autour des émotions », un lien signifiant est possible. Ils vont donc être décrits dans une « logique » porteuse de sens. Le groupe autour des émotions a été pensé et créé, initialement, par une ergothérapeute « psy » et une ergothérapeute « fonctionnelle ». La collaboration a cessé lorsque cette collègue a quitté le service, ce qui a donné lieu à la création du groupe autour des articulations décrit ci-dessus, par une autre collègue « fonctionnelle », souhaitant accentuer la prise en charge dans ce domaine. (voir article ).

Quelques questions ont été fondatrices dans l’élaboration progressive de ces deux groupes : Comment dans le cadre d’une prise en charge en ETP en vue d’une chirurgie bariatrique, est-il possible d’aider des patients en surpoids à identifier ce qu’est la « nourriture émotionnelle » ? Quels liens sont possibles entre ces deux notions ? Quel impact cela pourrait-il avoir sur le vécu corporel de ces personnes ? Comment permettre à des personnes en situation de surpoids, de faire du lien entre leurs sensations corporelles, rendues opaques et confuses par la « masse » corporelle, et une expression émotionnelle, souvent remplacée par la nourriture qui vient obturer la parole ? Comment passer du corps à la parole ?



Du corps….

Le corps est ici au c½ur de la séance. L’émotion est tissée dans notre corps, venant se manifester dans des accélérations du rythme respiratoire ou cardiaque, dans des sensations de montée de chaleur ou d’affaiblissement de zones du corps, dans un sentiment de vitalité générale ou de froid…Une équipe de chercheurs finlandais, l’équipe du Dr Lauri Nummenmaa, de la faculté des sciences d’Aalto, a utilisé les témoignages de 701 volontaires. Ces derniers devaient représenter, sur une silhouette humaine, les parties de leur corps qui leur paraissaient plus ou moins activées en fonction d’une émotion spécifique, présentée sous forme d’images ou de vidéo. Ces chercheurs ont ainsi proposé une « carte corporelle des émotions », mettant en évidence que les principales émotions humaines ont tendance, quelque que soit la culture d’origine, à provoquer le même type de sensations. Les sensations viennent donc signifier l’émotion et retrouver la conscience de la dimension perceptivo-sensorielle du corps est une voie à explorer.

La prise de conscience du corps, dans sa dimension sensorielle, peut être la première étape d’une mise en lien entre corps et émotion. Une pratique quotidienne d’exercices de bien-être permet aux personnes en surpoids, de renouer avec leurs corps, par la mise en évidence et en valeur de la sensation corporelle, retrouvée et conscientisée. La sensation de leur estomac et de la satiété, sensation évoquée comme souhaitable à retrouver lors des temps de groupe de parole, n’est pas la seule sensation qui soit importante à éveiller. Toutes les sensations corporelles gagnent à être sollicitées, densifiées, éveillées. Le corps redevient plus conscient, plus vivant, source de perceptions et de sensations plus intenses. L’esprit conscient et volontaire, soutien de la motivation, est sollicité en premier lieu. Il s’agit de nos capacités cérébrales à interpréter les sensations et à les traduire en perceptions. Mais la dimension inconsciente de l’esprit est aussi invitée à s’éveiller, pour mettre en valeur les ressources internes de la personne et remettre en lien le corps et l’esprit.

Toutes les techniques proposées sont simplifiées dans l’intention de favoriser une utilisation personnelle et rapidement autonome. Des enregistrements des séances sont accessibles dans le site ergopsy.com. Les explications sont aussi reprises dans un livret. Les méthodes proposées sont nommées pour permettre l’intégration éventuelle de groupes hors de l’hospitalisation, si les personnes souhaitent être plus guidées. L’expression des ressentis reste un temps plutôt bref en cours ou en fin de séance, l’accent étant plutôt mis sur la pratique. Il est possible aux patients de participer à 1,2 ou 3 séances avant et/ou après l’opération. La séance peut donc être une unique découverte, ou une amorce d’apprentissage. De telles séances, proposées sur plusieurs semaines, pourraient s’inscrire comme une véritable thérapie mais ce n’est pas la demande initiale dans le cadre d’un parcours d’ETP.


Relaxation active
  • Des auto-massages pour se « prendre en mains » au propre et au figuré, permettant de retrouver des sensations agréables, d’améliorer des zones de tension, mais aussi d’aller au-delà de cette apparente quête de détente. En effet, la conscience de la graisse vient aussi s’inscrire dans la conscience de soi. Le cerveau est invité à analyser les nouvelles sensations post-massages, tandis que l’inconscient, lui découvre un sentiment de sécurité relié à un moi-peau (concept de D.Anzieu) éveillé, enveloppé, sécurisé. Le massage le plus apprécié par les patients est un massage de dos contre un mur avec une balle à picots…simple à reproduire et à pratiquer de façon autonome. Un livret, donné aux patients, reprend le sens de massage utilisé par les asiatiques, venant comme une possible référence. (Origine : do-in, shiatsu, références asiatiques de type acupressure).
  • Des mouvements lents et doux permettent de mobiliser chaque articulation en douceur et incitent à une reprise possible d’une mobilité nécessaire. Ces mouvements sont les plus simples possibles, reprenant souvent le mouvement principal de chaque articulation, en insistant sur la lenteur, la conscience, la fluidité, l’écoute. L’image d’une articulation « bien huilée » est proposée et les mouvements sont réalisés entre 3 et 5 fois. Ils sont proposés en position assise ou debout. Ces mouvements sont pratiqués en alternance avec les auto-massages. (Origine : tai chi chuan, Qi gong, méthode Jacobson d’alternance de tension/détente, méthode Bertherat ou Martenot de gym douce).
  • Des exercices de respiration, parfois intégrés avec auto-massages et mouvements, parfois proposés de façon distincte, s’inscrivent alors dans la séance. Ce travail peut se déployer dans des exercices de « contrôle » respiratoire (respiration comptée, cohérence cardiaque, mouvements corporels favorisant une respiration plus ample, plus profonde ou plus active) ou dans une « simple » conscience de la respiration. Le plus souvent la respiration thoracique est bien perçue, la respiration diaphragmatique est très peu perçue voir pas du tout et la respiration dite abdominale, n’est pas suffisamment active et consciente.


Hypno-relaxation
Ce terme d’hypno-relaxation, une invention personnelle, souligne le fait que selon la façon d’être des patients, ils seront plus sensibles à la relaxation (écoute plus réceptive, sensations de chaleur/ lourdeur, sentiment de flottement, recherche de détente et de visualisations agréables) ou plus réceptifs à la découverte d’exercices d’auto-hypnose simples, ayant une intention de changement (expiration associée au lâcher prise, capacité de faire venir et mobiliser la chaleur interne ou encore association inspiration/légèreté/plénitude).

  • La proposition principale est celle d’une descente progressive dans les sensations par un voyage intérieur de la tête aux pieds, reprenant les différentes zones explorées de façon concrète lors des massages/mouvements. D’autres explorations de l’espace corporel et psychique interne sont également possible et l’une d’entre elles, très appréciées par les patients, se centre sur trois étapes : conscience de la chaleur, de l’expiration puis de l’inspiration. Dans tous les cas, ces propositions sont des structures artificielles, organisatrices, permettant à la personne de trouver sa propre voie d’exploration de ses ressentis.
  • La thérapeute n’utilise pas d’images induites, comme ayant une sorte de « pouvoir magique venu de l’extérieur ». La séance est tissée de suggestions et d’inductions hypnotiques et post-hypnotiques, venant comme autant d’affirmations potentielles : « quand vous ferez votre propre séance », « votre inconscient va engranger que le changement est possible », « vous allez pouvoir vous prendre en main », «je ne sais pas quand vous allez à nouveau prendre soin de vous ». Le voyage intérieur des personnes va permettre une plongée dans leur paysage corporel personnel et intime, associant sensations, images ou mots, selon les personnes. Un glissement progressif vers un lieu agréable, couplé à un travail de confusion/saturation (issu de l’hypnose) propose d’associer lieu de détente et ventre. Le ventre peut devenir ainsi, un centre où de nouvelles perceptions et associations d’idées vont pouvoir se déployer et s’enraciner. 



...A la parole.

Le groupe d’expression des émotions va plutôt se centrer sur la parole mais aussi la créativité groupale, alternant des échanges autour des stratégies personnelles et des temps de découverte de médiations expressives. Selon les groupes, le travail sera plutôt cognitif ou projectif en priorité, mais en gardant à l’esprit que la complémentarité de ces deux approches reste nécessaire dans une démarche intégrative ou holistique selon le nom que nous pouvons lui donner. Quelques étapes sont identifiables, dont l’utilisation est variable selon les groupes et les séances. Tout d'abord les personnes vont se présenter. Ensuite il sera important de proposer un travail de définition de l'émotion, selon leurs propres termes. Un travail groupal en méta-plan sur le nom des émotions et une réflexion personnelle sur les émotions leur posant problème , seront la base du temps de parole. Un temps créatif et imaginaire est alors proposé pour terminer la séance.


Des présentations variées
Proposer à des personnes de se présenter peut se faire d’une façon très classique, ce que font le plus souvent spontanément les patients. Mais la proposition de se décaler, d’emblée d’une présentation classique, indique aux personnes que nous existons avec plusieurs facettes, que des éléments de compréhension de l’autre sont possibles à travers l’imaginaire et la métaphore. C’est une façon d’aborder la dimension signifiante, symbolique et projective, de façon ludique.

Il est donc également possible de proposer une présentation plus imaginaire de type portrait chinois (si vous étiez un animal, une couleur, un paysage, en terminant par une émotion). L’utilisation d’une ou plusieurs cartes symboliques (jeu dixit) peut favoriser une parole plus métaphorique, plus imaginaire, plus associative.

Une autre présentation possible s’articule autour de la façon de s’occuper de ses émotions : s’agit-il de les gérer, de les canaliser, de les refouler, de les exprimer, de les cacher, de les ressentir, de les gérer, ou encore d’autres façon d’être ou de faire ? Ce type de présentation permet d’emblée de savoir comment les personnes se débrouillent avec leurs émotions. Cette réflexion peut également se faire en fin de séance, dans une intention de comparaison.


Des définitions cognitives
Un travail autour de la définition des émotions peut alors être proposé. Une proposition d’expliquer ce que sont les émotions à un extra-terrestre qui les ignore est une proposition ludique souvent très appréciée. Il est aussi possible de chercher une définition collective de la notion d’émotions, en reformulant les propositions des patients, sans leur donner le sentiment qu’il existe une bonne réponse et encore moins que nous, les thérapeutes, la connaitrions.

Les idées les plus souvent proposées sont le fait que « l’émotion est un ressenti dans le corps », que « l’émotion est une réaction à quelque chose d’externe ou d’interne ». Les idées qu’il y aurait des émotions ressenties comme « négatives ou positives », ou qu’elles sont « plus ou moins intenses » sont également assez fréquentes. Ce qui demeure important c’est le savoir des patients sur les émotions et sur ces tentatives de définition. C’est le fil conducteur de l’ETP. La position dite basse du thérapeute, chère aux thérapies brèves, se révèle très pertinente dans ce type d’animation, .

Emotions primaires et secondaires, intrications avec les sentiments peuvent ainsi être débattus, nommés, définis…Si les patients ont des difficultés à nommer les émotions, dans un sens cognitif, des jeux de rôles à partir de cartes (jeu Uméo) peuvent permettre aux personnes de s’entrainer à reconnaitre et identifier les différentes émotions. Plusieurs séances peuvent alors être nécessaires pour ce type de travail et il a été abandonné progressivement dans le cadre d’une séance d’ETP souvent unique.


Une ballade entre nous et je

Du côté du nous
Un brainstorming est ensuite proposé sur le nom des émotions, de façon collective, permettant d’inscrire ces noms sur des post-it. Ces post-it sont ensuite disposés sur une « rosace des émotions ». Elle comporte 8 pétales, portant le nom de 8 d’entre elles : joie et tristesse, peur/anxiété et plaisir, colère et excitation, fierté et honte. Ces émotions ont été progressivement définies lors des séances de groupe avec les patients eux-mêmes. Une fois les post-it installés sur la rosace, de nombreux constats sont possibles : pétales plus ou moins vides, plus ou moins remplis, hésitations entre deux pétales pour certaines émotions…

Le travail autour du « nous » est important et va permettre d’installer un sentiment de communauté important pour ces personnes qui se sentent souvent isolées, différentes, stigmatisées. Un sentiment de sécurité groupale va s’installer, favorisant un narcissisme groupal. Le sentiment d’une écoute mutuelle, souvent baignée par un sentiment de compréhension mutuelle, est la base de la constitution d’une illusion groupale. Ce concept, issu de D.Anzieu et R.Kaës, permet de soutenir les compétences collectives, mais il faut aussi pouvoir le repérer et aider les patients à ne pas y demeurer.

Cette rosace du jour est retranscrite sur papier, photocopiée et donnée aux participants, avec la date et les prénoms des personnes présentes. Elle devient ainsi une trace visible de ce qui s’est passé dans le groupe. Cette empreinte souvenir est très demandée par les participants et c’est grâce à leurs demandes que ce rituel s’est instauré.

Du côté du je
Une feuille porteuse de 3 questions, est proposée, permettant d’inscrire 2 ou 3 émotions posant problème à la personne, ainsi que ses moyens habituels de « gérer » ces émotions. Ces feuilles, que nous ramassions au départ, donnant ainsi une connotation pour le moins scolaire, ont peu à peu été laissées aux personnes, comme témoignages de ce qui s’est joué durant la séance. L’ergothérapeute recueille ensuite, sur une feuille, le nom des émotions posant problème, en face des prénoms de chaque personne.


Temps de parole

Un fil conducteur structure alors la séance :

  • L’émotion qui pose le plus de problème à plusieurs personnes est nommée.
  • La ou les personnes est/sont invitée(s) à évoquer ses/leurs stratégies personnelles autour de cette émotion.
  • Les autres personnes sont invitées à donner des idées, des stratégies et évoquent souvent des souvenirs personnels, des situations autour de ces émotions.
  • L’ergothérapeute évoque des pistes données par d’autres patients dans d’autres séance, en priorité, puis éventuellement si nécessaire, des pistes proposées par les thérapeutes.

La verbalisation va alterner entre le nous et le je, entre les pétales de la rosace et la feuille personnelle. Cette alternance entre groupal et personnel nécessite une animation parfois directive, pour ne pas laisser le groupe se perdre dans des histoires trop longues ou qui s’éloignent du sujet. Des souvenirs, ressentis et vécus personnels sont exprimés, des stratégies sont échangées, des idées sont partagées. Une fois les émotions personnelles de chaque personne du groupe travaillées, s’il reste du temps, le parcours d’une émotion à l’autre, se fait selon le choix des patients : Vont-ils décider de parler des pétales vides ou remplis de mots? Comment vont-ils rebondir d’une émotion à l’autre ? Quel lien est fait entre une émotion et une autre ?

D’autres questions se posent, venant s’inscrire comme autant d’éléments d’observation possibles concernant les stratégies des personnes : Les personnes sont-elles actives et forces de proposition ? L’écoute des autres est-elle possible ? La personne a-t-elle le sentiment de pouvoir agir et changer ? Ces questions, qui ne sont pas posées directement, mais restent présentes dans l’esprit de l’animatrice, sont importantes. En effet, le travail sur les stratégies potentielles est l’intention principale, du moins en apparence, de ce temps de groupe.

Une transformation possible des émotions peut ainsi être découverte lors des séances grâce à différentes méthodes: petits trucs, façons d'être, loisirs et plaisirs, communication non violente, expression verbale ou créative...Ce travail est proposé afin d’aider ces personnes à découvrir d’autres stratégies de régulation des émotions, qu’elles soient perçues comme positives (dans le fait de retrouver d’autres plaisirs que les plaisirs nourriciers) ou négatives (dans le fait de pouvoir exprimer les émotions posant problème au lieu de manger). Ce type de travail peut aussi être proposé comme une thérapie à plus long terme pour permettre à des patients de retrouver des capacités d’expression personnelle ou groupale.


Des temps centrés sur l’imaginaire

Enfin, le temps final de créativité collective (squiggle) ou l'utilisation d'images symboliques (cartes du jeu dixit), va permettre d’expérimenter in situ, des possibilités de transformations créatives, projectives, imaginaires.

Les cartes de dixit peuvent être proposées comme des supports de parole plus imaginaires et symboliques. Dans ce cas, en début de séance, avant toute autre discussion, un choix est proposé aux personnes. Le fait de choisir une carte en lien avec une émotion s’est révélé trop long à utiliser en séance de groupe et trop mental, au sens où la conscience (au sens du cerveau) venait en donner une explication cognitive et rationnelle, bien souvent éloignée du choix initial de la représentation. Il est donc proposé de choisir 1, 2 ou 3 cartes maximum, centrées sur les émotions. La consigne reste volontairement la plus floue possible : « des cartes qui vous parlent, qui disent quelque chose de vous ou de votre histoire, qui vous plaisent… ». Ces cartes sont ensuite utilisées au fil de la séance, posées au centre de la table.

Winnicott, psychanalyste anglais, proposait à ces jeunes patients une technique créative nommée le squiggle. Cette alternance de dessins, entre patient et thérapeute, permet d’entrer dans un dialogue graphique. Il est possible de proposer ce jeu du squiggle en groupe, en utilisant des craies grasses. La consigne est donnée de ne pas chercher à dessiner quelque chose de représentatif. Les dessins passent d’une personne à l’autre. Les dessins collectifs peuvent ensuite être affichés pour favoriser des discussions à partir de l’idée : « et si ce dessin était une émotion ? ». Ils peuvent également, en revenant entre les mains de la personne qui l’avait initié, devenir comme un message symbolique que la personne pourrait recevoir et sur lequel elle peut alors, méditer, s’interroger, associer…

Toute possibilité de transformation de l’émotion grâce à une médiation expressive, va ainsi permettre aux personnes d’expérimenter le changement possible. L’émotion qui conduisait auparavant à l’utilisation de la nourriture comme « doudou », « compensation », « anti-ennui », ou encore « anti-frustration », va pouvoir être reconnue, nommée, exprimée d’une autre façon. Ainsi, l’utilisation de la nourriture qui venait obturer la capacité de parole va, peu à peu, reculer. Ce travail de mise en représentation et de mise en mots, se nomme en psychologie, l’élaboration psychique. Il ne s’agit pas pour des ergothérapeutes de proposer une psychothérapie, mais de permettre à ces personnes de retrouver le chemin d’un changement possible. Cette notion de transformation d’une matière extérieure à soi qui donne corps à une transformation de soi, va, peu à peu, permettre aux patients de gagner une liberté face à l’addiction alimentaire.Il est toutefois à noter que pour entrer dans une véritable transformation intra-psychique en profondeur, ce type travail thérapeutique nécessiterait de nombreuses séances pour devenir une véritable thérapie et pas une séance unique d'ETP.


Cet article témoigne d'un protocole créé
par Marie-Josée Alix et Muriel Launois, ergothérapeutes
Il est donc leur propriété intelectuelle (article datant de 2017)




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