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Sens et transe

Ou comment avoir les cartes en main...

La question de l’intégration des nouveaux acquis issus de l’hypnose s’est posée à moi, à la suite d’une formation en hypnose Ericksonienne. Comment l’hypnose s’est-elle tissée au fil de ces séances ? Quelques pistes sont identifiables, telles que : Des suggestions post-hypnotiques saupoudrées tout au long de la séance ; Des autorisations à s’écouter et se faire du bien tissées dans le discours ; Des automassages, ayant trouvé un nouveau sens de réassociation entre corps et esprit ; Des suggestions de se sentir libre de…

En début de séance, l’utilisation de cartes du jeu Dixit, s’est affirmé comme un premier temps hypnotique, utilisant des images externes en état de transe. C’est la description des trois étapes de cette utilisation d’images qui va vous être proposée ici. Les expériences de Samuel viendront illustrer l’intérêt d’« avoir les cartes en main ».

Il est à noter que cette séance peut devenir une séance d'introspection hypnotique à part entière, en dehors de toute séances de travail corporel: préparation à l'écriture, au dessin, à la peinture ou à toute autre technique projective, ou simplement verbale.



Le choix des cartes
La séance propose 4 étapes : L’installation qui intègre le choix d’une carte, la mise en scène de l’exploration hypnotique de la carte, la relaxation active, l’« hypno-relaxation », terme pour le moins paradoxal.

L’invitation à une bonne installation assise permet aux participants de se poser, de construire leur espace extérieur personnel, avec tapis, objets de massages, coussins et couvertures. Lors de cette installation, des cartes du jeu Dixit sont posées sur une table. Une partie des cartes est visible, l’autre partie est face cachée. Les participants sont invités à choisir une carte, de façon visible ou en faisant confiance au hasard...Ce rituel instauré en début de séance, se transmet naturellement aux nouveaux participants, qui entrent dans cette action, sans bien savoir ce qui va se passer ensuite.

Dixit est un jeu du commerce dont les cartes sont porteuses d’images symboliques, un peu mystérieuses, parfois même étranges. Plusieurs extensions offrent des images proches des contes de fées, des fables animalières, des histoires d’Héroïque fantasy ou de films d’animation comme ceux de Miyazaki.

Certains participants restent dans un contrôle visuel, faisant un choix qu’ils pensent être raisonné et surtout, pouvant être expliqué. Les motivations sont multiples : plaisir des yeux, souvenirs, images connues, animal préféré, idée étonnante, symbole signifiant, paysage de rêve...D’autres personnes optent pour le hasard, appréciant la surprise d’une carte qui vient éveiller leur imaginaire, titiller leur cerveau droit, leur proposer un quelque chose d’inattendu. Parfois, une ou deux cartes peuvent être successivement retournées, quand le premier tirage est refusé par la personne, le plus souvent si les images sont vécues comme trop sombres, dérangeantes ou déjà vues. Mais dans l’ensemble, le hasard finit par devenir la manière préférée des participants de recueillir une image.

Le travail avec les cartes demeure un temps étonnant pour les personnes venues se relaxer et permet déjà, d’indiquer qu’il va y avoir un quelque chose à travailler, permettant de ne pas s’installer uniquement dans une préparation à un temps attendu comme passif, régressif, voire de sommeil.

Une fois les participants-tes installés dans leur espace, quelques mots sont échangés sur leurs ressentis corporels, une éventuelle échelle d’énergie du jour (cotée entre 0 et 10) ou sur ce qu’ils ont envie de partager avec les autres participants. Un premier partage de mots se déroule, contribuant à créer un sentiment de communauté et d’intégration groupale.

La carte est ensuite prise en main pour entrer dans un premier temps de transe. Plusieurs suggestions sont possibles à utiliser : une invitation à avoir les cartes (de sa vie) en main et à pouvoir en jouer, une possibilité d’entrer dans un monde poétique et imaginaire avec son cerveau droit, des suggestions d’écoute de son monde intérieur pour un voyage dans son paysage sensoriel et corporel, une ouverture à l’écoute d’un message intérieur porteur de valeur, de sagesse…

3 temps d’exploration sont alors proposés : un temps sensoriel pour éveiller les différents sens, un temps imaginaire pour approcher la notion de changement interne possible et un temps centré sur un personnage ressource, comme soutien ou miroir de nos compétences intérieures. Un temps de parole est alors offert, permettant à chaque participant-te, d’évoquer ce que la carte lui a proposé comme expérience : un voyage sensoriel, imaginaire ou donnant du sens à cette première transe hypnotique.


Le temps sensoriel

La première étape de cette expérience hypnotique avec la carte, est centrée sur la dimension sensorielle de l’image. Proposée en dissociation, l’expérience s’inscrit dans le VAKOG, à laquelle s’ajoute la dimension tactile, importante pour préparer le temps des automassages. Un VATKOG...Cette expérience est présentée comme une invitation à mettre tous les sens en éveil, sens qui seront ensuite intensifiés dans la réalité concrète du corps lors de la relaxation active et retrouvés lors de l’hypno-relaxation, dans un voyage de plus en plus intérieur.
Cette première exploration sensorielle incite souvent les participants-tes à se positionner quant à leur canal sensoriel favori. Cette découverte d’une facette identitaire d’eux-mêmes qu’ils ignoraient le plus souvent, est souvent fortement valorisée et appréciée.

L’expérience commence dans la dimension visuelle, côté couleurs : « Vos yeux peuvent découvrir les couleurs...Et peut-être vont-ils se poser sur une couleur claire ou foncée...une couleur que vous appréciez...vos yeux vont peut-être revenir à plusieurs reprises pour mieux l’apprécier...ou peut-être vos yeux vont-ils éprouver un jeu d’ombre et de lumière qui crée une atmosphère...peut-être est-ce une atmosphère nocturne ou lumineuse...située dans une heure de la journée, une saison...votre corps va peut-être ressentir une sensation de chaleur ou de fraicheur, liées aux couleurs, à l’atmosphère lumineuse... » La couleur peut créer une ambiance temporelle, telle que le jour ou la nuit, prendre corps dans une saison, tisser un lieu intérieur ou un extérieur. La vibration de la couleur, qui peut s’inscrire comme une palette sensible, sensorielle ou peut-être même émotionnelle, offre à la personne un visible externe qui vient éveiller un ressenti interne de plaisir, de surprise.

Après la couleur, le voyage visuel se poursuit dans le monde des formes, avec une invitation à ressentir la qualité des formes... « rondes ou anguleuses, souples ou droites, petites ou grandes... » Les propositions de perceptions des formes restent ouvertes et larges pour permettre à chacun et chacune d’entrer dans une relation intime, personnalisée. L’induction des formes permet de glisser vers celle du mouvement : « Peut-être dans l’une de ces formes un mouvement va-t-il se dessiner...s’inscrire...peut-être sera-t-il léger ou ample, sinueux, descendant, rapide ou tranquille...ou peut-être autre chose...Vous pouvez éprouver quel mouvement va-vous sembler le plus agréable à ressentir, quel mouvement vous avez envie d’ancrer dans votre corps... » L’induction du mouvement satisfait les personnes dont le canal sensoriel kinesthésique est préférentiel, mais les autres personnes peuvent aussi éprouver cette découverte. Cette induction du mouvement est soutenue par un champ lexical qui comprend des mots autour de la notion de changement, de transformation, d’évolution.

La dimension tactile vient ensuite enrichir l’exploration de l’image. « Vos doigts peuvent alors découvrir différents endroits...des zones de douceur, des zones plus rugueuses...peut-être allez-vous découvrir des zones épaisses et denses, ou légères et impalpables...Peut-être allez-vous toucher des éléments de nature ou artificiels...Et vos doigts vont peut-être revenir sur une sensation que vous appréciez, que vous avez envie d’ancrer dans la mémoire de votre corps... » Cette dimension tactile va inciter les personnes à entrer dans des perceptions de densité et de solidité, de permanence et de présence, qui peuvent aussi être induites. Elle prépare l’esprit à être en écoute des sensations tactiles qui seront éprouvées de façon concrète ensuite, dans la réalité des automassages et intériorisées en hypno-relaxation.

Dans ce voyage intérieur, le canal sensoriel sonore s’invite aussi. « Vos oreilles entendent peut-être des sons, des paroles, des musiques qui sont présents dans cette image, qui la traversent, qui l’enveloppent... Peut-être le son vient comme une bulle sonore, une enveloppe...ou peut-être un son qui peut être bref, unique ou répétitif...ou peut-être vos oreilles se souviennent de sons ou de bruits que vous avez déjà entendus... » Anzieu développe la notion d’enveloppe sonore du soi, comme une enveloppe corporelle plus archaïque encore que son concept du Moi peau, soutien du sentiment d’existence. Un ancrage sonore s’installe, qui sera prolongé par une enveloppe musicale lors du temps d’hypno-relaxation allongé.

Les canaux olfactifs et gustatifs restent plus complexes, non seulement à proposer, mais aussi à ressentir comme en témoignent les patients eux-mêmes : « C’est difficile de se souvenir d’une odeur ou d’un gout...Moi, j’aurais besoin de concret pour me souvenir ». Ces deux canaux sont moins facilement éprouvés que les autres. Les participants dépressifs sont souvent en difficulté avec leur dimension sensorielle qui n’est plus guère source de plaisir pour eux. C’est l’une des raisons qui m’a amené à proposer un temps d’ancrage concret et corporel, dans des techniques actives, pour permettre à ces personnes de renforcer un éprouvé, mis à mal par une sorte d’anesthésie sensorielle. Ce temps sensoriel proposé avec les cartes, intensifie encore les ressentis des participants, qui seront encore densifiés par le travail corporel actif, puis intériorisé en hypno-relaxation.

Ce jour-là, Samuel décrit sa carte, avec force détails, dans le domaine du canal sensoriel tactile. Il évoque les couleurs qui sont « monochromes, ou plutôt en noir et blanc, un peu comme ma vie en ce moment ». Il constate que ses yeux s’attardent plus sur la forme de la spirale, comme une forme qu’il apprécie, s’étonnant qu’« il y ait des spirales dans un des personnages et aussi dans l’arbre, comme s’ils étaient reliés »...Il a déjà participé à d’autres séances, et il remarque que « le petit animal blanc touche l’arbre. Il doit bien sentir le contact rugueux du tronc, il est tactile, comme moi...c’est pour cela que j’aime la partie des automassages... ».

Lors du premier temps de travail avec les cartes de Dixit, la notion de mouvement est déjà abordée, reliée à la perception des formes et à leur possible transformation. Les patients sensibles à la dimension kinesthésique apprécient particulièrement cet item et souvent, quand ils en parlent, le décrivent même avec leurs mains. Ainsi lorsque Samuel, évoque l’herbe qui ondule, située en bas de sa carte, sa main ondule elle aussi, vers le bas, comme si l’image était venue réactiver une mémoire corporelle, une trace mémorielle perceptive. Mais il y a un autre type de mouvement plus intérieur, c’est la notion d’un changement possible dans une petite histoire.


Imaginaire et changement
Les participants sont invités ensuite, à (se) raconter une histoire. « Cette image que vous venez d’explorer avec tous vos sens raconte une histoire... un temps d’une histoire...Quelque chose se passe, se déroule, dans ce moment présent...et il s’est passé quelque chose avant...qui a permis d’aboutir à cette image actuelle...il y a eu un avant...quelque chose du passé...et il y a aussi un après... un quelque chose qui est déjà là, qui se prépare...un quelque chose qui se passe maintenant...comme si vous aviez une histoire à raconter à quelqu’un...à un enfant...à un ou une amie...à vous-même... » Les participants qui apprécient le canal visuel semblent les plus à l’aise lors de cette découverte, mais l’imaginaire venant s’appuyer sur une image extérieure, ce jeu reste accessible au plus grand nombre de participants.

Cette étape imaginaire vient inscrire la dimension d’un changement ou d’une évolution possible dans une histoire. Selon les participants, le passé, le présent ou le futur, seront plus ou moins présents, plus ou moins riches de détails, d’idées. Samuel, lui, inscrit sa carte dans une histoire qui le questionne : « C’est un animal qui se promène dans une forêt, c’est plutôt la nuit, il doit un peu avoir peur. Je ne sais pas pourquoi il a eu cette idée de sortir dehors tout seul. Et puis, derrière lui, une ombre apparait, plutôt grande. C’est d’un seul coup. C’est peut-être son ombre à lui, ou celle d’un autre animal. J’ai du mal à savoir. Pourtant, le petit n’a pas l’air d’avoir si peur que cela. Il va peut-être l’aider le grand noir, finalement. Je ne sais pas trop où ça peut aller cette histoire...Il y a plusieurs possibilités. »

Cette petite histoire fait probablement écho à l’histoire de Samuel, mais l’intention de cette séance n’est pas de favoriser les associations d’idées ou l’introspection. C’est le « simple » fait d’imaginer une évolution qui va être expérimenté, la possibilité de découvrir le fait d’avoir les cartes (de sa vie) en main et d’en faire quelque chose de nouveau, quelque chose qui n’était pas là et qui peut surgir...Cette intention de changement traversera toute la séance : Des autorisations à s’écouter, ou à se prendre en main (au propre et au figuré) sont saupoudrées lors les temps d’automassages et de mouvements lents ; Des suggestions post-hypnotiques incitent les personnes à prolonger une expérience potentiellement bonne pour eux ; Les mots choisis sont saturés de suggestions à se faire du bien.

Lors du temps de séance corporelle, cette invitation au changement possible revient, sous la forme d'images métaphoriques, d’une promenade ou d’un voyage, qui sont parfois suggérées, soulignant qu’il peut y avoir différents chemins, différents lieux à explorer. La thérapeute se contente d’indiquer le début d’un chemin potentiel que la personne est libre d’explorer ou pas dans son paysage corporel, dans son voyage intérieur. Des invitations à amener de la chaleur, de l’expiration ou de l’inspiration dans une zone qui en ont besoin sont proposées, qui s’inscrivent comme des expériences hypnotiques simples, plus proches de la technique de Schultz que d’une hypnose formelle.

Cette petite histoire venue de la carte, revient parfois s’inviter lors du temps d’«hypno-relaxation », dernière étape de la séance, avec une suite, un rebondissement ou une simple émergence dans la mémoire. Mais le plus souvent, elle reste pour les participants, une première expérience d’un changement possible du scénario d’une histoire qui peut faire écho à la leur, de façon consciente ou inconsciente.


Le temps du sens
La dernière étape proposée lors de l’exploration des cartes, se tisse intimement avec la dimension du sens qui fait du lien. Il s’agit de la question du sens, mais pas celui de la carte, en tout cas pas dans un sens explicatif ou introspectif. La question du sens, mais aussi de l’intention, va traverser toute la séance, de bien des manières : Le sens et l’intention donnés par la thérapeute, le sens et l’intention donnés ou attendus par les participants.

L'intention
Les personnes présentes ont fait le choix de participer aux séances et leur attente est, le plus souvent celle d’une relaxation. Le terme d’hypno-relaxation, une création pour le moins paradoxale, vient souligner qu’une dimension hypnotique est utilisée lors de ces séances groupales. L’intention hypnotique se tisse dans toute la séance, entre suggestions, saupoudrage et choix des mots, mais elle se cache derrière le mot de relaxation, toujours et encore employé par les participants. En effet, quelque que soit le nom donné au fil des années, au gré des évolutions du groupe et de la thérapeute, le nom de relaxation revient immanquablement dans la bouche des patients. Comme si l’intention de se détendre revenait encore et en-corps, en priorité. Et comme il ne s’agit pas non plus uniquement d’hypnose, ce terme a donc été créé de toute pièce, au risque de heurter des oreilles puristes, pour y intégrer un « autre chose » qu’une séance de relaxation.

L'intention de se détendre  de ces personnes est donc clairement affichée : « Moi, je voudrais oublier mes problèmes, ne plus penser » ; « Se relâcher, se laisser aller, ça va être bien, c’est ce dont j’ai besoin » sont des phrases classiquement entendues lors des temps d’accueil des participants. L’attente de détente est projetée sur la thérapeute, dont on attend qu’elle « ait une voix qui berce bien », qu’elle ait l’air « cool et tranquille, rassurante » et qu’elle ait de « bonnes connaissances de techniques bien efficaces ». Toutes ces attentes d’être dans une position passive et réceptive, de se remettre « entre les mains » de la thérapeute, ne favorisent pas la mise en lumière des compétences et des ressources des participants.

Le sens
Le troisième temps d’exploration avec les cartes, vient donc proposer une expérience non pas régressive d'un oubli ou d'une fuite, mais l’expérience d’une rencontre avec un personnage ressource intérieur. « Et cette carte vous a été envoyée par un ou une amie...un vieux sage...un chaman sibérien...ou peut-être votre ange gardien...un enfant intérieur...un animal totem...ou votre esprit de rêve...votre inconscient des profondeurs de vous-même...ou je ne sais pas qui...Et ce personnage a un message pour vous, que vous pouvez entendre si vous le souhaitez...ou peut-être un conseil...ou une idée à vous suggérer...ou peut-être autre chose... ».

Il y a souvent quelque chose de « magique » pour des personnes, à entendre une phrase de sagesse, une invitation à faire ou à dire quelque chose, ou une suggestion surprenante. Ainsi Samuel, bien rodé après plusieurs séances, pouvait-il jouer à se laisser surprendre, tout en n’étant pas dupe : « Je sais bien que ça vient de moi, mais c’est toujours magique. Aujourd’hui, ça m’a dit, de faire gaffe à mon ombre, à ce qui est derrière moi, à ce qui est caché... » Un Jungien aurait sans doute proposé de développer cette émergence de l’ombre, mais le travail groupal ne le permettant pas, l’ombre restera un personnage que Samuel sera libre d’écouter à son rythme et à sa façon.

Les cartes deviennent le support d’une projection possible de soi-même, de façon à la fois ludique et en état de conscience modifié. C’est à force de répéter cette possibilité d’une écoute de soi-même, d’un surgissement intérieur d’un quelque chose qui peut faire sens, que les personnes peuvent se mettre à l’écoute de leurs ressources intérieures, projetées sur ce personnage ressource dont certains finiront par entendre qu’il s’agit, avant tout, de soi-même. Cette liberté d’entendre ou de ne pas entendre, le message comme venu de soi-même, fonctionne...Et parfois, la personne ressource se révèle réellement extérieure.

Samuel demandera, comme bon nombre d’autres personnes, la photocopie de la carte qu’il a explorée. « Je pourrais mieux me souvenir du message ». Cette demande m’interpelle toujours, comme si l’ancrage intérieur n’était pas suffisant et qu’il fallait conserver quelque chose d’une trace mémorielle à l’extérieur, ou peut-être comme une externalisation concrétisée, ou peut-être autre chose…


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de sa créatrice , Muriel Launoiset n'engagent qu'elle.
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Merci d'avance d'en respecter l'esprit.(article datant de 2019)




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