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Thérapie de groupe

Thérapie de groupe Zoom sur Thérapie de groupe


La première notion à retenir est que le groupe a des fonctions que nous pouvons utiliser à condition de déjà savoir les repérer. Sous ce vocable de thérapie de groupe se retrouvent plusieurs façon d'être en groupe.



Ainsi les ateliers dits de socio-thérapie proposant d'être en groupe ou de faire quelque chose de commun, ne relèvent pas des mêmes concepts que la notion de dynamique de groupe dans laquelle il s'agit d'analyser les processus psycho-dynamique propres aux groupes. Et la notion de thérapie de groupe ouvre encore d'autres perspectives. Selon la méthodologie proposée différents angles d'observation et d'analyse seront donc possibles.







Petits et grands groupes, homogènes ou hétérogènes


  • En petits groupes assez homogènes, (4 à 8 personnes) , des personnes psychotiques peuvent trouver leur place à condition de bien veiller à la non confusion des espaces, des objets, des personnes. C’est au ou à la thérapeute de veiller alors, que l’espace de chacun soit bien défini et délimité. Spontanément des personnes peuvent essayer de retrouver toujours leur place pour se réassurer. De façon générale, les grands groupes (plus de 12 à 15 personnes) ne favorisent pas le maintien aisé d'un espace personnel. Il y a risque de dilution, d'angoisse de morcellement (psychose). Ils ne favorisent pas non plus une parole intimiste, nécessaire en thérapie. Le nombre "idéal" se situe entre 6 et 8 personnes.
  • L'homogénéité du groupe peut favoriser des échanges mais le risque est l'aspect ghetto que peuvent prendre des groupes de patients schizophrènes réunis entre eux. L'intéret de groupes homogènes en ce qui concerne les pathologies a l'avantage de permettre de proposer des consignes adaptées à la problématique commune des patients et donc de renforcer l'illusion groupale (voir plus loin dynamique de groupe) et le sentiment d'appartenance, donc de limiter le sentiment d’exclusion souvent ressenti en pathologie psychiatrique ou psychologique.
  • En groupe hétérogène, les sujets névrotiques, dépressifs, anorexiques, seront plus à l’aise et pourront découvrir des inter actions entre eux. Ainsi, les attentes et les demandes, les relations ne sont pas uniquement ciblées sur le ou la thérapeute. Le transfert est comme dilué dans toutes ces inter actions. Des situations peuvent être modifiées par cette dimension de présence d’autrui. Le ou la thérapeute veillera à ne pas privilégier l’un ou l’autre des participants. L’observation des inter actions spontanées peut être riche d’enseignement sur l’intégration des sujets dans le groupe, la confiance ou non, la prise de parole, la capacité de poser et protéger son espace personnel, sa place.
  • Des patients peuvent présenter une phobie sociale et ne pas supporter le groupe. Même sans phobie sociale, la notion de groupe peut avoir un impact négatif sur le sujet. Il est important de noter quelles situations sont source d’angoisse, de repli ou de fuite. L’adaptation à la réalité peut se modifier dans un sens positif ou non. Nous pouvons remarquer si oui ou non, la personne est sensible à la présence d’autrui, la recherche ou l'évite.



Être en groupe ou faire ensemble


Dans les groupes de socio-thérapie où la visée thérapeutique est clairement celle de la socialisation, de la découverte et l'entrainement des habiletés sociales, des différences sont à noter suivant  les lieux, la disposition spatiale, la taille et l’homogénéité des groupes.


  • Le simple fait d'être à l’hôpital contribue à cette socialisation de base, consistant à vivre à côté des autres et à entrer en relation avec eux. Pour certains patients très isolés, le temps d'hospitalisation ou de séance en CATTP, est parfois un des rares moments de socialisation possible. C'est une première façon d'être ensemble, plusieurs individus côte à côte.
  • Chaque sujet réalise une activité à côté des autres personnes, pas forcément la même activité. Il s'agit d'être en groupe, dans un même lieu et dans un même temps, afin de favoriser une inter-action potentielle, de favoriser du lien relationnel et une re-socialisation. (atelier polyvalent, de découvertes).
  • Toutes les personnes présentent pratiquent la même activité mais se l'approprient de façon personnelle. Ce sont des groupes d'apprentissage d'une activité manuelle ou créative, des groupes de techniques musicales ou corporelles, des groupes d'expression avec consigne. Ce type de groupe va permettre à la personne d'expérimenter la différenciation possible entre elle et les autres personnes. Le sentiment d'appartenance à une collectivité, à un groupe est déjà plus fort. Les temps de parole font apparaitre les similitudes et les différences de réaction face à une même situation, technique, action.
  • Toutes les personnes participent à une activité groupale: préparation d'un repas, création collective, préparation d'un projet de sortie, d'une exposition collective, etc....Le sentiment d'existence d'un groupe est encore renforcé. Avec les risques de fusion et de confusion toujours présents pour les personnes psychotiques. Les liens qui se créent dans ce type de groupe peuvent se révéler plus intense que les autres, les illusions groupales y sont fortes (voir dynamique de groupe) et la dépendance au groupe peut s'installer. Les liens créés peuvent continuer à exister hors du groupe.L'illusion groupale devient plus importante.
  • La possibilité d’expérimenter des séquences d'expériences variées, en individuel, en petits ou grands groupes, à côté d’autres personnes ou en groupe véritablement, dépend du moment de la thérapie et des troubles présentés par le sujet. Qu’il s’agisse de faire ensemble ou d’être ensemble, les notions de respect d’autrui, de liens sociaux, d’intégration et de confiance dans le groupe peuvent être explorées. Il apparaît alors, des places particulières au sein de ces groupes, tel que les leaders, les boucs émissaires, les sous groupes, et des réactions propres aux groupes sont repérables. Nous pouvons nous appuyer sur les théories de dynamique de groupe pour analyser ces situations spécifiques. (voir aussi les objectifs thérapeutiques groupaux)



Dynamique de groupe

la notion de dynamique de groupe recouvre l'analyse des différents phénomènes, mécanismes et processus psychiques se déroulant dans un groupe de 4 à 20 personnes environ. Il existe des différences entre la dynamique de groupe et la thérapie de groupe. Les processus de groupe s’intriquent étroitement aux processus individuels et complexifient aussi leur lecture et leur reconnaissance. Il est donc important, pour tout thérapeute qui souhaite utiliser des techniques de groupe, de vivre de telles situations au préalable, dans des formations à la dynamique de groupe ou dans le vécu de thérapie groupales. (Voir aussi un powerpoint sur la constitution des groupes, et la grille de Bales , un outil pour analyser la dynamique d'un groupe).

La dynamique de groupe est issue des sciences sociales et Kurt Lewin en est l'un des chefs de file. Les notions issues de la dynamique de groupe, illusion groupale, fantasme de fusion groupale, leader, bouc émissaires narcissisme groupal peuvent nous permettre de comprendre les situations qui découlent parfois de la simple mise en situation de plusieurs personnes. Certains ressentis sont positifs et d'autres négatifs. Il est important de savoir les repérer, afin de ne pas attribuer l'analyse d'une situation à une seule personne, mais à toujours bien resituer cela dans la notion de groupe.

Progressivement, ces notions ont été reprises par des psychanalystes tels que Freud, Kaës, Anzieu pour être utilisées lors des animations de groupe de thérapie car il s'agit alors de proposer non pas une simple analyse des événements, mais d'engager un véritable changement des processus interpersonnels et intra-psychiques. Pour pouvoir aller plus loin et utiliser la thérapie de groupe, il est nécessaire de connaître des techniques d’animation de groupe et de les avoir vécues soi-même. En effet, des phénomènes particuliers et propres au groupe y existent.  De plus, pour pouvoir animer des temps de parole, une telle expérience d'un travail en groupe est nécessaire pour pouvoir entrer dans une dimension thérapeutique allant au delà d'une simple conversation. Pour conduire ce type de thérapie groupale, il est nécessaire soit de l'avoir vécue soit d'y être formé les deux options étant le plus souvent, intimement liés.


Principales expériences possibles
  • Expérimenter la dimension de la dynamique de groupe (illusion groupale, création d'un moi groupal, étayage groupal, etc..)
  • Avoir conscience de son espace personnel et le conserver en situation de groupe, l'affirmer, le défendre, pouvoir être en groupe sans se confondre à autrui
  • Narcissisme personnel étayé par le narcissisme groupal
  • Expériences d'autonomie, d'indépendance, de co-dépendance, éprouver le soutien du groupe
  • Expérimenter la constitution d'un appareil psychique groupal 



Ressentis positifs
Lors de ce type de thérapie, il est possible de découvrir le sentiment de fusion océanique avec le groupe, les sentiments de communauté, l'aide à autrui, ou d'utilité d'une association peuvent être expérimentés. Ce fantasme d'être ainsi englobé dans un bon groupe, dans son sein, n'est pas sans évoquer celui d'être englobé das une bonne mère, avec toutes les difficultés potentielles à s'en séparer. Ce sentiment de fusion océanique peut être vécu par tout participant, sans pour autant relever de la pathologie.

Une autre expression possible de ce fantasme de fusion est le phénomène d’illusion groupale : Les personnes qui vivent ensemble un moment thérapeutique, qui accomplissent une tache commune, qui créent ensemble ou parlent ensemble, peuvent vivre des moments d’intense identification mutuelle. Le" nous" ou le "on" prennent la place du "je". A la fois, source de régression à un mode relationnel plus archaïque, et source de ré assurance par une identité groupale, ce phénomène est intéressant à remarquer. Il ne surgit pas dans tous les groupes, peut être renforcé ou non par les modes d’animation du groupe, et peut se révéler une aide ou un frein. Il est important, selon les groupes ou les personnes, de proposer des expériences pour favoriser cette illusion ou au contraire, pour permettre aux patients d'en sortir.

Un narcissisme de groupe (être tous identiques, se comprendre, se soutenir, s’aider, se sentir différents, etc….) peut offrir un étayage momentané au sujet et restaurer un peu son narcissisme personnel. Cette illusion doit céder à un moment donné, pour que le deuil puisse en être fait et que chaque individu puisse se retrouver dans sa propre identité. Le passage du "nous" au "je" est important. Cette désillusion peut être favorisée par des expériences de solitude en présence de l’autre. Le silence durant la création, la reformulation de cette séparation et solitude inhérente à tout humain, la mise en évidence des différences, sont des possibilités de favoriser cette désillusion. Il est nécessaire, pour cela, de savoir repérer cette illusion groupale et de l’avoir expérimentée au préalable.

Le sentiment de contenance peut être renforcé par la simple existence d'un groupe relativement homogène, sécurisant et dont tous les membres ne sont pas psychotiques et dissociés.


Ressentis "négatifs"
Un phénomène d'angoisse de morcellement de soi en diverses facettes peut être ressenti, y compris par des sujets normaux. Chaque personne, surtout lors de temps de parole, peut évoquer son moi et les autres personnes se retrouver en écho, en miroir ou se perdent dans ses identifications potentiellement aussi nombreuses que les participants. Ce phénomène permet, justement, l’abaissement des défenses personnelles des sujets qui peuvent alors parler plus aisément, du moins pour les sujets névrotiques et dépressifs. Par contre pour les sujets psychotiques, il vient renforcer leur angoisse de morcellement pathologique. Leur moi est défaillant, et ils peuvent alors se perdre, se confondre dans les réalisations et le discours d’autrui. Les thérapies de groupe sont donc à moduler, en première intention, pour ces personnes.

Les fantasmes de casse sont également présents. Il s’agit d’un phénomène consistant à considérer l’extérieur du groupe comme mauvais et l’intérieur du groupe comme bon. Le ou la thérapeute doit pouvoir identifier ce fantasme pour ne pas y participer. Ce phénomène est très présent dans des groupes comme les sectes et souligne, dans ce cas, la dimension pathologique que peuvent prendre des phénomènes de groupe poussés à leur extrême.


Autres processus

La notion du dedans et du dehors du groupe est à analyser soigneusement. C’est le ou la thérapeute qui est garant d’une possibilité d’existence de cette notion. Il ou elle est en effet, l’élément le plus représentatif de cette double appartenance. Il ou elle est à la fois dans le groupe, mais doit aussi se situer hors du groupe, dans une position d’observation, d’analyse et de repérage des processus à l’œuvre. Souvent, lorsque des patients se plaignent que leur thérapie n’avance pas, ils parlent de " ils ", sous entendu les thérapeutes, comme si nous n’en faisions pas partie. Il est important de souligner régulièrement, de quelque manière que ce soit, notre appartenance à un autre groupe, celui des thérapeutes.

Tous ces processus de groupe se complexifient encore avec l’apparition de leaders, de personnes souhaitant prendre la place du ou de la thérapeute, de sous-groupes de coalition ou de résistance réalisant parfois, des thérapies sauvages de groupe, résistances aux lieux thérapeutique désignés comme tels, de couples créés dans le lieu de thérapie et dont la libido va s’épancher en d’autres situations ailleurs au lieu de se centrer sur la thérapie, de boucs émissaires, mal supportés dans leurs différences, souvent désignés comme étant ceux ou celles qui posent problème au bon fonctionnement du groupe et recevant les projections d’agressivité, les isolés ne réussissant pas à s’intégrer, etc…



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