La conscience de soi nécessite de pouvoir garder en soi des traces des expériences vécues et ressenties dans le domaine du corporel, des pulsions, des émotions, de l'affectif. Ces traces , reliées à des vécus corporels peuvent ensuite devenir psychiques et permettre la constitution progressive des contenus psychiques. Cette fonction d'inscription des traces psychiques est intimement liée à la fonction contenante. 
Nous pouvons nous appuyer sur les notions de double feuillet proposées par D.Anzieu dans sa théorie. (voir constitution de l'enveloppe psychique).
 Lors du travail de l'éprouvé corporel, c'est le feuillet externe décrit par D.Anzieu qui est sollicité. Le second feuillet, intérieur, renvoie plus à l'imaginaire et est lié à la fonction d'inscription des traces sensorielles. Ces traces sensorielles   qui s’inscrivent déjà sur la peau peuvent ensuite être transformées   en images.Ce feuillet interne lié à l’imaginaire est principalement travaillé   lors du temps allongé, lorsqu’une invitation est faite à laisser émerger   des images, des couleurs, des pensées personnelles. 
L’imaginaire peut   alors émerger. L'idéal est de permettre à l'imaginaire personnel de se découvrir et de se dire avec le moins d'induction possible. L'expérience nous montre qu'en fait, la plupart des patients hospitalisés ont besoin d'une nourriture pour leur imaginaire, surtout lorsqu'il se révèle pauvre. Des inducteurs d'imaginaire peuvent être employés pour proposer un chemin de découvertes et faire surgir des images qui pourront alors se relier aux sensations et inscrire des traces des ressentis corporels bruts dans le psychisme.
Traces sensorielles 
La   peau permet d'avoir des informations sur l'extérieur en termes   extéroceptifs (organes des sens cutanés du toucher, chaleur, douleur).   Cette fonction est liée à l'object présenting de Winnicott, c'est à dire   à la façon dont la mère amène les objets du monde à l'enfant, l'aide à   les découvrir, les sentir. L'enfant peut ensuite les intégrer au sens du   lien entre les informations sensorielles offertes par l'objet et le   sens de cet objet, donné par les mots. L'objet rencontré, au sens du   matériel et de l'humain, laisse ainsi des traces chez l'enfant, traces   physiques qui deviennent psychiques. Le moi-peau   remplit une fonction d'inscription de ces traces. Elles s'inscrivent   dans un cadre biologique, comme une écriture pré verbale originaire,   dont la peau garderait plus ou moins la trace réelle ou imaginaire,   faite de traces cutanées. "Un premier dessin de la réalité s'inscrit sur   la peau", permettant d'être informé de cette réalité.         
Si ces traces ne   sont pas tout à fait intégrées, il est possible de les retrouver dans   des manifestations telles que scarifications, tatouages, piercing, comme   pour mieux conserver et/ou exhiber des cicatrices, des traces de vie,   des ébauches de signification, des appartenances culturelles ou   raciales. Ce sont des traces qui n'ont pas pu se faire à l'intérieur du psychisme, de façon symbolique. Un atelier de thérapie corporelle doit donc favoriser une intégration possible de ces traces.
Dans l'atelier de   détente corporelle, les auto-massages s'inscrivent comme pouvant,   potentiellement, faire émerger des éléments en lien avec l'histoire du   sujet. Imprévisibles, ces surgissements peuvent permettre à la personne   d'établir des liens entre une sensation et un souvenir. Cependant, la   plupart du temps ces notions demeurent subconscientes ou même   inconscientes. Il est donc important de permettre à ces images de se construire, puis de devenir conscientes, de s'exprimer en mots ou de les concrétiser dans la matière.(dessin, peinture, collage).
Les images personnelles, issues de zones du corps
Il       est possible, même en groupe, d’aider la personne à faire   surgir     des images issues de ses sensations: de chaleur, de contact, de       respiration, de rythme du c½ur, etc...Il ne s'agit pas d'avoir une     intention quelconque de modifier la sensation, mais de se   mettre à     l'écoute. Par exemple:
« Quelle est l'image qui peut venir après le balayage du front ? »
« Quelle image peut concrétiser la sensation ressentie par le mouvement de la respiration dans telle ou telle zone? »
« Quelle image peut surgir lorsque vous relâchez vos muscles à chaque expiration ?»
« Quelle image se relie pour vous à la sensation de chaleur éprouvée dans le ventre après le massage ? »
Ces   images peuvent permettre à la personne de commencer à penser en images,   à libérer des représentations intérieures imaginaires,     à dérouler des   images comme une sorte de rêverie personnelle, mais     qui soit reliée à   son corps propre. Ce sont ces images-là qui sont   les   plus intéressantes,   porteuses d'un sens potentiel et surtout     véritablement reliées à la   notion de fonction d'inscription des     traces. Il est toujours possible de     proposer des images support d'identification, mais en veillant à     toujours proposer plusieurs pistes suffisamment ouvertes pour que la     personne puisse expérimenter sa capacité à faire des choix.
        
        
Les traces concrétisées
Pour     permettre un véritable travail thérapeutique de ces   traces       inconscientes, l’idéal est de prolonger le temps de   détente         corporelle par un travail en expression créative.     Ainsi, une       projection de ces traces mémorielles du corps peut     s’inscrire dans       une création concrète et devenir support de     paroles. Ce type de travail       nécessite du temps et du travail en     individuel, devenant ainsi   une     psychothérapie à médiation     corporelle, permettant d’aller jusqu’au       dessin du corps ressenti,     des empreintes de pied ou d’une forme       contenante type Mandala,   ou   encore mieux de dessins libres.
        
Cette dimension s'adresse donc plus aux contenus psychiques: fantasmes,   idées, souvenirs, images, rêveries, pensées, etc....Dans   ce   cadre des   expérimentations directes ont été proposées, après les     séances, avec de   l'argile ou de la peinture. Les propositions     portaient sur la   représentation du corps en argile ou de certaines     parties du corps.   L'exploration de dessins des silhouettes, de façon     personnelle ou sur   des fresques de groupe a été également utilisée.     Des dessins libres ou   canalisés dans une forme (cercle, silhouette   des   deux pieds dessinées)   ont été également expérimentés. La mise en   mots   restait centrée sur le   tiers médiateur qu'était le dessin,   comme   témoignage potentiel du   ressenti de la séance.
(Actuellement,     au   risque d'un certain clivage, la dimension expressive de     l'imaginaire est   explorée dans des groupes d'expression proposés à     d'autres moments de   la semaine, en alternance avec les temps de     relaxation. En effet,   associer impression et expression, augmentait     considérablement le temps   de séance. 2h en moyenne étaient nécessaires     et peu de personnes   pouvaient intégrer des temps de thérapie aussi     longs. Un tel travail   peut être proposé dans des groupes fermés, sur     des temps de thérapie   plus longs ou laissés au libre choix du   patient.   De plus certains   patients ont parfois le souhait de   régresser, sans   pour autant avoir le   désir ou les possibilités   psychiques de mettre à   jour leurs corps   imaginaires.). Il   est   cependant à noter qu'un   véritable travail psycho thérapeutique,     aboutissant à l'expression de   soi, la mise en mots et   l'introspection   passe par ce type de séances.
        
        
                                                              Les inducteursLes images personnelles qui émergent et favorisent l'inscription des traces sensorielles passe donc par l'émergence d'images personnelles reliées aux sensations, qu'elle soient ensuite concrétisées ou non dans la matière. Mais il est également possible de proposer, en quelque sorte, le chemin inverse. 
A partir d'inducteurs extérieurs, il est possible de proposer d'expérimenter comment la sensorialité est en lien avec l'image, le corps avec le psychisme. Ces inducteurs peuvent donc être proposés pour "stimuler" l'imaginaire des relaxants. Les pistes sont nombreuses, allant de l'utilisation de tissus, d'images alliant des métaphores corporelles et psychiques. Certains de ces inducteurs d'imaginaire sont développés dans d'autres articles. (voir tissus dans objets intermédiaires).La   musique peut   également favoriser l’émergence d’images personnelles,   souvenirs   réalistes ou rêverie imaginaire, liée à une atmosphère sonore.     L’utilisation de musiques fortement connotées sur un plan culturel va     dans ce sens (musiques ethniques) . Il est à noter que la présence de     sons de la nature dans l’espace sonore favorise souvent l’émergence     d’images précises, tel les vagues ou les oiseaux, et amènent souvent des     mises en lien de type souvenirs. Dans ce cas l'inscription   sensorielle est à la limite du moi peau et s'origine dans la dimension   du sonore. (voir musique dans l'enveloppe sonore).   
                
                                                                                              
                                                                          
    
                                                                                                        Les écrits de ce site sont la propriété intellectuelle de sa créatrice, Muriel Launois et n'engagent qu'elle. (article datant de 2016)
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