Cercle de choix
La structure du cercle est très simple et peut donc être reproduite aisément avec des cartes papiers découpées dans des feuilles A4...Il s'agit juste d'utiliser des cartes porteuses de mots, qui sont placées deux par deux, faces cachées et disposées en cercle (s’il y a trop de cartes, une croix ou des rayons de roue peuvent être faits au c½ur du cercle). Le plateau de jeu s'inscrit symboliquement dans une figure de cercle, de totalité comme les mandalas. Il est possible d'utiliser des pions pour se déplacer sur ces cartes puis les retourner. Il est aussi possible, tout simplement, de demander aux personnes de choisir celles qu'ils souhaitent retourner, si vous n'avez ni pions, ni dés. Au fur et à mesure du jeu les cartes dévoilées sont retirées et le cercle de jeu diminue peu à peu. Et c'est tout...
Nous avons testé un jeu autour des plaisirs, pour la première fois, avec l'idée d'échanger, en mode jeu d'expression, autour des petits plaisirs du quotidien...En ce qui concerne le plaisir, j'avais déjà expérimenté la liste des plaisirs, mais dans les groupes de patients ayant des difficultés à mettre des mots sur leurs ressentis, les listes étaient souvent un peu pauvres. De plus, le fait de proposer un outil déjà tout faite, à savoir une liste, ne permettait pas à toutes les personnes de s'y reconnaitre. Les listes groupales pouvaient rester affichées dans l'atelier, mais le plus souvent, les listes personnelles n'étaient guère utilisées ou investies.
Nous avons donc, avec une stagiaire de seconde année, Mathilde Macario, cherché des petits plaisirs du quotidien sur la toile. Plusieurs sites ont permis de trouver plus de 80 propositions que nous avons inscrites sur des cartes. Certaines étaient très pertinentes, d'autres plutôt poétiques, d'autres très orales et certaines parfois incongrues. Cet ensemble de cartes a donc été proposé aux patients et le temps de jeu a été très apprécié, favorisant une parole libre autour de leurs choix personnels sur les plaisirs. En fin de séance, au lieu d'écrire une liste, il a été simplement demandé aux patients de se souvenir d'un ou deux petits plaisirs, de ceux qu'ils préféraient, sans jamais leur dire qu'il faudrait qu'il les réalisent, et sans jamais leur donner de consignes ou de tâches à accomplir.
Cette façon de travailler permet aux patients de faire un choix entre deux idées, items, mots, stratégies ou autre, selon l'intention de la séance. C'est une façon de proposer des mots, venus de l'extérieur, mais que les personnes peuvent choisir d'intégrer (introjecter en version psycho-dynamique) ou pas, dans leur conscience. Ces mots venus de l'extérieur, qu'ils soient ceux de l'ergothérapeute, d'un livre ou même d'internet, ne sont pas une vérité ou un savoir que nous voudrions faire acquérir aux patients. Ils sont des propositions, des éventualités, des ressources possibles.
Et il ne faut donc pas hésiter à y mettre des propositions qui ne sont pas pertinentes, de façon à favoriser une méta-position de la personne. Elle peut, en effet alors, s'opposer aux thérapeutes, s'affirmer, dire non, avoir son propre avis, trouver une piste stupide et ne pas être d'accord. Cette posture permet aux personnes de ne pas être en position d'apprenant, en position de passivité.
Il reste toujours possible d'enrichir les cartes avec les idées des personnes durant chaque séance, ce que le groupe apprécie. En effet, un jeu qui se révèle lui-même évolutif, vient s'inscrire comme une métaphore du changement possible de la personne. Un intérêt caché de plus..