Incarnation
Faire l'expérience de l’incarnation, de la présence en soi-même, le vécu de la dimension sensorielle, etc…pour proposer de vivre des expériences archaïques et régressives positives. Toutes les techniques favorisant le domaine de l’éprouvé sont parfois difficiles à aborder pour elles, mais importantes. Il faut le faire progressivement. Petit à petit, la jeune fille pourra expérimenter le fait de se sentir exister. Le travail de l'incarnation nécessite des thérapies psycho-corporelles adaptées, mais il est aussi possible de proposer des médiations permettant d'éprouver des sensations, de ressentir un corps vivant, bien ancré dans tous ses sens.(voir sentiment d'existence).
Lâcher prise et non faire
En début de thérapie, il est parfois difficile de résister à leur besoin de « gavage » et d’activisme. Il est important de résister à ce désir de faire pour faire, de s'activer pour maigrir, de bouger pour se dépenser, d'être en hyperactivité permanente. Lorsque la détente, le plaisir, émergent, ces expériences sont à souligner, à accompagner. Il est important de ne pas privilégier l'objet comme objectif à atteindre, la réussite technique. La volonté et la maitrise sont souvent au rendez-vous. Les techniques corporelles, la créativité libre, les jeux d'expression sont à privilégier. La découverte du lâcher prise ne se décide pas mais s'éprouve. L'utilisation des matériaux, lorsqu'elle devient ludique, spontanée, sans précision à l'avance de ce qui va être fait, est gage d'une évolution. Le non faire reste à découvrir.
(Se)transformer par l'élaboration psychique
Leur espace intérieur est souvent fait de clichés extérieurs auxquels elles adhèrent où dont elles se défendent. Correspondre à l’image de la "gentille jeune fille aimant ses parents" doit faire la place à leur véritable personnalité. Le risque est grand de confondre leur apparence fragile et leur pugnacité intérieure. Lorsqu’elles qu’elles découvrent la notion d’intimité personnelle, de non intrusion dans leur espace oral par l’équipe soignante (pas de gavage), elles peuvent alors, retrouver leur espace intérieur.
Il est important de rester vigilant par rapport aux situations relationnelles liées à la place à occuper. Ces jeunes filles peuvent, en effet, tenter de rejouer et de faire re-jouer aux thérapeutes, les enjeux familiaux qui ont aboutit à la formation du symptôme. Elles peuvent chercher des "parents" de substitution et ainsi éviter l'expérience de séparation. Toutes les expériences de séparation et de solitude qui seront vécues gagneront à être parlées. Le "je" a t’il pu émerger ? La jeune fille peut-elle s’affirmer ? Peut-elle oser dire non, transgresser et pouvoir mettre des mots dessus ? Peut-elle s’opposer d’une autre façon que de refuser la nourriture? Il y a aussi une évolution possible, lorsque l'expression de l'affectivité, souvent évitée, et lorsque l'expression des sentiments (notamment ceux de tristesse) commencent à apparaître, redeviennent possibles. L’expression de la colère, de l’agressivité sont importantes et à encourager.
L'imaginaire personnel peut se déployer et leur offrir une autre voie d'expression de leurs conflits intra-psychiques (voir élaboration des conflits) que le symptôme. Lorsque le souci esthétique fait place à l'authenticité, au jeu, à la découverte, l'espace intermédiaire des jeunes filles redevient un lieu de passage dedans-dehors métaphorique. C'est à dire qu'il y a une distance possible où peuvent se jouer les éléments psychiques qui ne s'inscrivent plus aussi directement dans le symptôme corporel. Une difficulté à "digérer des choses", à aborder la "masse" de la matière, à "gagner en volume" et en "pesanteur", à affirmer une trace, sont autant de métaphores corporelles, qui se concrétisent dans la matière. Ce sont elles qui vont permettre à la jeune fille de jouer avec ces éléments psychiques devenus langage symbolique et représentations porteuses d'un sens dans son histoire personnelle et familiale. (voir les processus thérapeutiques autour de l'expression et de la symbolisation)